- Prologue -

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Medellin, Colombie.
17H43.

Le souffle de la mort m'a toujours entouré: il est avec moi depuis ma naissance, silencieux et vigilant, prêt à prendre quiconque se dressera sur son chemin. Il me collait à la peau, si bien qu'au lieu d'essayer de reprendre une vie comme toutes personnes normales qui ignorent ce à quoi ils étaient destinés, je l'ai embrassé pour en faire mon métier.

Avec la mort à mes côtés, je me sentais libre - voir même intouchable. J'étais payée pour tuer et cela me convenait. Dans la peur, je me sentais vivante. Quelle jeune fille naïve j'étais...

Elle est devenue plus impatiente au fil du temps, plus tranchante, emportant des vies qui n'étaient pas censées partir. Elle était une partenaire qui veillait sur moi, avant de devenir un monstre inarrêtable que j'ai dû combattre.

Je me souviens parfaitement de cette fameuse nuit, et même des suivantes. Du sang qui coulait en abondance, des tirs qui animaient la pièce, des corps qui chutaient les uns après les autres. Je me souviens de chaque coup reçu. De chaque parole dite. Du hurlement qui m'a déchiré de l'intérieur.

C'est à ce moment-là que j'ai senti qu'une chose avait changé. Ce monstre a disparu et a emmené avec lui cette insouciance malsaine qui me faisait prendre des risques inconsidérés. Me laissant maintenant que la colère comme seule conséquence.

Elle dicte mes choix depuis des années maintenant. Ainsi la femme que j'ai voulu faire disparaitre à mes quinze ans est revenue, comme si elle était juste enfouie depuis des années, se préparant à reprendre sa place au moment opportun.

Avec cette furie intérieure, j'ai abandonné mon combat, replongeant dans un monde où je m'étais promis de ne jamais remettre les pieds. Je me suis laissé aveugler, je me suis aventurée sur des chemins que je n'aurais jamais empruntée si je n'avais pas accepté un contrat.

Prête?

La voix de Manolo brise le silence qui donnait libre cours à mes pensées. Il me remet dans cette chasse à l'homme d'un seul mot. Mon regard se fixe instantanément sur la porte de l'immeuble à quelques mètres de nous.

La lumière aveuglante des fins de journée ne m'empêche pas de voir parfaitement les hommes et les femmes qui quittent leurs bureaux d'un pas pressé pour aller rejoindre leur proche. Le poids de l'arme dans ma main se fait ressentir - tout comme son regard sur moi.

Il ne reste que deux minutes avant que le juge ne passe la porte d'entrée. Deux minutes avant que cet homme ne se voit ôter la vie. Deux minutes avant que la ville ne s'immerge à nouveau dans la peur et la terreur.

Je n'ai pas besoin de lui répondre, le feu incandescent qui me parcourt doit encore se refléter sur mon visage au vu de son sourire qui s'agrandit en quelques secondes.

Allons régler ce léger désagrément alors.

Quarante-cinq. La porte s'ouvre pour laisser passer le juge Velasquez. Dans son costard bleu correctement mis, il ne se doute pas qu'avoir participé à l'arrestation d'un homme de Del Olmo il y a quelques jours va lui être fatal.

Il nous faut moins de trente secondes pour arriver à sa portée. Le boulevard est dégagé, me laissant une complète liberté pour ajuster mon tir. La musique mise comme fond sonore est étouffée par le bruit strident de la ville lorsque j'ouvre la fenêtre. L'air est étouffant - même après six ans, je ne supporte pas cette humidité couplée aux fortes chaleurs.

Le bruit du premier tir stoppe toute l'animation autour de nous. L'homme tombe sur ses genoux, hurlant de douleur alors que les passants à proximité se mettent à hurler de terreur simultanément.

Une nouvelle partie de moi est fière d'avoir semé un tel chaos en fin d'après-midi. Une nouvelle flamme s'allume, ranime ce sentiment de liberté que je n'avais pas conscience d'avoir recherché. Le voir se mettre à genoux, même si ce n'est pas devant moi, provoque un sentiment de puissance que je ne veux plus perdre.

