Le choix difficile de partir : la décision de fuir le pays
⬇️Cette nuit-là nous avons dû quitter notre résidence à Phnom Penh. Tout était si différent, si étrange. L'atmosphère était lourde et triste, comme si le monde entier s'était effondré sur nos épaules. Les rues étaient désertes, les lumières éteintes et les bruits de la ville avaient disparu. Tout ce qu'on entendait, c'était le bruit des bottes des soldats qui patrouillaient dans les rues.
Je me rappelle aussi de l'odeur de la fumée qui flottait dans l'air. Des bâtiments brûlaient un peu partout dans la capitale. Les flammes éclairaient le ciel noir et donnaient une ambiance cauchemardesque. J'étais terrorisée, mais je savais que je devais rester forte parce que je voulais vivre.
Nous avons rassemblé quelques affaires essentielles dans des sacs et nous sommes partis. Les rues étaient jonchées d'objets abandonnés, de meubles, de valises, de jouets. Tout le monde fuyait la ville. Nous avons marché pendant des heures, sans savoir où aller, sans savoir si nous allions survivre.
En fin de compte, nous avons trouvé refuge dans une petite maison du style coloniale. Il y avait déjà des centaines de personnes qui y avaient trouvé refuge. Les gens étaient affamés, fatigués et apeurés. Nous avons dû partager un petit espace avec une famille de réfugiés qui avait perdu leur maison dans les combats.
Cette nuit-là, j'ai appris que la vie peut changer en un instant. Tout peut basculer du jour au lendemain. Mais j'ai également appris que l'espoir peut être trouvé dans les endroits les plus inattendus et que les gens peuvent être incroyablement forts dans les moments difficiles. Les jours qui ont suivi notre fuite ont été difficiles et épuisants. Nous avons dû trouver de la nourriture et de l'eau pour survivre, tout en évitant les soldats qui patrouillaient dans les rues. Ma mère était très inquiète pour mon père, qui était resté pour organiser la résistance contre les Khmers rouges. Nous avons reçu des nouvelles sporadiques, mais rien de concret.
Un matin, ma mère est rentrée dans la maison coloniale avec une expression de tristesse sur son visage. Elle m'a prise dans ses bras et m'a murmuré que mon père avait été tué. Je ne sais pas si j'étais dévastée. Car à cet âge là, on a pas conscience de la mort d'un proche. Je ne crois pas que je me suis effondrée, j'étais seulement incapable de comprendre pourquoi ma mère pleurait, qu'elle ne faisait pas attention à nous. Au fils des jours, j'ai su que ma mère était en état de choc. Elle avait perdu son mari, son partenaire dans la vie, son confident. Elle est restée silencieuse pendant des heures, assise dans un coin de la pièce, le regard dans le vide. Les autres réfugiés essayaient de la réconforter, mais rien ne semblait fonctionner.
C'est alors que j'ai commencé à percevoir des bribes de conversations qui se tenaient autour de nous. Des hommes parlaient de vengeance, de justice, de libération. Ma mère écoutait, silencieuse, mais attentive. Elle semblait chercher une solution, une réponse à la mort de mon père.
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De la persécution à la résilience
RandomJe suis une réfugiée politique, et chaque événement qui a jalonné ma vie a été difficile à traverser. J'ai dû quitter mon pays d'origine pour trouver refuge dans un autre pays, car ma vie était en danger. Mes parents ont fait partie d'un groupe ayan...