Difficile mais pas impossible [HEESEUNG]

I

Il faisait froid, environ 3°C.

Lia n'aime pas le froid. Elle n'aime pas devoir sortir avec des gants dans lesquels elle ne peut pas bouger ses doigts, des bottes spéciales trouvées en friperie, très peu à la mode, pour éviter de glisser et de se casser la figure ainsi qu'avec des écharpes qui font trois fois sa taille, car oui, Lia n'est pas très grande. Elle mesure 1m64 pour être précise.

Elle passait par ce chemin, comme tous les matins depuis maintenant 2 ans. Les arbres, dénudés en cette saison, qui longent la longue route à sens unique, les quelques chats, rares en ce moment vous vous en doutez, les pavillons tous plus parfaits les uns que les autres, cela angoissait presque Lia. Mais non, elle ne faisait pas de crises de panique pour des raisons aussi absurdes. Elle en faisait seulement quand elle se sentait en danger, comme quand on lui rend un contrôle, ou encore quand elle était stressée, c'est-à-dire 95% du temps. Mais en grande majorité, c'est quand il y avait du monde. Elle ne supporte pas cette oppression constante. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle ne va jamais dans les centres commerciaux, au cinéma ou encore à ces activités auxquelles les jeunes de son âge raffolent.

Elle est plutôt studieuse, mais loin d'être une intello. Elle apprécie juste beaucoup les matières littéraires telles que l'histoire, les langues vivantes ou encore l'art. En revanche, elle déteste les sciences. Elle se pose régulièrement la question "comment les gens font pour aimer la physique ou les maths?" La seule matière scientifique qui pouvait l'intéresser est la SVT ou la biologie, comme vous voulez. Cette matière consiste juste à apprendre bêtement un schéma et à le recracher sur la copie, ou encore à comprendre à la va-vite le chapitre. Prenez comme exemple la reproduction sexuelle. Rien de bien compliqué. Tout le monde sait comment se font les enfants, surtout à son âge. Les garçons sont plutôt pervers, voire obsédés, ne pensant qu'à la prochaine fille qu'ils verraient dans leur lit.

À l'entendre, on pourrait croire que Lia a la haine contre les hommes, comme beaucoup de femmes aujourd'hui, mais à votre surprise, non. Elle n'était pas dans ce mouvement "anti amour" ou encore "anti race masculine", "anti être humain ayant une quelconque chose entre les jambes". Lia n'a juste aucune expérience en ce qui concerne l'amour. Certes, elle a déjà vécu des amourettes, mais seulement en primaire. Elle pense que ça n'en vaut juste pas la peine, que c'est une perte de temps et d'argent. C'est vrai quoi, les cadeaux pour la Saint-Valentin, l'anniversaire de l'autre, Noël... Lia n'est pas radine ou égoïste, elle pense juste à comment bien dépenser son peu d'argent. Son type idéal? Elle n'y a jamais songé et n'avait pas la tête à ça, surtout en cette période d'examen.

C'est alors qu'elle arrive devant sa classe à 8 heures du matin et elle est obligée d'aller en physique. Rien de pire pour commencer une matinée, surtout un lundi. Elle n'avait rien fait ce weekend, du moins elle n'avait pas vraiment révisé, trop occupée à discuter avec Hana par message à propos du nouveau gars qu'elle avait rencontré. Contrairement à Lia, Hana avait beaucoup d'expérience en matière d'amour et même peut-être de sexe. Elle ignorait si son amie était vierge ou non, mais bien sûr, cela ne la regardait pas.

La sonnerie la tira de ses pensées, presque obscène car elle venait d'imaginer son amie en train de faire des choses non tolérées dans l'enceinte de l'établissement avec un garçon dont elle ne connaissait même pas l'apparence ni à peine le nom.

La jeune fille sortit son manuel. Rien qu'en le feuilletant, elle eut mal à la tête. Les masses nucléaires, les atomes ainsi que quelques rappels de ses années lycée la faisaient presque s'évanouir. Certes, elle était dans un établissement spécialisé dans l'histoire de l'art, mais le conseil de l'éducation avait décidé qu'il serait intéressant de garder quelques "bases" des sciences au programme. Quelle drôle de blague, se dit-elle.

Il est maintenant midi et la matinée a été très lente, pense-t-elle. Elle va rejoindre Hana qui l'attend au point de rendez-vous habituel : la table sous l'escalier qui donne sur l'intérieur de la cour. Certains trouvent cet endroit glauque, d'autres intrigant. Lia le trouve calme et isolé de tout bruit, puisque personne n'ose s'en approcher, et cela lui convient très bien.

Ces derniers temps, Lia est très stressée car ses examens approchent. Cela déterminera si elle a son année ou non, et ce stress est perceptible à des kilomètres par Hana.

"Tu devrais arrêter de trop t'en préoccuper, tu travailles beaucoup, peut-être même plus que nécessaire. C'est sûr que tu réussiras", essaye de rassurer son amie.

Certes, elle n'a pas tort. Lia travaille nuit et jour pour cet examen. Elle n'a pas beaucoup confiance en ses capacités, mais ces mots lui redonneraient presque espoir.