24| Lo'ak

325 34 39
                                    

Mes bras sont serrés autour d'elle, et je sens tous les membres de son corps trembler comme si elle avait froid.

A genoux, par terre, je regarde autour de moi sans comprendre ce que je dois faire.

Je lui ai demandé si ça allait, elle ne m'a pas répondu. Elle ne dit plus rien depuis une dizaine de minutes. Elle tremble juste. Ses mains recouvrent son visage, posé sur mon épaule, et mes bras entour ses épaules et son dos.

Mes yeux voyagent partout entre les arbres qui recouvrent mon champ de vision, ils voyagent si vite que ça m'en donne mal à la tête. Pourquoi je me sens perdu ?

Je ne sais pas quoi faire.

Je me doute bien qu'elle ait retrouvé ses souvenirs. Ou quelque chose comme ça. Sinon elle ne réagirait pas de la sorte.

Elle commence à trembler de plus en plus fort. A moins que ce ne soit moi qui tremble aussi. Je la sens vulnérable, et je n'aime pas ça, d'une certaine manière. Comme si sa vulnérabilité se reflétait sur moi par la même occasion.

— Dysis ? je chuchote.

Elle ne répond rien. Mais ses tremblements finissent par s'atténuer plus les minutes passent.

— Comment tu te sens ?

Elle soupire.

— Différente, dit-elle.

— Est-ce une bonne chose ? je demande incertain.

— Je ne sais pas.

— De quoi t'es tu rappelé ?

Elle s'écarte de moi et lève les yeux vers moi. J'ai l'impression que quelque chose est mort dans son regard.

Pour laisser place à quelque chose d'autre.

De la détermination.

— D'une bonne partie de ma vie. Mais je ne me souviens pas encore de la façon dont je suis arrivée ici. Même si quelques hypothèses me traversent l'esprit.

— Comme ?

Elle secoue la tête, n'ayant pas envie de parler de ça, et je respecte.

— Que veux-tu faire maintenant ?

— Sincèrement, dit-elle de sa voix habituellement calme et chaleureuse, j'aimerais me reposer.

Je hoche la tête et me relève avant de lui tendre la main pour l'aider à faire de même, afin qu'on se dirige vers nos loges.

Mais étrangement, elle reste assise, me regardant avec un sourire en coin et un sourcil haussé. Ce visage ne me dit rien qui vaille mais il est tout de même attendrissant et je pourrais passer des heures à l'observer.

— Quoi ? dis-je avec un sourire amusé.

— Je n'ai pas envie de dormir dans ma hutte.

Je penche la tête sur le côté, faisant mine de réfléchir.

— Mmh... il y a peut-être une place au laboratoire ? Je peux aller voir si tu veux.

Elle rigole avant de me regarder dans les yeux. Puis elle tend sa main vers moi et c'est elle qui m'attire à elle.

— Viens là, dit-elle d'une voix suave.

Je hausse les sourcils, avant de m'agenouiller face à elle. Mon visage se rapproche du sien, quand je m'installe sur le sol, et ses yeux croisent les miens à nouveau. Mon cœur s'arrête un moment, quand ses doigts frôle délicatement ma cuisse.

Cet instant est si doux que je ne pourrais penser qu'il ait été autrement il y a quelques minutes.

Je regarde avec alternance, son œil droit et celui de gauche. Elle est si belle. Si différente. Au premiers abords elle semblait tellement intouchable, et maintenant je ne peux m'imaginer sans elle.

Je te voisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant