- Putain !
Je grogne en retirant la flèche qui vient de me transpercer lépaule. Heureusement pour moi, le tireur est en bien trop mauvais état pour envoyer des coups puissants. La blessure nest que superficielle. Je balance la flèche dans un buisson et pousse un nouveau juron en tâtant ma peau. Des morceaux de bois sont restés coincés dans la plaie et une tâche de sang commence déjà à se former sur ma tunique toute neuve.
Je nai pas le temps de les retirer maintenant, jai un homme à achever. Jai réussi à suffisamment lamocher avant quil ne parvienne à méchapper pour quil ne puisse pas senfuir trop loin.
Le plus dur est fait, mais je dois tout de même rester vigilante. Une seule erreur de ma part pourrait lui permettre de renverser la situation et de reprendre le dessus. Je repousse la douleur de mon épaule dans un coin de mon esprit et me concentre sur les bruits aux alentours.
Les premiers sons qui parviennent à mes oreilles sont ceux habituels de la forêt. Jentends les oiseaux gazouiller, le craquement dune branche au loin quand une biche marche dessus.
Peut importe quune chasse à lhomme soit actuellement en cours au cur de leur forêt, les animaux poursuivent leur vie sans sen soucier. Je prendrais volontiers le temps de mémerveiller sur les beautés de la nature si je nétais pas pressée par le temps. Je tends donc à nouveau les oreilles, la peur quil ai peut-être réussi à me fausser compagnie sinsinuant dans mon esprit. Si cet homme parvient à quitter cette forêt vivant je suis fichue.
Enfin, après quelques secondes de silence, je discerne le bruit des buissons à travers lesquels on essaie de se frayer discrètement un chemin, de lherbe se faisant piétiner et une respiration sifflante quon tente de maîtriser. Comme prévu, le fuyard nest pas parti bien loin.
Je pousse un soupir de soulagement. Je meurs de chaud, malgré les arbres qui cachent une partie du soleil qui tape particulièrement fort en ce début dété. Jai chaud, jai soif et jai désespérément besoin den finir au plus vite avec cet homme.
- Tu ne pourras pas tenfuir éternellement ! Je commence, assez fort pour quil puisse mentendre clairement.
Je nentends plus le bruit de ses pas. Ils sest arrêté et jai désormais toute son attention. Je tente de le retrouver avec la vue plutôt que louïe, mais il mest impossible de discerner quelque chose derrière la densité végétale de la forêt.
- Tu va finir par te vider de ton sang et mourir avant même que je ne te tues moi-même ! Je reprend dans lespoir de le faire parler. Rejoins moi sagement et je te promet dabréger rapidement tes souffrances.
- Il est hors de question que je te laisse mattraper, Kalea ! Ce nest pas dans mes plans de me faire tuer par un mercenaire, et encore moins une femme !
Jesquisse un sourire en entendant sa réplique. Cet homme dont je ne me souviens même plus du nom semble déjà connaître le mien.
Il ma fallu du temps pour me forger une réputation dans ce milieu de mercenaires débordants de testostérone et convaincus de leur supériorité sur les femmes. Désormais, mon nom a enfin leffet que je voulais quil provoque à son entente. Il impose à la fois peur et méfiance mais surtout une sorte de respect de la part de mes collègues qui évitent dorénavant de me chercher des noises.
Malheureusement pour cet homme, son égo typiquement masculin vient de le trahir. Je devine exactement où il se trouve sans même le voir.
- Je ne savais pas quil y avait autant de misogynes dans les environs, je continue pour détourner son attention tandis que je me rapproche discrètement. Dommage, la plupart dentre eux ne sont plus de ce monde pour répandre leur bêtise.
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KALEA
RomanceÀ 19 ans seulement, Kalea est la meilleure assassineuse d'Harbor. Princesse déchue, elle n'a désormais de royal que les souvenirs des neuf premières années de sa vie passés aux côtés de la famille royale d'Havenfield. Le roi, la reine et leur fi...