Trois battements

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– Parce que je pense que t'as le potentiel pour rester.

– Ça veut dire quoi ?

– Ça veut dire que je pense que t'as encore des choses à faire.

– Mais j'ai pas envie de les faire.

– D'accord alors.

– D'accord ?

– Je peux pas te forcer à vivre si tu le veux pas.

Je le comprenais pas. Il se contredisait tout le temps. J'arrivais pas à le cerner. Je me demandais quelle était la suite maintenant ? Qu'est-ce-qu'on allait faire une fois qu'on était dans sa voiture.

Je lui ai dit que j'avais froid, alors qu'il a mis son plaid sur le mien, sauf que c'était pas ce que j'attendais. J'espérais qu'il me dise de rentrer à l'intérieur. J'avais envie de dormir dans son lit.

– C'est pas à ça que je pensais...

Il a froncé les sourcils.

– Quoi ? Tu veux que je te fasse un câlin, carrément ? C'est une technique pour te rapprocher de moi ?

– Non, je voudrais juste aller dans ta chambre ! C'est trop demandé ?!

Je me suis mise à lui crier dessus, je savais même pas pourquoi je le faisais. En tout cas, Axel avait l'air étonné par ma réaction légèrement exagérée.

– T'énerves pas... je voulais faire un truc original.

– Être à l'arrière d'une bagnole accidentée, garée dans un garage, c'est pas le truc le plus fun que j'ai fait, tu vois ?

Et sur ce, j'ai enlevé les deux plaids qui étaient sur moi et j'ai ouvert la portière de la voiture pour sortir. Axel a fait de même.

– Tu vas où ?

– Me suicider tranquillement chez moi.

De l'autre côté de la voiture, Axel me regardait sans émotion visible. Son visage était complètement fermé. Il n'avait plus de réaction.

– Comme tu veux.

C'est tout ce qu'il a dit. Il a attendu là, devant la portière de sa voiture. Son attitude était toujours la même et moi j'étais de l'autre côté de la voiture. Je sais pas ce qu'on attendait, mais on attendait. Ça a duré plusieurs minutes je crois. Mais l'alcool faisait que j'avais plus vraiment la notion du temps alors ça a peut-être duré une demie heure comme 30 secondes.

À priori, il attendait que je parte, enfin dans la logique où j'avais dit que je m'en allais. Mais je bougeais pas, lui non plus d'ailleurs.

– Et si on arrêtait de bouger, d'aller d'un endroit à un autre et qu'on se posait sans plus bouger de toute la nuit ?

Non, c'est pas Axel qui avait prononcé cette phrase, mais bien moi. J'avais encore une fois changé d'avis.

– C'est une bonne idée.

On est montés dans sa chambre, pour la deuxième fois de la soirée. J'espérais que cette fois, ce soit la dernière. On était tous les deux allongés dans son lit. La lumière de la chambre était tamisée.

– T'es prêt ?

– Prêt à quoi ?

– À ce qu'on a dit qu'on allait faire.

– Tu veux le faire maintenant ?

– Je crois que je suis prête oui.

– Tu crois, donc t'es pas sûre.

– Non...

J'ai regardé le plafond, ça m'inspirait, même si je voyais plus les étoiles dans le ciel.

– J'ai envie de faire un truc excitant avant de mourir.

Je me suis de nouveau tournée vers Axel.

– Je sais ce que tu veux.

– Et t'en penses quoi ?

– Et Charles alors ?

– Je vais mourir, alors on s'en fout de Charles.

– Tu vas mourir, alors ça sert à rien de faire ça avec moi.

– Ça fait 3 ans que j'ai rien fait.

– Donc tu veux que je sois ta dernière fois ?

– Oui.

– Bah non.

– Alors on dort ?

– C'est ça.

Je me suis retournée et j'ai posé ma tête sur l'oreiller, prête à dormir, à mettre fin à cette soirée vraiment très étrange. J'ai cogité longtemps, trop longtemps. Rien n'avait de sens. On était prêts à dormir alors que je voulais mourir. Tout ce qu'on s'était dit tombait à l'eau, comme si ça n'avait jamais existé.

– Bonne nuit, Lisa.

– Bonne nuit, Axel.

C'est donc ici que nos chemins se séparaient.

J'ai rencontré un mecOù les histoires vivent. Découvrez maintenant