Take Me Home

Chapitre 13

Bill récupère discrètement ses affaires afin de ne pas réveiller Tom. Il s'est réveillé tôt et s'est senti mal à l'aise. Il s'est réveillé dans les bras du libraire, complètement collé à lui. I n'a pas dormi ainsi, aussi bien, depuis longtemps. Et ça l'a mis mal à l'aise car en vérité, il aimerait revivre à nouveau ce genre de nuit. Mais il ne doit pas s'y habituer. Cette vie-là n'est pas pour lui. Il ne la mérite pas. Il caresse Doug qui ne bouge pas et quitte silencieusement la chambre. Il s'habille dans le salon. Son regard se pose alors sur une photo de Julia. Il attrape le cadre et observe longuement la photo. Elle était si belle.

- Tu en avais de la chambre de l'avoir comme mari. Il est vraiment exceptionnel. Il est difficile de ne pas l'aimer.

Il surit faiblement et repose le cadre. Tout est dit. Il est vraiment difficile de ne pas aimer Tom alors qu'il est si bienveillant. Jamais Bill n'aurait cru avoir le droit à un tel ange gardien dans la misérable vie qui est la sienne. Mais il ne doit pas gâcher celle de Tom. Il ne veut pas lui apporter de problèmes. Il en a déjà beaucoup fait pour lui. Et surtout, il ne veut pas que Klaus se doute de quelque-chose sinon il risquerait de le lui faire payer. Ainsi qu'à Tom. Et il en est hors de question. Jamais Bill ne permettrait une telle chose. Alors il quitte l'appartement du libraire et prend le chemin de ce quartier qu'il déteste par-dessus tout. Il monte jusqu'à son étage et entend déjà du bruit à travers la porte. Comme toujours, la bande de squatteurs de Klaus est là. Bill ne dit rien et va s'asseoir avec eux pour prendre un joint et tirer longuement dessus. Cela lui arrive rarement. Mais aujourd'hui, il en a envie. Klaus sort alors de leur chambre et observe le blond.

- T'étais où ?

- Je me suis échappé pour ne pas me faire attraper par les flics.

- Et après, t'étais où ? T'es pas rentré. Je t'ai appelé.

Le fait qu'il se soit mis à parler en allemand est clairement un mauvais signe. Bill soupire et se lève pour se rapprocher de lui.

- J'ai traîné en ville. Et mon portable était déchargé.

Klaus le fixe puis lui prend la main pour l'attirer dans la chambre. A peine la porte est-elle fermée qu'il plaque Bill contre la porte, sa main autour de son cou. Ses doigts se resserrent autour de sa gorge.

- Klaus...

- T'étais où cette nuit.

- Je te l'ai dit... J'ai traîné en ville car je ne savais pas... Combien de temps les... Les flics allaient rester.

Bill tient le poignet de Klaus, tentant de lui retirer sa main. Mais il tient bon.

- Je te vois de moins en moins et ça commence à me gaver. Tu prends de moins en moins part aux plans pour ramener du fric. Tu fais quoi ?

- Mais rien. Et puis... Toi... Toi aussi tu es tout le temps avec les... Avec les autres..

- Retourne pas le truc contre moi.

- Mais... Souvent je suis là et... Et tu ne me vois pas. Je dessine... Je peins...

Klaus garde son visage proche de celui de Bill et grogne avant de le relâcher. Il regarde autour de lui et tombe sur les affaires du blond. Il s'en approche et attrape les carnets.

- Tes dessins. C'est pas avec ça qu'on va avoir de l'argent pour payer la bouffe!

Il balance les carnets contre le mur.

- T'as intérêt de prendre part à mes plans et ramener de l'argent.

- Je t'ai déjà dit que je ne...

- Tu le feras!

Bill se masse le cou et met quelques secondes à comprendre jusqu'à ce que sa joue le chauffe. Klaus vient de le gifler. Il l'a frappé. Bill en a les larmes aux yeux.

- Tu feras tout ce que je te demande t'as compris?

Bill le regarde sans rien dire et Klaus quitte finalement la chambre pour rejoindre les autres. Le blond va récupérer son carnet dont certaines feuilles sont déchirées et chiffonnées.

Il déteste tellement sa vie.

***

Cela fait plusieurs jours que Bill n'est pas revenu à la librairie. Il tente de vendre chaque jour ce que lui donne Klaus afin de ne plus le mettre en colère. Et Klaus en profite pour lui en donner plus que les autres fois. Le blond a gardé des marques autour du cou pendant trois jours. Il veut éviter au maximum d'en avoir des nouvelles. Alors il fait tout pour que Klaus ne le sollicite pas pour autre chose. Il ne veut vraiment pas participer à l'un de ses plans.

Alors quand Tom arrive vers lui, Bill est plus que surpris. Cela fait plus de trois heures qu'il attend au même endroit que les clients arrivent. Et voilà le libraire.

- Je me disais bien que tu serais dans le coin.

- Tu ne devrais pas être là Tom. C'est dangereux.

C'est dangereux car il pourrait être vu par Klaus et les clients de Bill. Mais Tom se contente de sourire et se rapproche du blond pour lui tendre un sachet.

- Je me suis dit que tu aurais faim. C'est un sandwich.

- Oh... Merci.

I ne s'attendait vraiment pas à une telle chose de sa part. En même temps, est-ce vraiment étonnant ? Tom pense toujours aux autres. Bill ne devrait pas le mettre en danger en le voyant aussi souvent. Pourtant, il ne veut pas ne plus le voir. Il veut continuer à passer du temps avec lui. Il veut continuer à venir dans sa librairie et voir Doug. Il veut continuer à voir des films avec lui. Tom est vraiment son oxygène. Il ne veut réellement qu'à ses côtés. Alors qu'il ne vit plus depuis qu'il est arrivé ici avec Klaus. Il n'est que l'ombre de lui-même. Mais avec Tom... Il est quelqu'un.

- Tu sais, tu nous manques, à Doug et moi.

Le libraire lui sourit et lui fait un clin d'œil avant de repartir pour ne pas le déranger plus longtemps. Bill observe sa silhouette s'éloigner. Non, il ne veut vraiment pas arrêter de le voir. Sauf que, pour le moment, il doit faire attention.