🔥Top of Manji !🔥[Mikey x OC]

1 - Nanaka

Nanaka enfila ses chaussures à la hâte et elle sortit de son appartement en courant.

– Je suis en retard ! S'écria-t-elle.

Arrivée dans le couloir, elle appuya frénétiquement sur le bouton de l'ascenseur et, comme il n'arrivait pas assez vite, elle se précipita dans les escaliers.

Elle les descendit quatre à quatre, malgré son tailleur qui la gênait, et partit vers la gare sans ralentir l'allure.

Elle réussit à se jeter dans le wagon avant que les portes se referment et elle dut se pencher en avant, les mains sur les genoux, pour reprendre son souffle.

Lorsqu'elle releva la tête, elle vit qu'une femme âgée lui lançait un regard réprobateur. Elle n'appréciait sans doute pas de voir une jeune femme se comporter de manière aussi remuante.

Après s'être assurée que personne ne la regardait, Nanaka lui fit une grimace. Puis elle alla s'installer dans le wagon voisin.

Aujourd'hui, elle commençait à son nouveau poste. Cela faisait plus de six mois qu'elle harcelait son chef de service pour obtenir cette promotion et enfin, il avait cédé. Nanaka était tellement excitée qu'elle n'avait pas réussi à trouver le sommeil la veille. Elle avait fini par s'endormir une heure avant que son réveil sonne et, bien évidemment, elle ne l'avait pas entendu.

Elle leva la tête et rectifia rapidement son maquillage dans la vitre de séparation. La femme dans l'autre wagon lui jeta de nouveau un regard et Nanaka loucha à travers la vitre, s'attirant un hoquet scandalisé.

Je me fiche de ce que tu penses espèce de vieille bique, se dit-elle, aujourd'hui ma carrière de journaliste commence pour de bon !

Nanaka avait commencé à travailler à la NHK, la plus grande chaîne de télévision japonaise, en sortant de l'école de journalisme. Mais jusqu'à aujourd'hui, elle ne s'était vu confier que des reportages de seconde zone ou des missions sans intérêt. Elle, ce qu'elle voulait c'était travailler dans le journalisme politique ! Interviewer les plus grands hommes et les pousser dans leurs derniers retranchements grâce à ses questions aiguisées !

Et je vais enfin pouvoir faire mes débuts !

Tandis que le train roulait en direction du sud de Shibuya et des locaux de la NHK, dans le quartier d'Udagawacho, Nanaka se demandait qui allait être la première personne qu'on allait lui demander d'interviewer.

Un ministre ? Un grand chef d'entreprise ? Non, peut-être pas quand même, mais un chef de parti politique ou un expert de renom c'est possible,non ?

Elle avait hâte de commencer sa journée.

Son téléphone vibra dans la poche de son sac et elle le sortit pour regarder l'écran. C'était un sms d'encouragement de sa sœur, Riko. Toutes les deux étaient jumelles et, encore aujourd'hui, il n'y avait que leur mère qui soit capable de les différencier à coup sûr.

Nanaka tapota une réponse, puis elle rangea l'appareil, le sourire toujours aux lèvres.

Lorsqu'elle descendit du train, elle avait retrouvé toute sa vivacité et elle se dirigea vers l'Amway Plaza Tokyo, le building qui abritait les locaux de la NHK, d'un pas rapide.

En arrivant devant la porte du bureau du personnel, elle inspira, afficha une expression avenante et frappa.

– Bonjour, monsieur Nakama, dit-elle une fois qu'on l'eut invité à entrer. Me voilà comme convenu !

Elle avait du mal à mettre un frein à son enthousiasme.

– Ah, Tadano san, dit le chef du personnel. Je vous attendais justement...

Il désigna un coin de la pièce du menton et Nanaka regarda le divan qui se trouvait derrière la porte. Un homme aux cheveux longs et au veston entrouvert y était assis. Il lui sourit.

– Tachibana ? Dit-elle. Qu'est-ce que tu fais là ?

Naoto Tachibana était un de ses anciens condisciples de l'école de journalisme. Tous les deux avaient suivi les mêmes cours ces trois dernières années et ils avaient été embauchés en même temps.

– Tachibana, reprit le chef du personnel, a décidé de nous quitter. Il a remis sa démission il y a quelques jours et il a été décidé que tu reprendrais son poste. Monsieur Tachibana a gentiment accepté de venir aujourd'hui pour te montrer les locaux et te guider dans les dossiers qu'il va te laisser.

Nanaka ouvrit des yeux stupéfaits. Ça n'était pas ce qui était convenu. Naoto avait été embauché comme elle quelques mois plus tôt et, de ce qu'elle savait, il n'était qu'un sous-fifre du service sportif.

Elle ramena son attention sur le chef du personnel.

– Non, non, non... Dit-elle. Il n'a jamais été question de ça. Il était question d'une promotion.

L'homme derrière son bureau releva les yeux.

– Mais c'est une promotion Tadano, lui dit-il. Il ne sera plus question pour vous de boucher les trous des services en manque d'effectif. Vous allez avoir votre propre poste. Toutes mes félicitations !

En sortant, Nanaka se retint de claquer la porte à la volée. Plus loin dans le couloir, Naoto lui adressa un sourire navré.

– Désolé Tadano, dit-il. Je ne pensais pas que ce serait à toi qu'ils le demanderaient.

Nanaka le foudroya du regard et il préféra se taire. Elle le rejoignit à grands pas furieux.

– Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Dit-elle. Pourquoi tu démissionnes, toi ?

– J'ai toujours voulu devenir journaliste indépendant, dit-il, et comme ça fait un moment que mon poste ne me satisfait pas, j'ai décidé de me lancer.

– Et de me laisser ton poste peu satisfaisant sur les bras ! Lui dit-elle en lui martelant la poitrine du doigt.

– Oui, là, j'avoue, c'est pas de bol. Mais vois ça comme un coup de chance...

– Je ne vois pas comment je pourrais faire ça !

Elle était en train de grincer des dents.

Ma merveilleuse promotion s'est envolée ! Je me suis faite avoir sur toute la ligne !

Elle était écœurée.

– Oui, reprit Naoto, après tout ça n'est qu'un échelon supplémentaire vers la gloire. Si tu leur montres de quoi tu es capable comme journaliste sportive, ils te confieront vite des missions plus importantes !

– N'essaie pas de me brosser dans le sens du poil Tachibana, parce que là je suis à deux doigts de t'en coller une !

Naoto fit prudemment un pas en arrière.

– Bon, dit-il, on y va ? Je vais te montrer ton bureau. Tu vas voir, tes nouveaux collègues sont sympas.