Chapitre 2

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NB : Les paroles en italiques sont en allemand


Les pages se tournent et il découvre les quelques illustrations du livre avant de le reposer et de prendre celui qu'il a commencé depuis un petit moment. Harry Potter et la Coupe de Feu. Il aime beaucoup ce tome même si pour le moment il préfère le tome 3 avec l'histoire des Maraudeurs. Mais pour le moment il est à fond dans le tournoi des Trois Sorciers et a hâte de découvrir la seconde épreuve.

Il aime venir ici, s'échapper de son quotidien pour pouvoir s'évader dans son livre et son univers. Il aime venir dans ce lieu calme avec ce chien qu'il peut caresser et qu'il adore. Il entend à peine les clients entrer et sortir. Pour le moment, il est dans le couloir de Poudlard. Cependant, il se force à ne lire que deux chapitres pour ne pas se perdre dans sa lecture et rester trop longtemps. De plus, il sait qu'il a sans doute été repéré par le libraire. Et ce n'est jamais bon d'être repéré dans une librairie à lire sans acheter de livre.

Il termine donc son chapitre et arrive à se retenir de ne pas lire plus que le titre du chapitre suivant puis il referme le livre. Il replace sa mèche argentée derrière son oreille et se dirige vers la sortie après une dernière caresse au chien endormi dans son panier.

- A bientôt !

Le jeune homme se retourne rapidement pour croiser le regard de ce libraire canon qui fait vibrer toutes ces femmes de bonne famille qui n'ont rien d'excitant dans leur vie. Il lui sourit vaguement et quitte la boutique. Il met sa capuche sur sa tête et enfonce ses mains dans sa veste en cuir. Il s'engouffre dans les rues de New-York. Il presse le pas, ne voulant pas arriver en retard. Il grimpe dans le bus sans payer de ticket juste avant que les portes arrière ne se referment. Il ne regarde même plus les hauts buildings défiler le long du trajet. Après quatre arrêts, il descend et longe plusieurs bâtiments puis finit par rentrer dans l'un d'eux. Un immeuble décrépi, vieux, sale et qui ne sert que de squat. Il grimpe au deuxième étage puis tourne sur la gauche et se retrouve devant une porte dont le numéro est presque tombé. Il frappe deux fois, puis une fois. La porte s'ouvre sur une jeune femme, le regard dans le vide. Elle lui sourit et rit légèrement.

- Et voilà le plus beau !

- Bill ? T'es en retard !


Le blond soupire et entre pour découvrir un groupe de jeunes avachi sur un canapé à moitié cassé et d'autres à même le sol. Mais il y a surtout une personne qui se démarque un peu en donnant de temps en temps des ordres. Bill s'en rapproche et vient embrasser longuement ses lèvres. L'homme prolonge longuement le baiser en caressant sa joue.

- Je suis désolé Klaus. J'ai eu un problème de métro.

- Mouais. T'en as vendu ?


Bill sort quelques billets de la poche de sa veste. Personne ne comprend ce qu'ils se disent, ils parlent entre eux en allemand. Klaus sourit et récupère l'argent.

- T'es parfait. Vous voyez ? Mon meilleur vendeur !

Plusieurs applaudissements et d'autres lèvent leurs bouteilles de bière. Bill n'y fait même pas attention et attrape une bouteille à son tour.

- Je vais m'allonger un peu, je suis crevé.

Klaus hoche simplement la tête et lui caresse les fesses alors que le blond s'éloigne et se dirige vers la pièce qui lui sert de chambre. Il retire sa veste en cuir et se laisse presque tomber sur le matelas à même le sol. Il soupire et attrape ses écouteurs pour les mettre. Chaque jour il y a du monde ici. Mais aujourd'hui, il n'a pas envie de passer du temps avec eux. Il préfère rester seul. Il en a besoin après sa journée. Il ferme les yeux et laisse son esprit vagabonder avec la musique. Et sans s'en rendre compte, il s'endort.

Il est alors réveillé par une langue léchant sa nuque et des mains s'affairant à lui baisser son pantalon. Il soupire et retire ses écouteurs.

- Tu pourrais au moins me réveiller.

- J'peux pas attendre.

- Putain tu pues l'alcool.


