1. le mec au pin's new york

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vous savez ces trucs idiots que vous accrochez à vos sacs d'école, ou de courses, ou encore à vos sacs de sport et que vous verrouillez avec le truc pour verrouiller vos boucles d'oreilles ? bah voilà, c'est ça que le mec assis dans le bus face à moi avait accroché à sa sacoche. un "i love ny" gigantesque, à la vue de tous.

à sa sacoche, genre, les sacoches des mecs qui font genre d'avoir des trucs méga illicites à l'intérieur alors que c'est juste un paquet de chewing-gum et quelques mouchoirs. ce genre de sacoche.

je pense que c'est ça qui a attiré mon attention depuis son arrivée dans le bus. de base c'est les mecs style soft boy, style tote bag ou si vous préférez style "j'ai pleins de vinyles chez moi et une guitare électrique" qui accrochent ce genre de trucs idiots à leurs sacs. mais lui n'a rien à avoir avec ce que je viens de décrire.

il porte en ensemble nike tech noir, des tn entre-ouvertes noires, d'où on peut d'ailleurs voir dépasser ses longues chaussettes blanches, et sa sacoche, du coup.

mes sourcils se froncent involontairement.

quel mélange curieux.

mon regard se lève vers le sien, qui me fixait, sourcils légèrement froncés.

- qu'est-ce t'as ? il me sort avec un léger accent sudiste. mais pas trop, genre nice ou antibes.

je défronce mes sourcils.

- rien.

je détourne mon regard vers la fenêtre et lance freaking out the neighbourhood de mac demarco.

•••••

on rejoint la queue du petit camion de snacks face à la fac.

- j'pense que je vais sécher ce cours meuf, dit mia en allumant sa clope, il était grave chiant.

je détourne légèrement mon visage en vue de la fumée qu'elle risque d'expulser sur moi. ça a jamais été mon plus grand rêve de devenir fumeuse passive.

- ouais j'suis d'accord. mais bon je pense quand même venir, il y a pas tout sur les diapos.

elle hausse légèrement les épaules.

- mouais, m'en fous. vu le cours j'pense que les partiels seront easy.

mia s'en fout un peu de la fac. elle s'en fout un peu de tout en vérité.

sa santé, sa relation terrible avec son mec, sa dent de sagesse qu'elle doit se faire arracher depuis plus de six mois qui risque de lui provoquer des douleurs terribles. elle s'en fout de tout.

mais j'crois que je l'admire un peu pour ça. j'suis pas non plus du genre stressée, mais les choses m'importent, et j'essaie de faire attention un peu à tout c'que je fais, et j'entreprends.

je veux m'assurer de pas regretter plus tard, ou de me sentir mal.

par exemple l'épisode de ce matin dans le bus, avec le mec à la sacoche, ça je regrette. et j'me sens mal. je pensais être libérée de tous clichés et préjugés, mais vraisemblablement j'suis une merde.

- à toi meuf, tu prends quoi ?

je lève subitement mon regard vers mia, qui avait elle le sien tourné vers le mec qui prends les commandes.

je me tourne vers lui.

- club thon s'il vous plait, avec une fuze tea pêche. désolée.

il lance la commande aux cuisiniers, sort la cannette du frigo et me la tend.

- carte ou espèces ?

- carte s'il vous plaît, je dis tout en sortant mon portefeuille après avoir récupéré la cannette.

je sors ma carte et la dépose sur le machin.

je la range dans mon portefeuille alors que le mec tourne le machin vers moi.

- payement refusé, vous voulez réessayer ?

je le regarde légèrement surprise.

putain, ça pue déjà la merde.

- ah merde désolée. euh attendez, je dois avoir des espèces...

- sinon j'te paye, me sort mia.

- non, non t'inquiètes, je secoue ma main tout en souriant, giga mal à l'aise, ça doit être mon plafond, je fais en fouillant le fond de mon sac, c'est pareil tous les mois...

- ma reuss tu t'bouges ?

j'arrête ma recherche effrénée.

j'suis pas folle ?

je tourne rapidement mon regard vers le mec derrière moi, main encore au fond de mon sac.

j'suis pas folle.

afro brun, sourcil taillé et regard désinvolte.

le mec au pin's new york.

- je...

- t'as pas d'thunes tu décales, on a pas qu'ça à foutre.

je fronce mes sourcils.
mais il parle trop mal.

- j'en ai. je cherche juste, tu peux attendre ou c'est trop t'demander ?

- c'est trop m'demander. décale cousine.

hein ?! il est fou c'mec.

- c'est bon agape j't'ai payé, dit mia en me tendant le ticket, viens on décale. il y a des nerveux dans la file apparement.

elle me tire vers le côté alors que je continue de le fixer, sourcil froncés.

il me fixe aussi, m'affichant une grimace, avant de me balancer un "qu'est-ce t'as ?" silencieux.

j'écarquille les yeux.

c'est quoi son putain de problème.

𝐚𝐠𝐚' 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐚𝐠𝐚𝐩𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant