[Partie I] XXXIV - Valentina

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Debout, devant la fenêtre, j'observe les rayons du soleil à travers les rideaux du salon. Le jour est déjà levé depuis un petit moment. Les New-Yorkais s'affairent pour débuter cette nouvelle journée qui s'annonce ensoleillée. Le mois de juin continue sa course vers l'été. C'était mon mois préféré lorsque j'étais petite. J'aimais sentir la chaleur des rayons du soleil sur ma peau. Pouvoir porter les petites robes que mon père m'achetait. Jouer dans le parc de la résidence avec Luca. Manger des glaces et m'en mettre plein le visage. Oui, juin était le mois des rires et du bonheur.

Mais il y a bien longtemps que je ne sais plus ce que signifient ces mots. Je ne me souviens même plus de la dernière fois que j'ai ri aux éclats. Même sourire est difficile pour moi. Je ne sais plus apprécier les bons moments que la vie aurait pu m'apporter. J'ai conscience que Greg a toujours voulu m'aider. Qu'il s'est comporté avec moi comme un grand frère. Et je n'ai même pas su le remercier. Je sais qu'il m'en voudra.

Ils m'en voudront tous.

Mais comme je l'ai dit et écrit à Luca, il n'y a plus que le vide en moi. Et même si la présence d'Ethan a ravivé en moi des souvenirs enfouis au plus profond de mon âme, je ne peux pas les laisser revenir. Ça ne m'apporterait à nouveau que souffrance. Je ne suis pas faite pour cette vie. Ils se sont chargés de détruire toute espérance d'une vie normale.

Je ne supporte plus le contact humain. Enfin presque. Bordel, j'étais prête à frapper Luca lorsqu'il a voulu me toucher la tête ! Comment puis-je lui infliger une sœur qu'il ne pourrait même pas serrer dans ses bras ? Il va me pleurer quelque temps, mais dès qu'il tiendra son enfant dans ses bras, il pourra passer à autre chose et faire son deuil.

Je me retourne pour regarder cette pièce qui a entendu et vu beaucoup de choses cette nuit. Je ne peux pas dire que je suis fière de ce que j'ai fait. Mais il fallait que je le fasse. J'avais besoin d'évacuer toute cette rage accumulée depuis tant d'années. Alors j'ai appliqué ce que j'ai appris durant mon apprentissage avec Danny. Les mains sont un merveilleux terrain de jeu. La première brûlure sur son auriculaire a vite été oubliée lorsque je me suis attaquée à la partie située entre les doigts. Le plus dur pour Enrico ? Avoir les mains dans le dos et ne pas anticiper mes gestes.

Je le sentais se crisper dès qu'il sentait la chaleur de ma cigarette s'approcher de sa main. Il ne savait pas à quel moment j'appliquerais le bout incandescent sur cette fine peau si proche des nerfs collatéraux des doigts. C'est ce qui est intéressant avec les nerfs. On brûle à un endroit, mais la douleur se propage tout le long de ce filament si fin. Il a résisté de longues heures avant de me supplier. Je dois lui reconnaître cette force.

Bien évidemment, je lui laissais un peu de répit entre les brûlures. Ça me permettait de poser mes questions et d'essayer de comprendre pour quelle raison il m'a imposé cette vie. Et quand ses explications ne me convenaient pas, je recommençais ma douce torture. Il a perdu connaissance deux ou trois fois, mais un verre d'eau en pleine figure le ramenait à moi. Étrangement, il est devenu plutôt bavard au fil des heures qui défilaient.

Il m'a donc tout dévoilé. Enfin, je crois. Mon véritable père est venu le voir au mois d'avril 2000 afin de lui faire lire la lettre qu'il avait reçue. Celle que ma mère lui avait écrite, mais jamais envoyée. Enrico a tout d'abord refusé de croire ce qui était écrit. Avant de commencer à avoir des doutes. Surtout lorsqu'il a revu ma tache de naissance. Celle sous l'omoplate droite et représentant un cœur. C'est à ce moment-là qu'il a demandé une analyse ADN.

Il m'a avoué que durant cette attente, il s'est mis à m'observer, à m'analyser. Quand il me voyait aux côtés de Luca, il cherchait les ressemblances entre nous. Mais rien ne pouvait dire que nous étions frères et sœurs. Si ce n'est l'amour qui nous unissait tous les deux et le même bleu dans nos yeux. Ses doutes se sont confirmés lorsqu'il a reçu les résultats d'analyse. Je n'avais aucun lien de parenté avec lui. C'était la veille de mes huit ans.

La vengeance de Valentina [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant