4 - Pot de fleur

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J'avais tout faux.

Florent ne me reparla plus de la semaine, à part pour m'envoyer paître.

Tante Esther m'adressait toujours autant d'affection, et moi je m'ennuyai à mourir.

En plus, Florent et moi avions appris que nous ferions nos débuts dans la "High School" du coin dans maintenant, et bien, 3 jours.

Génial.

Vois le côté positif des choses, tu vas enfin pouvoir aller à l'école.

En plus, l'appart' a un jardin.

C'était d'ailleurs là que je me trouvais, à ruminer mes pensées.

Ma vie craint.

Je failli me mettre à rire toute seule.

C'est l'évidence même ! Mon existence n'est qu'une vaste blague...

La semaine passée avait été éprouvante pour mes nerfs. Moi qui n'avait d'ordinaire jamais eu personne, la présence des deux autres changeait déjà radicalement ma vie. Mais tout deux se comportaient comme si j'avais été une plante en pot.

On l'arrose, on lui donne à manger et à boire pour qu'elle ne meure pas, mais elle fait juste partie de la décoration.

Personne n'a jamais parlé à une plante en pot.

Je haussai un sourcil.

Si, il y avait bien CE mec, à l'hôpital, celui qui... Oui, bon.

Même si je n'y laissai rien paraitre, leur attitude me blessait, plus que je ne pensai pouvoir l'être.

C'est comme si j'étais de nouveau invisible.

Le fait qu'Esther parte chaque jour pour aller au travail (un institut de recherche scientifique, qui, vu la gueule de l'appart', payait trèèèès bien), nous laissant, Florent et moi, dans nos chambres respectives, n'arrangeait rien.

Moi, j'essayais de composer, d'écrire, de dessiner, de m'occuper...

Et lui, il pleurait.

Une fois, j'avais passé plus d'une heure derrière sa porte, sans qu'il ne s'arrête.

A ce moment là, je m'étais posée une foule de questions, comme:

Comment Esther vivait elle la mort de sa sœur ?

Mon frère me détestait il vraiment ?

Pourquoi la mort des parents ne m'affectait elle pas autant que lui?

Ma seule réponse :

Je n'en ai aucune idée.

Toute la semaine, j'avais essayé de laisser tomber mon masque d'hostilité, essayé de leur montrer que j'étais quelqu'un de bien.

Mes tentatives me semblaient désespérées.

Alors, c'est ça, une famille.

C'est ça, ma famille.

CobayeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant