Chapitre 2

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Elle n'avait plus personne. Cécile avait toujours su veiller sur elle et voilà où cela l'avait mené. Comment supporter ne serait-ce que l'idée de n'être plus que seule au monde ? La planète était devenue hostile envers les Phanielliens depuis que le Chaos avait imposé ses lois. Personne n'est plus digne de confiance, à cause de la terreur qu'inspirent les ténèbres. Le massacre terminé et l'armée partie, menée par Flaco, Meriona s'était rendue dans les décombres. En prenant la sacoche qui était restée intacte dans la partie encore debout de sa chambre, elle rassembla ses quelques affaires ainsi que le livre qu'elle avait volé dans la maisonnette. La tête baissée et une épaisse couverture sur les épaules, Meriona était partie, en laissant son passé derrière elle et marchait maintenant vers un horizon qu'elle-même ne connaissait pas.

Ce qu'elle voulait au fond d'elle c'était retrouver le garçon aux yeux verts, pour qu'il lui apprenne à se battre. Il semblait être à la tête d'une petite équipe de guerriers qui avait poursuivi les sbires de Flaco. Cependant, ils étaient sûrement trop loin pour qu'elle puisse les rattraper. Elle se contenta donc d'aller dans la direction qu'ils avaient prise, en respirant de l'air glacé. Elle eut l'impression que quelque chose ou quelqu'un l'observait. Elle avait beau essayer de trouver ce qui l'espionnait à travers les branchages du bosquet mais malheureusement c'était en vain. Elle se concentrait donc sur son souffle qui formait une légère brise dans le ciel bleu afin de ne pas céder à la panique. Le froid parcourait tout son corps, s'insinuant dans son esprit pour qu'elle ne puisse plus penser. Une vive douleur à la tête lui parvint subitement, et elle s'arrêta, les mains plaquées aux tempes. Elle s'effondra sur le sol enneigé, dans l'impossibilité de retrouver ses repères. La neige tombait doucement sur elle et Meriona ne pensait plus qu'aux flocons sur son visage, aux oiseaux qui piaillaient. Elle semblait s'effacer du paysage blanc...

Puis soudain, le froid entrait en elle.

Douleur.

Trou noir.

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Ses paupières s'ouvrirent doucement et un bruit monotone résonna dans la petite pièce humide où elle se trouvait en ce moment. La jeune fille essaya de bouger ses mains mais des lanières en cuir l'en empêchaient. Son regard allait et venait d'un bout à l'autre de la pièce. Elle ressemblait fortement à une salle de guérisseur, avec tous ces livres et papiers éparpillés par dizaines un peu partout. Plusieurs bocaux, contenant des espèces de plantes, étaient disposés de part et d'autre d'une vieille table en chêne.

Soudain, elle entendit deux voix qui semblaient venir dans sa direction et Meriona referma ses paupières sans attendre. Une voix grave résonna dans la pièce, elle semblait s'énerver contre une femme à la voix hautement aigüe. La jeune fille fronça les sourcils, elle connaissait cette première voix. Celle-ci se rapprocha de Meriona et elle sentait sa respiration calme et rassurante sur sa peau. Une lumière apparut comme par magie à travers ses paupières. L'homme se mit à rire sans raison apparente – « serait-il fou ? » pensa la jeune fille – et il enleva une compresse de l'épaule gauche de Meriona. L'endroit que l'homme désinfectait était exactement le même que celui dans la matinée - Ou peut-être était-ce la veille ? Elle se sentait entièrement reposée, elle avait dû dormir bien plus qu'elle ne le pensait. Il semblait désormais clair dans la tête de Meriona qu'il s'agissait de l'homme en tenue blanche.

- Je sais que tu es réveillée, la surprit-il.

- Pourquoi cette piqûre encore ? l'interrogea-t-elle, en ouvrant les yeux brusquement.

Creatures of PhanielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant