Je frappe, encore et encore, le sac accroché au plafond, afin de me vider la tête de tous ces souvenirs de Luca qui remontent depuis quelques jours, comme une vague déferlante, emportant tout dans son sillage. A croire que d'avoir évoqué son nom avec Danny à débloquer quelque chose dans ma tête, mais je ne dois pas céder à ces images de bonheur. Alors je continue de frapper, jusqu'à en avoir mal aux bras.
Le bonheur n'est pas fait pour moi.
Quand j'arrête de frapper le sac, je suis en nage, à la limite d'avoir des crampes. Adossée contre le mur de la pièce, je fini par me laisser glisser le long, les coudes sur mes genoux, j'enfouis ma tête dans mes mains, encore protégées de mes gants. J'essaye de réguler mon souffle pour ne pas me laisser envahir par cette vague que je sens venir, mais c'est peine perdue. Je la sens venir comme lorsque j'avais dix ans, seule dans cette pièce lugubre.
C'est une sensation qui prend au plus profond des tripes, comprime le cœur, broie les poumons et enserre la gorge. Puis se sont les lèvres qui se mettent à trembler avant que les larmes coulent sans fin sur les joues. Mais tout ça était derrière moi depuis si longtemps ! Pourquoi mes nuits sont à nouveau ponctuées de ses yeux aussi bleus que le ciel et de son rire cristallin ?
J'étouffe mon cri de rage dans mes poings, toujours recouvert de mes gants.
Vingt-deux ans, et la douleur dans cet organe qui me tient en vie, est toujours aussi présente. Je dois juste tenir quelques mois avant de pouvoir enfin mettre un terme à toute cette souffrance. Je dois tenir, mais aujourd'hui je laisse ce torrent d'émotions me submerger et me noyer dans mon chagrin.
Je ne sais pas combien de temps je reste là, contre ce mur, à verser toutes les larmes que mon corps à garder de trop nombreuses années. C'est finalement la sonnerie de mon téléphone qui me sort de ma torpeur et me fait redresser la tête. Je me relève en soufflant profondément pour masquer mon état et m'aide de mes dents pour défaire mes gants. Arrivée près de la table, j'attrape mon téléphone qui affiche le nom de Danny, mais la sonnerie se coupe.
Je balance mes gants sur mon matelas et attrape ma bouteille d'eau pour me réhydrater du trop-plein de larmes et de sueur versée. Je jette un œil à mon téléphone, attendant qu'il me rappelle, ce qui ne tarde pas.
—Salut Irina. Je te dérange ?
—Si je te réponds oui, tu raccroches ? l'interrogé-je en m'appuyant contre la table.
—Tu sais bien que non, répond-il en rigolant. J'ai une mission pour toi. Urgente.
—Vas-y, je t'écoute.
—Une petite main que j'avais infiltré chez Bosciano qui se fait courser par les flics. J'aurai besoin que tu l'élimines.
—Qu'est-ce qu'il a fait ?
—Bosciano pense pouvoir vendre de la coke sur nos plates-bandes. J'avais fait venir Milo de Palerme pour l'infiltration et il devait faire ses preuves en dealant pour Alfredo, tout en continuant de bosser pour nous.
—Ok. Et pourquoi il y a urgence ?
—Il est dans le collimateur des stups depuis plusieurs semaines. Après l'avoir surveillé pendant quelque temps, ils l'ont pris en flag ce matin, et le pourchassent à travers la ville. Milo doit sûrement vouloir passer chez lui pour récupérer son fric avant de se barrer. Je veux que tu le butes avant que les flics l'interrogent. Il ne tiendra pas une heure en interrogatoire avant de tout balancer.
—Et il crèche où ? Parce que si les flics le suivent, ils ne vont pas tarder à le choper, déclaré-je en jouant avec mon briquet.
—Justement, il n'est pas loin de chez toi. 1317 Bushwick Avenue.
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La vengeance de Valentina [Terminée]
RomanceComment vivre quand on a vécu six années de son enfance en enfer ? Comment aimer un corps que des bourreaux ont détruit ? Valentina a 30 ans. La mort n'a pas voulu d'elle le jour de ses 14 ans. Devenue invisible de tous, elle sillonne pourtant les r...