Prologue

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Le soleil tape fort aujourd'hui et le vent n'est pas très présent. L'air est lourd et après ma journée d'université, j'ai bien l'envie de me prendre un thé glacé.
Habituellement je suis en compagnie de ma meilleure amie, mais elle est tombée malade, allergie au pollen qui a mal tourné.
Je sors de l'enceinte de ma haute-école et jette un coup d'œil a mon téléphone pour savoir l'heure, j'ai un train à prendre pour rentrer chez moi, deux heures de routes avec les correspondances, je n'ai pas envie de le rater. Je n'ai pas le luxe de me payer un logement étudiant ou de koté à l'école. Mais ce n'est pas grave, j'aime mes études et les trajets en train ne me gênent pas, au contraire, ils me donnent l'occasion de lire, d'écouter de la musique ou de travailler pour certains cours. Il n'y a quand même que ça à faire dans les wagons durant deux heures.

J'ai le temps, largement. Puisque le train de onze heures à été annulé je devrais prendre celui de midi. Alors, je peux aller me prendre ce thé glacé rafraîchissant qui me donne tant envie.

J'entre dans le salon " Bubblegum Sugar", j'y vais assez régulièrement donc les vendeuses me connaissent.
Il y a des gens devant moi dans la file, pas étonnant vu l'heure. Mais un homme que je remarque me semble bien étrange, et je crois l'avoir déja vu, ce n'est pas le profil type à retrouver dans une restauration si...girly ?
Il a des traits asiatiques, est grand, baraqué, à des piercings sur le visage, des tatouages visibles sur les bras et est habillé uniquement de noir. Il patiente à côté du comptoir, les bras croisés et le pied tapant le sol. Il n'a pas l'air de vouloir passer commande mais semble plutôt embêter par quelque chose et attend de parler avec une personne bien spécifique. Une pensée débile me revient : les yakuzas, mafieux japonais, sont connus pour avoir des buisness de bubble tea au Japon.
Mais on est pas au Japon.
Et si ça se trouve cet homme n'est pas japonais.
Il a du sentir que je le regardais car il s'est tourné vers moi.
Je regarde vite ailleurs, étant de nature assez timide et voulant éviter des ennuis avec un individu comme lui, intimidant.

Rapidement mon tour vient :
Je commande.
Je paye.
Je m'installe.
Je reçois ma boisson.

Alors, à ce moment, je décide de sortir mon roman de poche, j'ai voulu commencer un classique que je n'avais jamais lu : 1984. Je dois dire que j'accroche bien à l'histoire, et au style de l'auteur. C'est très prenant.
Je sirote mon matcha frappé en tournant les pages de mon livre, à moité adossée contre la baie vitrée qui borde ma table deux place et le soleil me tape dessus, heureusement qu'il y a l'air conditionné ici.

Je relève la tête de mon livre après en avoir lu un chapitre, la chaise face à moi est bougée. L'asiatique aux tatouages la recule et s'y assied, il me regarde dans les yeux. Je suis confuse, il doit le remarquer puisqu'il se met à sourire et enfin à parler :

-Tu sais, c'est peu commun de voir une jolie fille seule comme ça.

Ah bon ? Il doit être onze heure trente un mardi matin, je pense que beaucoup de femme sortent seule à ces heures là. Cependant je ne dis rien et attend de voir la suite. Surtout que ce genre de conversation ne m'arrive pas souvent, je ne sais pas comment je suis censée réagir. Il continue de parler, toujours ce sourire, un sourire de carnassier sur le visage :

-Il manque un truc à mon téléphone. Ton numéro.

J'arcque un sourcil. Il est vraiment entrain de me draguer avec ce genre de phrase pourries ? Ça me fait échapper un petit rire et il en semble satisfait. Il a l'air d'avoir eu l'effet voulu. Mais je ne veux pas de relations, surtout avec un homme étrange que je ne connais pas. Honnêtement, je suis heureuse de vivre seule avec ma mère, je n'ai besoin de rien d'autre dans ma vie. Je ne veux donc pas donner de faux espoirs à l'homme :

-C'est...mignon. Je rigole, assez gênée. Mais, je ne cherche pas de partenaire...Bonne journée ?

Et là, sans le savoir, j'ai fais une énorme erreur.

Je vois son visage se décomposer, son sourire se ferme et sa mâchoire se serre, il a l'air plus que vexé. Je ne voulais pas le blesser en lui disant ça...J'avais juste envie d'être honnête.
Avec un regard noir il se lève de la chaise, j'ai l'impression qu'il me menace, je regarde ailleurs. Il s'en va en ne disant rien de plus.
Je suis mal à l'aise et me demande bien ce que j'ai pu faire de mal mais rapidement je reprends ma lecture et oublie toute cette histoire.

Deuxième erreur.

ChatonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant