tranché

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Imaginez être un jeune homme , à peine âgé de 18 ans, l'esprit rempli d'innocence et gavé de propagande sur l'avenir et les victoires éclatantes de votre nation. Évidemment, vous rejoignez l'armée, empli d'allégresse, sans réaliser l'horreur que vous êtes sur le point de vivre. À votre arrivée dans ce qui sera votre foyer désormais, les tranchées, le sol boueux, vos camarades plus âgés ont le visage froid et l'expression vide. On vous donne une position à tenir en face de vous, un véritable no man's land, un endroit qui vous sépare des tranchées ennemies. La boue se mélange au sang, au corps des deux camps, en décomposition, grignotés par les rats. L'envie de partir se fait forte, mais vous savez que si vous désertez, ce sera l'exécution sans procès. Les heures passent sous un soleil cuisant, un casque de plomb sur le crâne. La nuit arrive alors que vous êtes épuisé. Une puissante déflagration souffle un segment de votre tranchée, les corps de vos camarades sont déchiquetés par l'obus. L'ordre est donné de courir pour prendre les tranchées ennemies avec les autres. Vous courez sur cette terre de mort, les mitrailleuses tranchent littéralement les corps. Avec une chance insolente, vous parvenez à entrer dans la tranchée ennemie, tuez un homme, puis deux. Le combat devient une mêlée générale, à coup de pelle, coup de crosse. Le sang gicle sur votre uniforme, alors que votre couteau s'enfonce à répétition. À bout de souffle, choqué de votre acte, la terreur vous noue la gorge et brise votre esprit. L'homme que vous venez de tuer à l'instant est un jeune homme, sûrement du même âge que vous. Il était comme vous, voilà l'horreur de la guerre. Aucun gagnant, juste des esprits brisés et des gens traumatisés.

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