III

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Elle franchit la porte qui mène à sa classe d'art et, à sa grande surprise, Hana est là, adossée au mur en train de discuter avec un garçon de sa classe. Lia est étonnée de la voir ici à cette heure, alors qu'Hana aurait probablement préféré rester dormir chez elle, étant donné qu'elle ne commence qu'à 10 heures le mardi.

« Ton cours d'art a été décalé à ce matin ? » lui demande-t-elle alors.

Hana nie d'un mouvement de tête. Toute contente, un peu trop même, elle se rapproche dangereusement de Lia, qui est debout comme un piquet. Arrivée en face d'elle, elle lève les bras à la hauteur des épaules de Lia et pose ses mains dessus.

« T'es dispo le 27 ? »

Lia la regarde d'un air interrogatif. Le 27 ? 27 janvier ? Dans deux semaines ?

À vrai dire, Lia est tout le temps disponible puisqu'à part étudier, elle ne fait rien de sa vie.

« Oui, je le suis. Mais pourquoi faire ? » demande-t-elle. Venir à 8 heures du matin pour demander à sa meilleure amie si elle est disponible dans 14 jours, cela n'a rien de normal.

Hana se mit alors à sauter de joie et presque à crier. Elle tournait en rond dans la classe tout en sautillant pour montrer son excitation. Elle ne l'avait rarement vue comme ça, surtout un mardi matin. Lia pensa alors qu'elle allait sûrement l'inviter chez elle, encore. Elles cuisineraient des muffins fourrés et se feraient des tisanes pendant qu'Hana parlerait la bouche pleine de ses dernières histoires d'amour.

Le professeur rentra alors soudainement dans la salle, ce qui calma directement Hana, qui ne tarda pas à sortir de la classe.

La pause de midi passa et, contre toute attente, Hana n'était pas là. Pourtant, elle ne sautait jamais les repas et ne laissait encore moins son amie seule à cette table isolée. Hana adorait manger, c'était sûrement son passe-temps favori. Quand elle était triste, elle mangeait. En colère? Elle mangeait. Comme si la nourriture était la clé de tous ses problèmes. Ce qui énervait le plus Lia, c'est que son amie ne prenait aucun gramme. Elle pouvait manger autant de cochonneries qu'elle le souhaitait, elle ne prendrait jamais rien. Lia n'était jamais jalouse, sauf quand il s'agissait d'Hana. Elle n'étudiait pas vraiment, du moins pas autant que Lia, mais avait tout aussi de bonnes notes. Elle mangeait comme une affamée n'importe quand et ne prenait pas un kilo. Elle était sociable et belle, la fille parfaite. Il y avait de quoi l'envier.

Même si elle sait que la jalousie n'est pas une qualité attractive, elle ne peut s'empêcher d'en ressentir. Pourtant, Lia est incroyablement belle, bien plus qu'elle ne le réalise. Malgré cela, elle a été évitée par beaucoup à cause de son regard intimidant.

C'est juste qu'on osait pas vraiment l'approcher les années précédentes a cause de son regard. Il en faisait trembler plus d'un. Un seul mouvement d'œil, un seul contact avec le regard de quelqu'un d'autre et il n'y avait plus personne. Ses yeux marrons, en apparence ordinaires, sont en fait une arme redoutable. Ses cils impeccables et ses pupilles perçantes en font une force à ne pas sous-estimer. Lia se sent en sécurité grâce à ce regard, car personne n'ose s'approcher d'elle par peur de son pouvoir. Cependant, son regard naturel lui cause parfois des problèmes, comme la solitude ou des conflits. Elle se rappelle donc que l'on ne peut jamais plaire à tout le monde, peu importe notre apparence ou notre comportement. C'est ce quelle a appris ces dernières années.
Bref, hana n'est pas la.

Lia retire son repas qu'elle va manger seule, une simple salade avec une vinaigrette légère car elle n'a pas eu le temps de préparer quelque chose de plus élaboré. Elle se demande où se trouve sa meilleure amie, qui ne manque jamais l'occasion de passer un moment en sa compagnie. Bien qu'elle puisse paraître méchante à première vue, ceux qui la connaissent vraiment savent à quel point elle a pu se sentir seule par le passé et combien elle est heureuse aujourd'hui d'avoir des gens avec qui parler, en dehors de sa mère. Elle garde habituellement ses émotions pour elle-même. Cependant, lorsqu'elle est triste, cela se manifeste généralement pendant sa période menstruelle. Durant cette semaine, elle se sent complètement impuissante, incapable de travailler et de dormir à cause des douleurs. Elle perd également l'appétit et ne pense qu'à se recroqueviller dans son lit et à se poser des questions sur elle-même. 

"Mais bon, ainsi va la vie." C'est sur cette pensée que Lia termine son repas juste avant de recevoir un appel de "Hana avec un H". Bien que ce nom semble absurde, Hana s'était elle-même renommée ainsi dans le téléphone de Lia car cette dernière ne savait jamais comment écrire son nom. Désormais, c'est probablement le nom qu'elle voit et écrit le plus souvent.

Difficile mais pas impossible [HEESEUNG]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant