2. Comme un aperçu de ma vie.

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Alors que je me repose dans cette chambre aux couleurs douces et au lit particulièrement agréable j'entend quelqu'un frapper à la porte d'entrée. Ce doit être mes parents venus me rendre visite avec Naël. Je veux me lever mais je ne sens plus mes membre. Je suis tellement fatiguée que mon corps semble peser une tonne. Après il faut dire que je suis tellement bien ici...la douceur des draps contre ma peau, la légère brise qui secoue les longs rideaux blancs jusqu'à atteindre mon corps, ma tête confortable enveloppée par l'oreiller et la douceur de ce mois de mai. Il fait tout juste assez chaud pour que je puisse me détendre au rythme du chant des cigales.

En bas les voix se font entendre plus clairement.

- « Comment va t-elle? » s'inquiète ma mère

- « C'est difficile...elle a besoin de beaucoup de repos vous savez ».

- « Ça va lui faire du bien de nous voir. » renchérit mon père.

- « Justement je ne sais pas trop, le médecin a insisté sur le fait qu'elle devait être seule, ne pas être embêté, pour bien se reposer. Le repos doit être aussi bien physique que cognitif alors elle ne doit pas du tout être stimulée, ce doit être un repos total. »

Mais diable pourquoi insiste t-il autant! Bien sûr que ça va me faire du bien de voir ma famille. Je ne comprends pas sa réaction. Il est l'inconnu pour moi. C'est le voir qui me tourmente le plus. Depuis « mon accident » dont je ne connais pas les détails, il est sorti de ma mémoire. J'ai oublié ma vie, ces dernières années sont pour moi un trou béant. Je ne sais plus qui est Natanaë, je ne connais pas son âge, sa famille, notre rencontre, notre maison, nos souvenirs, tout est parti. Toutefois je parviens à me remémorer mon fils. Mon tout petit fils. Je ne saurai dire son âge, ni même sa couleur de cheveux mais je sais qu'il existe. Peut-être est-ce l'instinct maternel ou alors c'est la similitude entre son prénom et celui de son père qui a permis de surmonter un blocage au sein même de mes souvenirs. Natanaë / Naël. C'est amusant ... peut-être un peu étrange d'autant plus que ce ne sont pas des prénoms communs mais amusant. Je n'ai qu'une envie c'est que mes parents viennent me prendre dans leur bras et de rencontrer mon fils.

Je tente d'appeler ma mère mais ma voix est trop faible.

- « Maman...! »

- « Oh ma chérie! J'arrive. »

Je l'entend s'empresser de monter les escaliers puis elle tente de calmer son empressement en ouvrant timidement la porte de la chambre. Elle passe la tête par l'entrebâillement de la porte et m'adresse un sourire éblouissant.

- « Coucou ma belle... »

***

Agnès monte précipitamment les escaliers. Ils sont bien gentils mais je ne comprends pas, leur fille a besoin de repos pourquoi viennent t-ils la déranger? Je leur avais dis qu'ils pouvaient passer la voir demain mais ils n'en font qu'à leur tête. Elle vient juste de sortir de l'hôpital il faut lui laisse du temps, il faut laisser son cerveau se remettre. Je comprends qu'ils veulent la voir, si la situation avait été inversée j'aurai souhaiter la prendre dans mes bras le plus rapidement possible mais il faut être raisonnable. C'est important ce qui lui est arrivé et elle peut en garder des séquelles à vie. Je songe à mettre en garde notre petit bonhomme avant qu'il n'aille saluer sa maman. Je plonge mon regard dans celui de Naë paisible installé dans les bras de son grand-père et dis:

- « Coucou mon grand! Papy et mamie ont dû t'expliquer que maman a eu un accident et qu'elle a un grand bobo. Elle doit se reposer alors il ne faut pas du tout faire de bruit! Tu comprends? »

Je doute qu'il me comprenne et au vu de la façon dont Hervé vient de rouler des yeux je suppose que lui non plus mais ça me semble nécessaire. Peut-être qu'il comprend après tout, les enfants sont parfois surprenants. Ses petits yeux me regardent avec attention. Sa petit bouille est tellement adorable que je ne peux m'empêcher de l'embrasser dans le cou ce qui le fait gigoter de rire. Son grand-père recule brusquement « Bon je monte voir ma fille » dit-il avant de tourner les talons. Il ne m'a jamais vraiment apprécié, c'est un père ingrat avec sa fille. À me rejeter c'est elle qu'il rend malheureuse.

LéthéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant