Chapitre 2 - Nouvelle ère

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La salle du trône est vide et lugubre. Les ténèbres et le silence l'ensevelissent et la noient lentement. Les lourdes portes sculptées ne s'ouvrent plus. Il est seul. Seul au sommet, au pouvoir. Enfermé dans cette pièce qui va devenir son cauchemar, sa torture. Seul avec Lui. Enfermé en lui-même, impuissant... Pourquoi lui permet-il de voir ? Pourquoi laisser ainsi accès à la vision et à l'extérieur après s'être donné tant de mal pour l'enterrer vivant dans son propre corps ?

Allons, allons, ne sois pas impatient comme cela, voyons. Je t'avais promis que nous réglerions nos comptes, tu te souviens ? J'ai une surprise pour toi, mon petit...

Il frémit... Cette voix qui suinte la cruauté le terrifie. Il connaît à présent sa noirceur et l'étendue de sa malveillance. Mais il ne peut rien faire, il ne peut que voir. Il assiste muet, paralysé, au spectacle...

Les portes s'ouvrent dans un grincement qu'il juge sinistre et des pas retentissent. L'éclat d'une armure d'or annonce l'un des douze, accompagné de gardes. Le casque aux longues cornes et l'éclat farouche d'yeux sombres lui chavirent le cœur. Non ! Il n'est qu'un enfant ! Comment peut-on faire subir cela à un être si jeune ? Maudit, maudit !

Le rire grinçant retentit dans son esprit. Leur esprit ? Il ne sait plus... Shura s'agenouille dans un ample mouvement de cape, dévoilant les quatre gardes derrière lui. Ils portent quelque chose... On dirait un corps...

Un battement de cœur se précipite puis l'organe revient à la normale. Des boucles brunes souillées de poussière et de sang... La gorge se serre à faire mal puis se dénoue. Les yeux de jade sont clos... Les yeux brûlent mais restent secs. Le visage qu'il a tant admiré est paisible, endormi par la mort... Et le cri intérieur de souffrance déchire ce qu'il reste de lui et fragmente encore un peu plus son esprit. Mais aucun son ne sort de la bouche qui, sous le masque de métal, s'arque avec volupté. Il n'est même pas maître de son chagrin...

« Je te félicite, Chevalier du Capricorne, tu as accompli ta mission et bien servi le Grand Pope et la gloire d'Athéna.

- Merci Votre Majesté. »

Les yeux de Shura restent secs mais ils sont rougis. Il a dû pleurer... Ce n'est qu'un enfant et Aiolos est son héros... Comment a-t-il pu lui faire ça ?

Était son héros... Le bel Aiolos est mort, mon ange. Mais je vais m'occuper de sa sépulture et de sa mémoire, ne t'inquiète pas.

Il voudrait fermer les yeux. Ne plus voir et ne plus entendre cette voix cruelle qui susurre tant d'horreurs avec douceur et jouissance...

Eh bien, mon joli, où est passée ta combativité ? Je croyais que tu devais lutter pied à pied et réparer tes fautes ? Déjà fini ? Tu n'as que cela dans le ventre ? Quelle déception... Allons, tant pis, je me serai bien amusé... Allez, le coup de grâce.

« Chevalier du Capricorne, tu iras jeter la dépouille dans le défilé Phlégréen. Les traîtres ont la tombe qu'ils méritent ! »

NON ! Ce n'est pas possible ! Il ne peut pas laisser faire cela !

Shura a un haut le corps et se redresse à demi, visiblement épouvanté. Les gardes frémissent et semblent se tasser imperceptiblement sur eux-mêmes.

« Majesté... Je pense que... »

Le pauvre Shura n'a pas le temps de finir sa phrase. Horrifié, il le sent puiser dans ses forces, dans cette puissance qui le révulse à présent et qu'il voudrait n'avoir jamais possédée. La salve d'énergie est bestiale et projette le chevalier agenouillé à plusieurs mètres.

I Pano Volta / Ascension - Saint SeiyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant