Un mouchoir à la main, j'essuyais goute par goute le sang encore chaud de mon mentor présent sur la lame du couteau. De la cour où j'étais descendue, je pouvais voir deux hommes de service porter son corps, pour aller l'enterrer plus loin dans les bois, où il reposerait en paix.
- Un dernier hommage à lui rendre ? me susurra doucement Reïden à l'oreille.
Reïden était mon second, même s'il préférait se qualifier de coéquipier. Chacun des élus en avait un, tout autant dévoué à la cause, prêt à mourir pour servir l'élu de son camp.
- Un soldat ne pense aux morts qu'après la bataille.
Cette réflexion fit soupirer d'amusement Reïden qui affichait un sourire en coin charmeur. C'était un combattant efficace, rapide et ambitieux. Sa grande taille lui offrait un certain pouvoir d'intimidation, ses yeux verts amande, un autre de séduction, auquel je ne succombais pas. Il avait des cheveux noirs mis-long, des muscles saillants, et donc une force admirable. Mais son physique n'était pas son seul atout. Il était aussi satanique, sadique et sanguinaire. Un homme presque parfait, qui me sera d'une très grande utilité pour parvenir à mes fins.
- Ne me fais pas rire, tu ne penseras pas à un seul cadavre après notre victoire.
Sa remarque me fit doucement sourire alors qu'il me fixait ardemment.
Ma dague enfin astiquée à la perfection, je la mis dans son fourreau à ma ceinture, sortant le papier que m'avait donné mon mentor par la même occasion.
- Alors, s'exclama gaiment Reïden, qui devons nous aller voir ?
- Une certaine Akella. La feuille semble avoir été arrachée à une page, regarde.
Je lui tendis le bout de papier qu'il prit rapidement. Le papier était froissé, et semblait ancien. Les six petites lettres qui formaient le nom d'Akella avaient été écrites à la main, à l'encre noir.
- C'est la légende d'Akella, dit-il.
- Quelle légende ? Demandais-je les sourcils froncés. A cette question mon second sourit, savourant sa supériorité intellectuelle du moment.
- C'est une histoire qu'on lit aux enfants. Comme quoi il y a certain avantage à être choisi plus tard que l'élu, se vanta-t-il.
- Imbécile, lui répondis-je tout en lui arrachant le bout de papier des mains. Il faut que l'on gagne la partie, ce qui veut dire ne pas perdre de temps à plaisanter.
- C'est bon, se résigna le jeune homme. Malgré son efficacité il aimait beaucoup s'amuser. Ce qui avait parfois le don de m'agacer, moi qui était dotée d'un caractère plus froid.
- C'est pas vraiment une légende, reprit-il calmement, juste une petite histoire sans intérêt. Il est dit qu'une femme presque aussi vieille que le Dieu Arnès vit cachée dans les montagnes. C'est une traitresse du temps où le camp majestueux d'Edgran, et celui misérable du Kertan étaient réunis. Elle se serait alliée aux Ombres et aurait par la même occasion, séparé l'ancien peuple en deux.
- S'allier aux Ombres ? riais-je doucement. Mettons-nous en route Reïden, on perd du temps.
D'un signe de main, deux esclaves nous apportèrent une monture chacun. Des Cabals. Ils étaient grands et forts, se déplaçant sur quatre sabots cachés par de longs poils colorés, éparpillés sur le corps de l'animal. Ma monture possédait plus particulièrement une encolure imposante, des épaules saillantes, une queue touffue avec une mâchoire d'acier : ses dents avaient été, comme pour tout les Cabals que nous possédions, taillées et aiguisées dans le but d'en faire des canines. Huit dents uniquement, dans le fond de la mâchoire, étaient laissées tel quel.
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Ames soeurs
Science FictionArnès : Dieu de la mort, Empereur des cieux, il offre à celui qui le mérite la paix et à l'autre l'enfer. Les ombres qui sont sous son commandement se nourrissent de notre énergie. Énergie qui nous est vitale. Cela fait 300 ans que mon peuple et moi...