Chapitre 1

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Le sang éclabousse le sol sous les hourras des spectateurs. Les hauts-parleurs grésillent, annonçant la fin du combat.

    - Killermoon gagne ce duel ! On applaudit cette magnifique effusion de sang !

Je lâche les dagues, armes imposées pour ce combat, les faisant tinter sur le béton. La dalle qui sert de porte à l'arène coulisse sur elle même, sans un bruit. Un nouvel esclave a sans doute déjà été appelé pour le prochain combat, le temps qu'il arrive l'arène aura été nettoyée. Il est vrai qu'un sol rouge serait plus économique en terme de nettoyage, mais cela rendrai les "effusions de sang", comme ils les appellent, beaucoup moins spectaculaire. Je sors de l'arène avant que le robot nettoyeur ne me mette dehors à coups de balayette. Ça fait maintenant quatre ans que je survis, à défaut de vivre, quatre ans où chaque semaine je tue quelqu'un. Telle est ma condition d'esclave, " tuer ou être tuée ".

J'ai rejoins le couloir et passe devant les nombreuses portes en fer rouillé des cellules, jusqu'à atteindre la section 0007. Par habitude, je compte les portes devant lesquelles je passe, jusqu'à ma cellule. La numéro 0004763. Je fais passer mon poignet devant le capteur prévu à cet effet. Un déclic se fait entendre, indiquant le déblocage de la porte. Je la pousse du bout du pied, et entre dans ma cage, une pièce de huit mètres carrés. Dans un coin le lit - enfin le matelas posé à même le sol, tellement fin qu'une brindille paraitrai aussi large qu'un tronc, en comparaison - coincé entre le mur et un minuscule placard, à peine assez grand pour y ranger un balai. De l'autre côté, un semblant de cuisine, vestige d'une époque lointaine, et les toilettes. Le tout est éclairé par une vieille ampoule qui pendouille du plafond, accroché à son câble. Je change de vêtement et met les anciens dans le lavabo où je pourrai les rincer avant d'aller me coucher. Comme je commence à avoir faim, je sors de ma cage pour récupérer mon morceau de viande.

Je rejoins le distributeur le plus proche, une espèce de colonne qui monte jusqu'au plafond. Un peu comme un pilier qui soutient l'étage d'un temple. Sauf que là ce n'est pas l'étage d'un temple mais la ville d'or des Nobles. Je scanne mon bracelet et prend la nourriture qui apparait. Elle est crue, bien évidemment. Ce n'est pas demain la veille que les esclaves aurons de la viande cuite. Je rentre chez moi en mangeant mon repas sur le trajet. 

   Je consulte mon bracelet : il se fait déjà tard, mon combat devait être un des derniers de la journée. Le prochain est pour dans deux jours minimum, étant donné que je n'en ai qu'un par semaine. Demain il faudra que je retourne travailler au champ artificiel. De 8h à 20h. Ils ne nous font travailler que 12h par jour ce ne sont pas des monstres quant même. Non je rigole. Ça fait bien longtemps qu'on ne peut plus considérer aucun des sous-terriens comme des humains. Les Nobles comme les esclaves d'ailleurs. S'il existe un paradis, personne ici n'y aura droit. Quant à l'enfer, si ce n'est pas là je me demande où il peut être. Ça fait déjà bien longtemps que j'y suis, en enfer.


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