Me voilà enfin dans cette pièce illuminée par la haine. Cette pièce qui annonçait la fin de mon entraînement et le début de la guerre. Une guerre que j'allais mener seule face à l'ennemi. Les hommes du Edgran, fières du monstre qu'ils avaient formé, m'avaient fait m'assoir sur une chaise en bois, toute simple, au centre de la pièce.
L'homme qui m'avait appris l'histoire de notre monde, et qui m'avait surtout appris à haïr, faisait les cents pas face à moi, me fixant. Son regard traduisait une certaine joie du chaos qui se préparait. Ce plaisir du futur sang à faire couler, cette satisfaction de voir le corps de l'ennemi inanimé, je voyais tout cela dans ses beaux yeux noirs. Tout cela se voyait dans mes propres yeux.
Il commença alors son discours, savourant chacune de ses paroles, consumant chacun de ses mots :
- Saya, Saya... ce n'est pas souvent qu'une femme se retrouve être l'élue. Mais toi, ma belle, tu es le meilleur espoir que l'on ait eu en 300 ans.
Après un bref sourire en coin, il prit à son tour une chaise qu'il plaça à l'envers devant moi, pour s'assoir les bras posés sur le dossier. Puis il me pointa un instant du doigt pour répéter que j'étais un bel espoir pour Edgran. Son regard, est ceux des quatre autres hommes aux coins de la pièce me transperçaient. Avec tous cette même expression d'extase.
- Tu le sais mais pour la procédure, je vais encore devoir te le répéter. Depuis toujours, la population d'Edgran, la nôtre, est en guerre contre celle des Kertan. Et comme depuis toujours, tous les 50 ans, un élu, ou une élue pour ton cas est nommé dans chacun des camps. Et comme dans tout jeu, il y a des règles. Avant de mourir l'adversaire doit avoir souffert de multiple manière, des pires tortures qui puissent exister en ce monde. Les témoignages visuels sont toujours les bienvenus, ricana-t-il. Mais le plus important est que le seul moyen de vous tuer entre vous, est de planter la dague d'Arnes dans le cœur de l'autre. Et ensuite, il faut trancher la tête. Surtout il ne faut pas oublier cette ultime étape, répéta-t-il une dernière fois.
Son regard c'était durci, comme à chaque fois qu'il me rappelait cette règle là. Il se leva alors, déplaçant la chaise. Au passage il prit un couteau que lui tendait l'un des hommes.
- Comme la dague d'Arnes change de place tous les 50 ans, nous n'avons rien pour te guider, seulement un nom.
Il me tendit alors un bout de papier que je mis immédiatement dans ma poche. Puis il me tendit le couteau. Je le pris alors le regardant droit dans les yeux.
- J'allais oublier, j'ai dit que c'était un jeu, et le gagnant est celui qui offrira à son peuple la lumière. Aucun coup bas n'est permis. Tu as bien appris, alors ne cède pas. Aucune attache, aucune limite, rien d'autre...
- Rien d'autre que la haine et l'envie de tuer. C'est moi, Saya qui apportera la victoire à Edgran.
- Bien tu es prête, accompli le rituel pour commencer la partie.
Tuer, je ne l'avais encore jamais fait. Je ne pense pas avoir les mots pour exprimer ce ressentiment que j'eus lorsque j'ai enfoncé le couteau dans le cœur de mon maître. Le regardant mourir, pour ensuite lui couper la tête de mes propres mains à la hache. Je n'avais maintenant plus qu'un seul objectif, trouver la dague et tuer l'élu des Kertan.
Je pris la sortie devant le regard confiant de mes autres maîtres, les mains tachées de sang.
VOUS LISEZ
Ames soeurs
Science FictionArnès : Dieu de la mort, Empereur des cieux, il offre à celui qui le mérite la paix et à l'autre l'enfer. Les ombres qui sont sous son commandement se nourrissent de notre énergie. Énergie qui nous est vitale. Cela fait 300 ans que mon peuple et moi...