Il se met à paniquer violemment, cherchant frénétiquement des yeux la personne qui a tiré dans son genou. Et nos regards se croisent. Avant qu'il ne croise celui de Manolo.

C'est en me voyant recharger l'arme pour tirer le tir mortel qu'il se met à nous implorer pour avoir la vie sauve.

Je me suis toujours demandé ce qu'il se passait pour eux quand ils se rendent compte que la mort les attend. Pourquoi se mettent-ils à demander la clémence alors que leur sort est déjà scellé? Pourquoi préfère-t-il partir en lâche plutôt qu'assumer leur acte?

La flamme s'éteint pour laisser place à cette rage qui explose lorsque je le vois se mettre à pleurer et à gémir. Il n'a plus aucune retenue, plus aucune dignité et cela me rend folle. Aucun des passants n'ose se rapprocher par peur de devenir la prochaine cible restant mais restant tout de même proche pour pouvoir apercevoir la scène, prêt à intervenir dès que Manolo reprendra la route.

Le silence est maître au moment où la balle atterrit en plein milieu de sa poitrine. Il n'a pas le temps de comprendre qu'il s'écroule face contre terre. Les voyeurs réagissent cependant trop tard, s'enfuyant rapidement et créant un mouvement de panique qui permet à Manolo de partir tranquillement.

La fenêtre de nouveau fermée, j'explose de rire. Un rire euphorique, dément qui me permet d'évacuer ce mélange d'émotions auxquelles je suis désormais habituée. Il me permet de revenir à un semblant de normalité - une normalité dont je n'ai plus envie de me séparer dorénavant. Il me laisse reprendre mes esprits tranquillement tandis qu'il sourit simplement, regardant dans les rétroviseurs pour observer une potentielle voiture de police.

Putain, j'en peux plus de porter cette perruque. Rappelle-moi pourquoi tu m'y as obligé? Je râle une fois calmée.

Je dépose l'arme par terre, suivie de mes lunettes de soleil. Je déteste quand il m'oblige à la mettre - sous cette chaleur, c'est impossible de la supporter correctement.

Parce que tu sais aussi bien que moi que si je t'avais laissé sortir sans, tu n'aurais jamais pu sortir de chez nous sans te faire shooter, constate-t-il. Je n'ai pas envie de perdre mon adjointe pour un détail aussi insignifiant qu'une couleur de cheveux.

Nous quittons le district des affaires sans être suivis. La tension légèrement descendue, il augmente le volume de ma musique alors que je pose mes pieds sur le tableau de bord. Je regarde les immeubles défiler au son de ses sifflements, un sourire aux lèvres, laissant derrière moi la terreur se développer. La mort a encore frappé: mon esprit est apaisé.

La mort m'a toujours entourée, se nourrissant des multiples contrats que j'ai réalisés pendant des années ou bien des assassinats que ma famille faisait. Et bien qu'elle ait disparu cette nuit-là, elle a fait un retour percutant lorsque j'ai rencontré Manolo lors d'un tournoi de poker.

Prête à faire sortir Belova de sa cellule?

Je lâche un souffle tout en ajustant la perruque brune encore parfaitement mise avant de maugréer:

Comme si j'avais le choix.

Je ferme les yeux, tentant de rester concentrée sur la deuxième partie de la sortie d'aujourd'hui. Mais l'unique chose qui me vient à l'esprit, c'est que je vais à nouveau faire la une des journaux demain matin... Et que j'ai presque hâte d'y être.

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✨ Hi ! ✨

Finalement, il est arrivé plus tôt que prévu ce prologue du second tome ! 🎉🎉

On repart avec les mêmes et des petits nouveaux. Plongez directement dans le contexte de cette suite: ce ne sera pas la Svetlana qui était calme dans le premier tome. Attendez-vous à un aspect plus sombre de sa personnalité. 😉

Sinon, j'espère que ce prologue vous a plu. 😊

Dîtes-moi ce que vous en avez pensé et moi je vous retrouve au prochain chapitre. 😊

Bonne lecture! 🤍🤍🤍

Revenge - Tome ⅠⅠOù les histoires vivent. Découvrez maintenant