Et Bill sait parfaitement que Klaus n'a pas pris que de l'alcool. Il le repousse avec un peu de mal et retire pantalon et caleçon. Il embrasse langoureusement son copain et le laisse le baiser. C'est une habitude à présent. Il écarte les cuisses mais il sait qu'il ne ressentira pas de plaisir ce soir. Comme à chaque fois que Klaus boit ou prend toute autre substance pour placer. Il grimace légèrement car Klaus ne prend pas soin de lui. Il ne fait pas attention aux envies de Bill et se contente de se satisfaire. Une fois son plaisir assouvi, Klaus se retire et s'allonge tout simplement à côté de Bill et ne met pas longtemps à ronfler. Le blond soupire et se lève pour rejoindre rapidement la salle de bain délabrée. Il se nettoie au mieux et prend une rapide douche. Il entend toujours un peu de musique provenant du salon.

Klaus autorise toujours quelques personnes à rester squatter leur salon mais elles ont interdiction de venir dans la chambre et la salle de bain. Ces personnes ont le droit de rester car, à leur façon, elles participent au paiement du loyer. Elles travaillent pour Klaus et dealent pour lui. Comme Bill. Il doit également ramener de l'argent. Il déteste ce qu'il fait. Il a pourtant quitté l'Allemagne plein d'espoir. Klaus lui a dit qu'à New-York, le rêve de Bill, ils pourraient le faire, ils pourraient tout faire. Bill a été bien naïf. Que pourrait-il faire sans vrai diplôme et sans parler anglais ? Mais il y a cru. Il devait quitter l'Allemagne, ce pays qu'il déteste. Enfin, surtout cette petite ville et ses habitants. Il n'a jamais supporté leur esprit fermé. Il a toujours rêvé de partir à New-York. Les USA l'ont toujours fait rêver. Alors quand l'occasion s'est présentée, il a pris un vol aller sans retour. Il n'a jamais voulu rentrer. De toute façon, personne de sa famille n'a cherché après lui depuis. Et cela ne le touche même pas.

Il sort de la douche et s'essuie rapidement puis attache la serviette autour de ses hanches. Il observe alors son reflet. Il est bien loin de sa vie rêvée. Pourtant, il ne souhaite rien de vraiment dingue. Il veut simplement un job, un chez lui en meilleur état que ce taudis. Evidemment, au début, il souhaitait vivre ça avec Klaus. Aujourd'hui... Il est avec lui car il n'a personne d'autre. Et parce-qu'il a perdu tout espoir pour quoi que ce soit. Il a du mal à se reconnaître. Il n'était déjà pas bien épais mais il a quelque peu maigri. Ses yeux sont marqués même s'il garde sa gueule d'ange. Après tout, c'est également grâce à elle qu'il arrive à trouver des clients. Bien sûr, il n'aime pas ce qu'il fait chaque jour : échanger des sachets d'herbe, de cachets ou de poudre contre quelques billets. Mais il n'a rien d'autre pour réussir à gagner de quoi vivre. Il a déjà essayé d'être serveur ou même tenter de nettoyer les restaurants et autres. Mais il a toujours eu des refus. Alors Klaus lui a trouvé un boulot : dealer. Lui-même bosse pour un gang de dealer. Il leur donne une grande partie de ses recettes et peut garder le reste. Bill sait que son copain trafique dans d'autres histoires dont il n'a pas connaissance. Il ne veut même pas les connaître. Il préfère ne pas tremper un peu plus dans ces histoires sordides.

Il finit par rejoindre la chambre et enfile un tee-shirt troué et un caleçon propre. Il n'a pas beaucoup de vêtements, ceux-ci sont dans un état assez déplorable. Mais il les aime. Parfois, Klaus lui amène des nouveaux mais Bill ne sait jamais d'où ils proviennent car ils sont rarement neufs. Et quand ils le sont, Bill sait qu'il les a volés. Mais il ne dit rien et les prend quand même. Chaque jour, Bill est plus du genre à subir qu'à vivre sa vie. Il s'est résigné. Il rejoint la chambre où Klaus ronfle allègrement. Le blond se rapproche de son sac et en sort un carnet avec une petite trousse. Il s'installe près de la fenêtre. Il met ses écouteurs et lance la musique. Il observe la ville illuminée à travers la nuit noire. Son seul moment de répit. Le seul moment de la journée où il se sent bien et fait ce qu'il aime. Il ouvre son carnet, attrape un crayon de bois et se met à dessiner. Le chapitre d'aujourd'hui l'a bien inspiré. Les traits se rejoignent et forment une scène. Finalement, Bill est bon à quelque-chose. Mais il ne le garde que pour lui.

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