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Je suis recroquevillée sur moi-même, sur le matelas, en position fœtale. Je caresse mon bras doucement en fermant les yeux. J'attends, en repensant sans arrêt à cette journée. Ce matin je profitais du soleil et allait écouter ma musique dans le train. Maintenant je suis dans une prison a l'intérieur d'une cave pourrie possédée par des hommes qui mériteraient qu'on remette la peine de mort à jour. Tout ça pour quoi ? Parce que je n'ai pas accepté les avance d'un gars. J'ai vraiment du mal à réaliser cette situation. La porte s'ouvre et je ferme les yeux avant que les lampes s'allument. Je les ouvre en douceur pour me faire a la lumière et voit Tête-de-piecing, où je suppose Ji-yoo, qui me regarde avec un sourire. Il a un sac en papier craft en main. Ça sent bon. Serait-ce de la nourriture ?
Il prend une chaise, ouvre la porte de la cellule et y entre. Il pose la chaise, s'assied et ouvre le sac. Il sort une bouteille d'eau de 50cl qu'il me donne et une boîte en plastique recyclé cylindrique contenant des pâtes. A peine me donne-t-il la bouteille que je l'ouvre et boit le tout sans réfléchir.

-Eh bah, tu avais soif chaton. Tiens, je te laisse ma bouteille.

Il sort une autre bouteille du sac qu'il me donne et une autre boîte de pâte, deux fourchettes en plastique dont une qu'il me tend.

-Qu'est ce que tu as fais pour avoir le front qui saigne ?

Il demande et commence à manger après que j'ai pris ce qu'il avait en main. Je le regarde un moment, il s'arrête et attend une réponse.

-Je...heu...c'était un accident...Je m'ennuyais, j'ai joué avec mon élastique et sans faire exprès je l'ai envoyé sur un homme...Je ne voulais pas faire ça...

Je réponds en baissant la tête. Il reprend une fourchette de pâtes.

-Boh, ça va aller si ce n'est que ça. Fait gaffe la prochaine fois. Après manger je vais te soigner.

Il dit en riant un peu, comme si ce genre de comportement était normal. Je le regarde attentivement, il a du sang dans le cou et je remarque que les os de ses phalanges sont tous rouges. Il a dû se battre. Je prends ma boîte de pâtes et commence à manger. Ça fait du bien malgré tout. Je relève la tête vers lui.

-Est-ce que...Est-ce que je pourrais avoir une couverture, après ? J'ai froid, ici...

Il me regarde et secoue la tête négativement, il avale ses pâtes avant de parler :

-Tu ne vas pas rester là longtemps. C'est temporaire. J'ai passé l'après midi à t'amenager une meilleure chambre. Enfin, une fois que j'ai eu finis mon travail. Il faut que je paufine certaines choses mais d'ici une heure ou deux je t'y emmènerai.

J'aurais bien aimé avoir cette couverture, même pour une heure ou deux. Ce n'est pas grave, je ne préfère pas insister, je me remets à manger et le regarde de temps en temps. Puis je me demande, ça fait combien de temps que je suis ici ? Il a dit qu'il avait passé toute l'après midi...

-Quelle heure est-il...?

Je demande avec une petite voix. Il sort son téléphone et l'allume, il le tourne vers moi pour que je vois. 20h43. J'avais l'impression qu'il était encore aux alentours de 14heures et a la fois que ça fait des semaines que je suis ici. Mais non, ça fait seulement et déjà approximativement 8heures que je suis là. Ma mère doit être morte d'inquiétude... Les larmes me reviennent quand je pense que je ne la reverrais sans doute jamais. Il ne faut pas que j'ai de faux-espoirs, si j'arrive à sortir d'ici vivante, c'est un miracle. Ils ont parlé avec des collaborateurs devant moi et j'ai vu leurs visages, ils ne me laisseront pas partir.

-Vous...vous allez faire quoi de moi...?

Je demande doucement, la gorge nouée, en serrant mon pot de pâtes. Il relève la tête vers moi, arque un sourcil et rigole, il finit par sourire, avec ce même sourire de requin qu'il avait plus tôt.

-Rien de bien particulier. Tu es juste là pour faire ce que je te demande de faire et passer du temps avec moi. Se détendre a deux.

Je suis mal à l'aise et perplexe. "Faire ce que je te demande" "passer du temps avec moi" "se détendre a deux " il veut dire quoi par là ? Sexuellement ? Je préfère ne pas demander, j'avoue que la réponse me fait peur. Il semble de bonne humeur et est 'gentil' ce serait donc bête de l'énerver.

-Qui...Qui êtes-vous ?

Il me regarde dans les yeux, pose son cornet de pâtes et se rapproche de moi, je n'ose pas bouger. Il est à quelques centimetres de mon visage.

-Qui je suis ? Un lion féroce qui mange les chatons trop bavards.

Il me menace ? Je regarde ailleurs et sent ma gorge qui est encore plus nouée. Finalement il rigole. Il plaisantait ? Je ne sais pas, il avait tellement l'air sérieux.

-Tu as raison, nous ne nous sommes pas encore proprement présentés. Je suis Park Ji-Yoo. Je pense que tu as compris où tu étais et que tu ne sortirais jamais. J'ai ttente sept ans et je suis le futur boss de cet endroit.

Il me fait un clin d'œil." Park " comme "Monsieur Park "? Ça doit être ça...

-Je te demanderai bien qui tu es mais je le sais déjà. Eudoxie LeBlanc, dix-neuf ans, étudiante en marketing et comptabilité. Je peux même te citer ta propre adresse et te dire le nom de ta mère célibataire avec laquelle tu vis.

Je pâli, il connaît des informations personnelles de ma vie. Ce gars me fait peur...Je termine mes pâtes et pose la boîte au sol. Il approche son visage du mien.

-Je t'observe depuis facilement trois mois et c'est seulement aujourd'hui que tu me remarques ?

Je sens le souffle de son nez contre mon visage. Je le regarde dans les yeux puis l'observe. Un piecing a l'arcade sourcilière, un sur le côté du nez, un qui traverse les deux narines et un anneau à droite sur sa lèvre du bas. Ses yeux sont quasiment noirs. Ses cheveux sont bruns... Soudainement, ça me revient. En effet, j'ai déjà vu cet homme, mais il était différent. Il avait une barbe, des cheveux plus longs et n'avait pas encore les piercing ailleurs qu'au nez.

-Ça y est, la pièce est tombée à ce que je vois.

Il me caresse doucement les cheveux et reste quelques secondes à me regarder dans les yeux. Il est souriant mais il n'est pas acceuillant ou chaleureux, il a un air de fou, vraiment. Il semble imprévisible et impulsif, quelque chose dans ses yeux me terrifie. Il le sait, vu son sourire qui grandit. Il décide de me faire, comme tout a l'heure, un bisous sur le front et ensuite il se recule, se remet sur sa chaise et continuera de manger. Je ne parle plus, le chaton ne veut pas devenir trop bavard au risque de se faire croquer.

ChatonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant