3. air d'été

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deux mois plus tard
juillet

j'en ai honnêtement marre de ce taf. pendant que mia se la coule douce en éthiopie, moi je vends des casquettes "i love new york" à des touristes. alors qu'on est même pas à new york, purée.

- c'est bon tu peux aller en pause, me lance johanna, j'prends l'relais.

je retire ma casquette et rejoins les vestiaires. j'attrape mon tote bag et mon casque, et sors de la boutique.

j'vais aller me prendre une glace et me poser dans un coin à l'ombre, il fait une chaleur infernale aujourd'hui, c'est fou.

je lance freaking out the neighbourhood et le sourire me revient peu à peu. malgré la chaleur et les touristes l'été reste ma saison préférée. largement.

la mer, les enfants qui rigolent, les cigales. et cette chanson s'accorde parfaitement au mood.

j'aurais dû ramener mon skate avec moi, j'aurais slalomé au rythme de la musique.

après avoir dégusté ma glace à la menthe et avoir discuté avec une mamie sur un banc à l'ombre, je rejoins johanna dans la boutique, de bien meilleure humeur.

elle me regarde souriante.

- et ben, elle tire plus la tronche notre petite agape.

je rigole.

- j'étais en overdose de clients là, mais là ça va mieux.

- cool. bah t'sais quoi ce soir j'organise un barbec' avec mes potes au bord de la plage, tu peux venir si tu veux.

je souris.

- carrément.

c'est pas comme si j'avais bien mieux à faire toute façon.

•••••

franchement, si je représente pas le cliché de la meuf noire en été, on ment. colo brune tressée en des cornrows avec des perles au bout. il y a pas plus "meuf noire en été" que ça.

j'ai mis une longue robe blanche style bohème, des sandales de la même couleur et des bijoux dorés.

niveau makeup j'me suis pas trop foulée : mascara, un peu de blush et baume à lèvres.

par contre je vais sentir bonbon là, j'ai mit la nouvelle crème de ma mère, elle sent divinement bon.

je reconnais les vanilles de johanna au loin, je la rejoins rapidement, souriante.

- ça va ? elle sourit en me prenant dans ses bras, avant de me regarder. mais wow madame, on a dit barbec' pas mariage.

je me regarde en riant, légèrement nerveuse.

- arrête. ça fait trop ? au contraire j'me disais bord de plage et tout...

- mais non j'te taquine, t'es parfaite. allez vient, les autres sont déjà posés.

je la suis alors qu'on marche le long du trottoir faisant face à la mer. ce que j'aime spécialement en été c'est ça, cet exact moment.

vingt heures - vingt heures trente, il fait plus trop chaud, petit air frais, coucher du soleil, musique des gens qui passent en voiture ou provenant des balcons. je kiffe.

l'odeur de la viande grillée et du charbon brûlé atteint mes narines, et mon sourire s'élargit.

on descend les petits escaliers afin d'atteindre le sable, je me place derrière johanna, pendant qu'elle tape des mains.

- un peu d'attention s'il vous plaît on a une invitée ! les gars, je vous présente agape. pas agapé attention, mais agape.

je souris timidement en bougeant ma main.

- salut.

ils me saluent chacun leur tour. un asiat' aux airs de surfeur australien, une polynésienne au sourire adorable, un maghrébin gigantesque, et enfin...

et enfin non rien du tout là. c'est une vaste, énorme blague.

énorme.

- oh, l'interdite bancaire, ça dit quoi ?

allure de ficello, afro brun, sourcil taillé et grand sourire.

- theo.

si je pouvais chialer là je le ferais, sans aucun doute.

𝐚𝐠𝐚' 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐚𝐠𝐚𝐩𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant