III

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Son sac sur son dos, il grimpa dans le bus qui devait le mener en ville. New York City. Il n'y était jamais allé. En fait, il n'avait pratiquement jamais quitté sa région. Il était né en Nouvelle-Aquitaine, il avait grandi en Nouvelle-Aquitaine, il n'avait jamais été plus loin que Bordeaux au nord, et que les venta espagnols au sud. Il avait un passeport, que sa mère s'évertuait à refaire chaque fois qu'il expirait, mais dont il ne s'était jamais servi. Mme. Halligan rêvait du jour où elle l'emmenerait en voyage, loin de la routine, au Chili, en Namibie ou en Chine. Avant la naissance de Mili, elle avait beaucoup voyagé, dans le monde entier. Sa famille était une riche famille australienne venue s'installer en France dans les années 80, peu après sa naissance. Sauf que chez les Halligan, on ne tombe pas enceinte d'un inconnu durant un voyage. Depuis elle n'avait plus jamais eu l'argent pour voyager.

Miligan sortit son téléphone et s'enfonça dans le dédale de rue américaine. D'après ses recherches, il n'y avait pas grand monde ayant été soumis au sérum super soldat, et sur les trois, l'un était mort dans les années quarante. Il avait donc deux noms, griffoné au stylo dans son poignet : Steven Rogers et James Barnes. Le premier étant plus facilement trouvable que le second, il préférait que se soit lui, mais sachant qu'il portait le nom du fameux second, il y avait plus de chance que se soit lui. Et même temps, il avait sûrement 90% de chance que ce ne soit aucun des deux. Son anomalie n'était peut-être pas héréditaire et il se lançait potentiellement à la chasse d'une chimère.

Et quand bien même il les trouvait, que dirait-il ?
"Salut, je m'appelle Miligan, j'ai 14 ans, et tu es mon papa."
À quoi bon ? Suivant les indications de google maps, Mil' se demandait à chaque pas s'il était vraiment nécessaire de les trouver. Après tout, 14 ans plus tard, ça n'avait plus aucun sens. Et ils ne se souviendraient certainement plus de sa mère. Et s'ils le rejetaient ? En plus, franchement, que pouvaient-ils y faire, eux, qu'il soit plus fort que le moyenne ? Sûrement pas grand chose.

Quand il arriva devant la tour recherchée, il n'était pas huit heures. La rue bruissait déjà de vie, mais il n'osa pas franchir la grande porte du bâtiment. Alors, emmitouflé dans son teddy, il se posa sur un banc à proximité. Malgré le froid et la faim qui le tiraillait, Milligan Halligan s'endormit.

Il se réveilla quelques heures plus tard, secoué par un agent mi-soucieux, mi-agacé. Le cerveaux trop embrumé pour prêter attention à ce qui lui était dit, le jeune homme se leva, s'excusa comme il pu et, attrapant son sac, fit mine de s'éloigner. Étonnamment, le policier ne chercha pas plus et s'éloigna à son tour. Alors, le garçon se rapprocha du bâtiment, son sac jeté sur une épaule, et poussa timidement la porte. Les mains dans les poches, il s'approcha du bureau de l'accueil.
"- Bonjour ?
- Bonjour ! Je suis désolée cette immeuble est un propriété privée, je vais vous demander de bien vouloir sortir.
- En fait je... je cherche quelqu'un... Steven Rogers... J'aurais voulu lui parler... à lui et à James Barnes.
- Tout le monde voudrait lui parler. Répliqua le secrétaire d'un ton sec. Si vous ne vous en allez pas, je vais devoir faire appel à la sécurité !
- S'il vous plaît ! Je suis venu de France pour leur parler ! Pourrez-vous au moins leurs dire que je suis passé ? Que Milligan Halligan est passé ? Je pense qu'ils ont connu ma mère, ou au moins l'un des deux, j'ai besoin de leur parler... Halligan... Anya Halligan...
- Partez maintenant !"

Face à l'injonction de l'homme, Milligan ressortit, piteux et déçu. Il n'aurait jamais dû venir ici, il aurait dû se douter que ça ne rimait à rien, qu'il ne pourrait pas les voir. Mais maintenant qu'il était là, il ne pouvait pas abandonner. Il devait y arriver, au moins à leur parler, ne serait-ce que cinq minutes. Il repasserait cette après-midi, et cette fois, on l'écouterai.

Milligan HalliganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant