Lettre X

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Ce matin, j'ai bouclé ma dernière valise. Je m'en vais chez Geneviève, c'est officiel ! Tu vas probablement me prendre pour une gamine mais je n'en ai presque pas dormi de la nuit. Je n'ai pas arrêter de cogiter et de me poser des questions. 

D'un côté, j'ai peur que Geneviève me voie dans des états pas possibles. De l'autre, je suis juste impatiente. Je ne vais plus vivre seule, tu te rends compte Tom ? Je sais que cela ne va pas régler tous mes problèmes mais si tu savais à quel point ça me met dans un meilleur état d'esprit. J'ai envie de continuer comme ça. Je sens que je suis sur le bon chemin.

Depuis que tu es parti, j'ai remarqué qu'il y a très peu de moments où la boule qui me tord le ventre disparaît. C'est comme si j'étais en permanence avec une entité malveillante dont je n'arrive pas à me débarrasser. 

Ces derniers jours, par moments, je me suis sentie normale. J'ai eu l'impression de me retrouver. C'est comme mon mal être s'était évaporé un instant, juste assez pour que j'ai le temps de sortir la tête de l'eau. Tu ne peux pas t'imaginer à quel point cela m'a fait du bien de sentir que j'étais encore capable d'être normale. J'avais tellement peur de ne jamais pouvoir retrouver la moi d'avant. 

Tout à l'heure, avant de me préparer à manger, j'ai essayé d'aller prendre le courrier. En me retrouvant face à la boîte-aux lettres, j'ai vu qu'un de tes magazines dépassait du clapet. J'ai hésité pendant plusieurs longues minutes mais je n'ai finalement pas eu le courage de l'ouvrir.  

Je suis consciente que depuis le début de ma thérapie, il y a des points sur lesquels je progresse et d'autres sur lesquels je stagne. Le courrier fait partie de la deuxième catégorie et tant pis. Je n'ai pas l'énergie d'être sur tous les fronts en même temps. Je préfère me mettre dans un état d'esprit où je suis honnête avec moi-même et je ne me force pas. Si tu étais là, je sais que tu dirais que je suis une chochotte et qu'il faut arrêter de faire du cinéma mais ce n'est pas vrai. Je suis convaincue qu'en démêlant mes problèmes un à un, je m'en sortirai. 

D'ailleurs, l'enquêteur a téléphoné ce matin. Il m'a expliqué qu'une jeune femme qui travaille à Paris t'avait reconnu grâce au portrait qui a été diffusé. Elle dit travailler en tant que réceptionniste et confirme t'avoir vu au George V quelques jours avant ton agression. Je ne suis pas vraiment surprise, je sais que tu avais pour habitude d'y voir ton client. Je pense que je vais essayer de le contacter d'ici la semaine prochaine pour lui poser des questions. 

Je suis désolée mon amour mais je ne vais pas avoir le temps de t'écrire plus. Geneviève vient me chercher dans dix minutes et je dois finir de me préparer. Je pense fort à toi en tout cas. Je t'aime.

NadiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant