Bienvenue en enfer

Chapitre 4

Depuis ma "révélation" d'hier, j'attends la fin de ma journée de travail avec impatience pour pouvoir fouiner à la bibliothèque. Malheureusement, celle-ci est à peine entamée que mon bracelet ce met à vibrer. Il indique une des nouvelles arènes, l'arène 4. Quelle joie je vais pouvoir l'inaugurer. Grâce à mon holocarte, je l'atteins rapidement. La hache qui nous est imposée pour ce duel est plutôt légère, seul point positif de la journée. D'ailleurs l'arrivée de mon adversaire n'arrange pas les choses : il a entre 15 et 16 ans et semble être plutôt costaud. Dès que le signal retenti, il s'élance vers moi. Il fait pleuvoir les coups avec violence, je les pars avec difficultés jusqu'à ce qu'il envoie valser ma hache 10 mètres plus loin. Il continue de m'attaquer violemment et je réussis à éviter ses attaques de justesse tout en reculant pour me rapprocher de mon arme. Mais il remarque ce que je fais et, dans un sursaut de colère, tente de me donner le coup de grâce. Je m'écarte mais trop lentement. Beaucoup trop lentement. La pointe de sa hache s'enfonce dans mon œil. Je grimace de douleur et tombe à genou, la main plaquée sur l'œil, dont le flot continu de sang qui s'en échappe me laisse deviner qu'il ne pourra plus jamais rien voir. La folie du sang se réveille aussitôt, mon corps se met en pilote automatique. Je roule sur le dos, évitant une attaque de peu. Mon adversaire se tient devant moi, hache en main. Mon corps, guidé par la folie meurtrière, lui donne aussitôt un violent coup de pied dans les tibias. Déséquilibré, il tombe sur les fesses en lâchant son arme dans un vague réflexe pour se retenir. Je m'en saisis et lui tranche la gorge. Sa tête roule lentement sur le sol, laissant une trainée écarlate derrière elle. J'ai à peine le temps de m'écarter du cadavre que je m'écroule, sans connaissance.

                                                                                       *   *   *

Je flotte entre souvenir et rêves, illusions et réalité. Je vois des visages et des images. Des bribes de phrases aussi. Des mots. Ce que j'ai laissé derrière moi il y a 3 ans. Ce que j'ai tenté d'oublier. Ce qui m'a hanté et me hante toujours. Je la vois. Elle.

                                                                                        *   *   *

Je me réveille en sursaut. Pour refermer aussitôt les yeux, face à la lumière blanche aveuglante. A l'infirmerie. Je suis à l'infirmerie. J'entends des voix au-dessus de moi.

"Le sujet est réveillé."

"Déjà ? Remettez-lui une dose."

J'ai envie de leur crier de ne rien faire, de ne pas me renvoyer dans mes cauchemars, de me laisser tranquille, mais trop tard. L'anesthésiant fait déjà son effet. La langueur m'envahit de nouveau et je suis emporté dans le tourbillon de mes pensées.

                                                                                         *   *   *

- 7 ! 7 ! Réveille-toi !

J'ouvre les yeux, encore à moitié endormie. Des cheveux blancs me chatouillent le visage.

- 68 ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?, je m'écris horrifiée, Dépêches-toi de partir l'entraineur va bientôt arriver !

Elle s'esclaffe.

- Mais non andouille ! C'est notre nouvel an aujourd'hui ! On a toute la journée de libre pour le fêter !

Je me retourne en grommelant.

- Pas la peine de crier comme ça alors ! Ça veut dire que j'ai tout mon temps pour dormir encore un peu. Va enquiquiner les autres.

A sa façon de soupirer j'imagine qu'elle a encore levé les yeux au ciel en faisant une moue désespérée.

- Bon d'accord .... Je reviens dans une heure alors ....

Et elle part. Avec ma couverture évidemment. Je saute hors de mon lit et la poursuit en rugissant.

- REVIENS ICI TOUT DE SUITE !

                                                                                      *    *    *

Je me réveille de nouveau, mais cette fois je suis chez moi. Enfin ce qui s'en rapproche le plus, ma cellule. Je suis trempée de sueur et mon corps est agité de tremblement. Je me roule en boule sur mon lit, les yeux écarquillés, dans l'espoir d'oublier les images que j'ai vu. Les souvenirs, les cauchemars .... J'avais pourtant réussi à les enterrer au plus profond de mon esprit mais ils vont revenir. Ils vont se faufiler et s'insinuer dans mes pensées. Jusqu'à ce qu'ils reviennent m'obséder et me hanter, comme avant. Avant que je ne les fasse disparaitre. Après qu'Elle ait disparu.