Chapitre 3

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J'arpente les rues de l'Enfer depuis maintenant deux heures. Cela fait maintenant trois jours que j'ai trouvé la clé et je passe la plus grande partie de mon temps libre à chercher ce qu'elle pourrait ouvrir. J'ai parcouru au moins une vingtaine de secteur mais autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Je regarde mon bracelet, il est 7h. Je décide de me mettre en route pour le champs lorsque j'entends les hauts-parleurs clamer d'une voix robotique : "Avis à tous les esclaves ! Deux nouvelles arènes sont ouvertes ! A partir de demain le nombre de combats passe de 2 à 3 par semaine ! Fin de la transmission. "

Quel message bref et constructif ! J'applaudirai presque. S'ils pouvaient faire en sorte que le bruit qu'émet leur bidule soit encore plus strident je serai comblée. Non mais sans blague. J'étais à deux doigts de devenir sourde. J'aurai pas raté grand chose en soit. Mais c'est pas une raison. Enfin bon. Pour que autant d'arènes ouvrent en même temps, la population des Nobles a dû augmenter. Les pauvres,  ils doivent manquer de divertissement, je les plains. Quelle horreur de ne pas pouvoir observer des enfants - pardon, des gens de condition inférieure - s'entretuer !

Enfoirés de Nobles. Qu'ils aillent tous se faire foutre.

Ils ont surement augmenté l'effectif d'œufs par couvée.  Comme nous sommes créés en laboratoire, ils n'ont qu'à assembler deux ADN pour obtenir un fœtus. Puis ils injectent ce dernier dans un œuf et PAF ! 10 jours plus tard ils obtiennent un nouvel esclave, auquel ils prélèvent son ADN et rebelote. Ils en profitent pour faire deux-trois expérience aussi. La moitié de ma couvée c'est vu inoculée un virus qui nous rend enragé à la vue ou à l'odeur du sang. La folie qui nous habite alors, ne nous rend le contrôle de notre corps qu'après la mort d'une personne, enfin de ce que j'en sais.

J'arrive enfin au champ. L'espace s'élargit soudainement, formant un dôme qui abrite le blé.  De l'entrée, on peut apercevoir les grands plafonniers, mais ils sont vite cachés par les épis qui frôlent le plafond, d'une hauteur pourtant plus que respectable. Le fait qu'ils sont eux aussi génétiquement modifiés y est sûrement pour quelque chose. L'allée principale s'enfonce dans l'ombre des plantations. Des centaines de sentiers sillonnent ce champ, et pourtant ce n'est pas le plus grand. Il y a au moins un champ par section donc il y a de quoi faire. Je récupère une besace avant de continuer mon chemin. L'Enfer n'est déjà pas très animé, mais ici il règne un silence de mort. On n'entend ni le bruit des pas sur le béton, ni celui des portes qui claques. Le moindre son est absorbé par la terre environnante et aucun de nous n'est assez bête pour gaspiller son énergie à parler. De toute façon, très peu de Soumis ont des personnes à qui parler. Ceux qui font la bêtise de s'attacher le regrettent tôt ou tard.

La journée s'annonce fatigante : ramasser les blés, les transporter dans le chariot de l'allée principale, faire des ballots avec le foin que nous envoie le champ d'à côté et les déplacer au stockage. Et répéter ces étapes, encore, encore et encore. De temps à autre, la sonnerie d'un bracelet annonçant un combat brise la monotonie du travail. Mais ce n'est pas ça qui fera passer le temps plus vite, malheureusement.

C'est en rentrant qu'un détail me frappe. C'est normal qu'il n'y est pas de serrure dans les couloirs de l'Enfer. Tout est trop neuf. Il n'y a qu'un seul endroit assez vieux pour y trouver une serrure. Au même endroit que se trouvait la clé en faite. La bibliothèque.




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