Revenge - Tome ⅠⅠ

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Natalia Romanova

La douceur de son toucher ne faiblit pas. Il reste un fantôme, un souvenir qui est devenu de plus en plus rare que, désespérément, je le recherche même dans les moments critiques. Un manque que je n'avais pas conscience d'avoir se fait ressentir juste après. Il me comprime la poitrine au point de ne plus savoir respirer, il me donne l'envie de hurler, de la secouer violemment pour qu'elle sorte de cet état indéfinissable. Pourtant, je ne veux pas le faire. Je ne peux plus le faire. Parce que quelqu'un qui n'a pas envie d'être sauvée fera tout pour repousser les mains tendues, et que mes mains ont déjà trop de cicatrices pour l'aider. Tout ce que je peux faire, c'est la regarder tituber jusqu'à sa chambre, l'odeur de l'herbe embaumant encore le salon.

– Tu vas t'occuper du dossier, n'est-ce pas?

Une tasse de café dans la main et son téléphone dans l'autre, Del Olmo s'assoit nonchalamment dans le canapé, laissant échapper quelques gouttes de sa boisson sur le marbre. Il est épuisé. Ses cernes noirs se creusent un peu plus chaque week-end, prouvant à quel point son comportement nous affecte tous. Lui donnant un léger sourire, je lui affirme ainsi qu'il n'aura pas un autre problème à rajouter à sa liste aujourd'hui.

– Bien sûr, je ne vais pas la laisser avec un mandat d'arrêt une nouvelle fois.

Le rouge à lèvres sur son menton était bordeaux, légèrement mat et réfléchissant au soleil, s'écaillait lorsqu'elle souriait. Ses cheveux blancs étaient emmêlés d'une manière que seul un geste précis peut faire. Les filles avec qui je passais mes nuits finissaient de la même manière.

– Tu as pu avoir accès à l'ordinateur de Velasquez?

Le silence après son passage était trop lourd pour être contenu. Donc dans un geste de dernier recours, il se met au travail. Comme si le fait de ne pas en parler allait faire disparaître les dernières minutes passées. Si personne n'en parle, alors le problème n'existe pas. Pourtant, il est là depuis des années, grandissant devant tout le monde sans qu'on ne trouve le moyen de l'arrêter.

– Pas totalement, je n'ai pas trouvé de trace entre lui et Castilla, même au niveau bancaire. Les rentrées d'argent sont toutes dans la même tranche.

– Ça ne peut être que Castilla qui a foutu Yelena en taule. Il a dû payer pour que Velasquez monte un dossier.

– Encore faut-il le prouver. Je ne m'engagerai pas dans une énième vendetta pour me venger Manolo.

Je tente vainement de me concentrer sur le travail mais mon esprit est ailleurs. J'essaye de me raccrocher à cet espoir; l'espoir de ne plus voir ses yeux rouges, son regard vitreux ainsi que les traces de ses conquêtes d'un soir chaque week-end. Pourtant, je sais parfaitement que cela ne sera toujours qu'un espoir. Parce que tous les excès qu'elle semblait éviter auparavant sont devenus les points d'accroche de sa vie et que rien ne peut la stopper.

– Tu peux t'occuper de ses tâches aujourd'hui? Elle ne sera pas capable de faire quelque chose d'utile, souffle-t-il.

Sa place importante ne lui confère aucunement une immunité. Son amitié incompréhensible avec Manolo ne l'aide pas également: quand il s'agit de son réseau, il ne supporte aucun écart. Passant sa main sur son visage, son agacement devient plus visible lorsque Baldo se poste à côté de lui pour lui énoncer les faits de la soirée de Svetlana. Je reprends l'ordinateur, ne voulant pas entendre les exploits prodigieux de celle que j'observe dépérir devant moi sans que je ne puisse intervenir.

Quand mes yeux se sont ouverts cette nuit, j'ai réalisé. À l'étage régnait un calme absolu. L'obscurité envahissait le couloir et l'ambiance qui en découlait était lourde. Puis sa présence dans l'entrebâillement de la porte de ma chambre m'a indiqué ce que je ne voulais pas savoir.