Chapitre 16

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- *Bam* !
- Debout paresseux. Scanda Mme. Maître depuis le bas étage. Tu ne te rends pas au travail aujourd’hui ? Ajouta t-elle quand elle monta et le vit enfoui sous ses draps.
Mr. Maître mit un moment à assimiler la réalité. Il faisait un drôle de rêve où il était question de vieille mégère le jetant aux oubliettes.
Il se passa la main dans les yeux. Non. Il n’allait pas au boulot aujourd’hui .
- Tu sembles de bonne humeur, ce matin. Ricana t-il en sortant du lit.
Sa femme, elle, était déjà toute prête pour son cours en préscolaire.
- Je te dépose ? Concéda le maître de maison, presque avec résignation.
- Pas la peine, très cher. Je me débrouillerai. Tu me connais. Sourit-elle, de façon un peu trop forcé à son goût.
Ils jouaient tous deux la comédie.
Mr. Maître haussa un sourcil mais ne releva pas. Son épouse, de son côté, saisissant les clés sur la table basse, elle sortit sans même un à plus tard à son mari.
L’homme se traîna jusqu’à la salle de bain et entreprit de se brosser  les dents et de se rendre un tantinet moins repoussant. Revenant dans la chambre, il passa un peignoir et du haut de sa fenêtre put voir sa femme sortir de là maison et se jeter dans les bras d’une espèce d'aristocrate en costume sur mesure.  Prenant place dans une Ford, ils s’en allèrent vers d’autres lieux.
Secouant la tête, un élan de tristesse surprit le vieil homme qui resta un moment scotché à sa fenêtre, perdu dans ses pensées, jusqu’à ce que peu de temps après, s’arrête une étincelante Mini-Cooper rose bonbon.
Sa déprime de tout à l’heure disparut aussitôt et se muta immédiatement en un large sourire décuplé d’excitation.
Jetant un dernier regard à la fenêtre, il descendit accueillir la jolie jeune femme, ô combien exquise et entêtée, qui patientait devant la porte.

***

Les gouttelettes de pluie se déversaient lentement sur le front déjà ruisselant de la petite Hazel. Recroquevillée dans un coin, dehors sous l’averse timide, elle frissonnait de la tête aux pieds. Quiconque passerait par-là remarquerait son agitation, sa mine bouleversée, tourmentée. Elle avait ôté ses chaussures et laissait patauger ses orteils dans les minuscules flaques qui se formaient tout autour du centre hospitalier de La Paix. Elle se rongeait les ongles.
Brusquement, le tonnerre gronda, surprenant la jeune fille et aussitôt la pluie décupla en intensité. Hazel ferma les yeux et songea. Songea à une  fillette toute rayonnante à l’idée de recevoir un invité spécial d’après sa mère.
Toc-toc. On frappe donc à la porte. Maman se précipite à l’entrée et saute littéralement au cou du cauchemar nouveau.
- Bonjour, petite. Minaude l’inconnu .
Trou noir…
Elle rouvrit les yeux. Nouveau décor :L’enfer.
Petit, des carreaux immaculés, rideaux de fin lin, placard bourré de nounours et de poupées. Cauchemar est là. Occupant son lit. Ses trois bras tendus vers elle.
- Viens, petite. N’aie pas peur.
Deux d’entre eux s’emparèrent de sa tête tandis que l’autre d’avantage repoussant et morbide s’enfonçait lui arracher les cordes vocales.
Petite n’a ni rayonné, ni chanté depuis.

- Hazel ?
Valérie lui souriait, depuis son lit d’hôpital garni de fleurs d’où filtrait une douce musique relaxante.
« Comment vas-tu ? »? Signa la petite Hazel
« Bien merci. Je sors bientôt. »  Signa a son tour Valérie. Toi, ça va ? »
Elle acquiesça pour finalement venir se blottir contre son amie, oubliant Petite, oubliant tout.

Sang pour SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant