Chapitre 10

161 6 0
                                    

- Bill a des ennuis.

Plusieurs jours sont passés. Tom n'a pas revu le blond depuis cette fameuse soirée. Le libraire s'est dit qu'il avait dû lui laisser un peu d'espace. Mais il ne s'était pas attendu à recevoir un tel appel de la part de son meilleur ami. Il fronce aussitôt les sourcils.

- Quoi ?

- Vu le milieu dans lequel il évolue, j'ai préféré mettre une alerte sur son nom au cas où.

- Je comprends mieux pourquoi tu le lui as demandé tout en faisant croire que tu t'intéressais à ses origines.

- Ouais ben désolé de m'inquiéter pour toi. Bref, il a été arrêté pour vol.

Tom fronce les sourcils et écoute attentivement ce que lui dit son meilleur ami. Il raccroche et enfile sa veste pour partir en direction du commissariat. Il n'a pas réfléchi bien longtemps. Il veut aider Bill. Il se présente à l'entrée et demande à combien s'élève la caution pour la régler aussitôt. Elle n'est pas très élevée car Bill a été attrapé à voler un portefeuille. Une chance pour le blond, il n'avait pas de drogue sur lui. Le libraire attend un petit moment et Bill apparaît enfin. Celui-ci ne comprend pas vraiment ce qui arrive avant de croiser le regard de Tom. Il baisse la tête, honteux. Tom sourit légèrement.

- Allons-y.

Bill acquiesce et suit le brun jusqu'au parking pour grimper dans sa voiture. Il n'ose pas dire quoi que ce soit à part un seul mot.

- Merci.

- De rien. Et ne crois surtout pas que tu m'es redevable de quoi que ce soit.

Bill ne répond rien mais il se sent très redevable envers Tom, pour tout ce qu'il a fait pour lui. Et aujourd'hui encore, il est venu l'aider.

- Tu sais, je ne te juge pas et je ne le ferai jamais. Si tu vends des trucs ça ne me regarde pas car les clients viennent d'eux-mêmes. Mais le vol... N'hésite pas à me demander si tu as faim ou autre...

Bill a encore plus honte. Tom est vraiment quelqu'un d'admirable. Ce dernier ne veut pas paraître impoli et ne veut surtout pas juger Bill et sa vie. Il veut simplement être présent pour le blond. Il l'apprécie beaucoup. Énormément même. Il continue de rouler encore un peu et s'arrête dans une petite rue. Bill détache sa ceinture, prêt à descendre et rentrer au squat.

- Ah non non, tu ne rentres pas tout de suite. Attends-moi là.

Tom lui sourit et lui fait un clin d'œil avant de quitter le véhicule et rejoindre une boutique un peu plus loin. Il revient quelques minutes pus tard avec un sachet entre les mains. Il le donne à Bill et conduit jusqu'à la librairie. Bill le suit silencieusement.

- Tu as manqué à Doug aujourd'hui. Il surveillait l'entrée de la boutique.

- Oh... Désolé.

- Ne le sois pas. Il t'aime beaucoup. Et puis j'aime bien te voir lire aussi.

Tom sourit légèrement et lui dit de s'installer au salon où Doug arrive joyeusement en aboyant. Le libraire revient avec deux tasses de café fumant et ouvre le sachet.

- J'ai découvert cette pâtisserie française il y a peu. Un vrai délice tu vas voir!

Bill est toujours aussi surpris par sa gentillesse. Il attrape un pain au chocolat et le déguste. C'est vraiment délicieux, Tom a raison.

- Ça me rappelle des souvenirs. En Allemagne.

Tom sourit légèrement en entendant le blond. Ça lui fait du bien de l'entendre parler même s'il est toujours replié sur lui-même.

- Vous avez le même genre de douceurs en Allemagne ?

- Oui un peu. Et ça me manque. Mon pays me manque.

Tom prend une autre viennoiserie.

- Pourquoi tu n'y retournes pas ?

- Parce-que mon rêve c'était ici. Notre rêve.

- Avec ton copain?

Bill acquiesce et boit u ne longue gorgée de café.

- Enfin... C'était un rêve. Et puis, personne ne m'attend là-bas.

- Tu n'as plus de famille ?

- Si. Ma grand-mère. Mes parents... S'en fichent de moi. Ils n'ont jamais essayé de m'appeler ou me retrouver.

Tom fronce les sourcils en l'entendant. Comment des parents peuvent faire ça à leur enfant ? Comment ne peuvent-ils pas s'inquiéter alors que leur fils est sur un autre continent ? Bill sourit faiblement en voyant la réaction de Tom.

- Mes parents voulaient me forcer à faire des études. Je rêvais de New-York. D'amour. Ils n'ont jamais ap... Euh aimé Klaus, il avait une mauvaise influence.

- Je vois. Alors vous avez décidé de venir à New-York et ça a suffi pour qu'ils ne prennent plus de nouvelle. Je ne comprendrai jamais ce genre de personne.

De son côté, ses parents l'ont toujours soutenu dans tous ses choix. Même si son père n'est plus là, ce dernier a toujours été à ses côtés. Il sait qu'il a eu énormément de chance. Mais ce que vit Bill le rend triste pour lui. Encore plus quand il voit ce qu'il doit faire pour vivre. Tom soupire doucement et mange une autre viennoiserie.

- Et ta grand-mère ? Je suppose qu'elle ne sait pas ce que tu fais.

- Non. Elle croit que j'ai fini mes études et que je fais le boulot de mes rêves.

Il sourit tristement. Il s'en veut de mentir à sa grand-mère, celle qui l'a toujours aimé comme il est. Mais c'est la seule chose qu'il a trouvé pour qu'elle ne s'inquiète pas. Et qu'elle n'ait pas honte de ce qu'il est réellement devenu. Car lui en a honte. Il n'est pas fier de ce qu'il fait pour survivre et de tout ce qu'il fait par amour alors qu'il est évident que Klaus ne l'aime plus depuis un moment, c'est évident.

- J'espère qu'un jour tu seras assez fier de ce que tu seras devenu afin de le lui raconter.

Bill hausse un sourcil et sourit doucement, touché par les mots du libraire. Il lui a sauvé la mise aujourd'hui. Heureusement qu'il est là. Il ne mérite pas autant de gentillesse et d'attention de sa part. Il se sent d'autant plus honteux.

- Je vais rentrer. Merci encore. Pour tout.

Au ton pris par Bill, Tom a l'impression qu'il ne le verra plus pendant un moment. Et il ne le souhaite pas.

- Bill, ne crois pas que je fais tout ça par charité ou par pitié. Je t'apprécie beaucoup.

Bill sent son cœur se serrer en entendant le brun. Et là, il sait qu'il doit vraiment partir sinon il sent qu'il sera perdu. Et Tom se rend compte qu'il n'aurait jamais dû dire ça.

- Bill...

- Merci Tom. Vraiment.

Bill sourit faiblement et après une dernière caresse à Doug, il quitte le logement du libraire. Les mots de Tom lui ont fait autant de mal que de bien. Car lui aussi, il l'apprécie énormément. Et il se dit qu'il n'en a pas le droit.

Take Me HomeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant