Leçon n°3 (3/3) * & **

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Leçon nº3 : Pourquoi tout bon cuisinier doit savoir allumer un feu. (3/3) * & **

Avertissement : je vous rappelle que la liste des TW et CW est disponible au dernier chapitre, et qu'une astérisque * est apposée sur chaque chapitre contenant des CW, et deux astérisques ** sur les chapitres contenant des TW. Sur ce, bonne lecture !

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[Précédemment : Prudemment, il s'approcha de la porte donnant sur la salle. Plus il avançait, plus une écœurante odeur de viande avariée le prenait à la gorge. Sans oser franchir la pile d'objets brisés (à laquelle il se retenait de lancer un regard de peur d'être bouleversé), il observa ce qu'il se passait par la porte à demi ouverte.]

De l'autre côté du mur, se trouvaient quelques individus. Certains furent identifiés par Jae comme des habitués de son restaurant : Frank, le vitrier ; Catherine, la femme d'un des administrateurs de l'usine de chaussures. Jae aperçut aussi le petit décrotteur – qui tenait toujours une brosse à la main – ainsi que la femme qui lui avait arraché son pantalon. Mais la plupart d'entre eux étaient des inconnus qui n'avaient pas fait partie des casseurs ayant littéralement ruiné son (jadis) si magnifique et resplendissant restaurant.

Tous erraient, l'air hagard. A leurs pieds, entre le mobilier détruit et la vaisselle en miette, gisaient dans une mare de sang séché trois corps plus ou moins entiers, et plus ou moins identifiables. Entre deux boyaux et un avant-bras orphelin, Jae réussit à déterminer qu'il s'agissait de clients. Des clients qui, moins d'une journée auparavant, dégustaient les plats inégalables, confectionnés par l'exact même cuisinier que celui contemplant en cet instant leurs cadavres.

Jed, qui avait pourtant le cœur bien accroché, fut pris d'une nausée et repensa aux paroles de Miss Steel concernant son saucisson. Il prenait progressivement conscience que, en quelques heures, le monde avait basculé. Et pas dans le bon sens : il était devenu pire qu'il ne l'était déjà – ce qui n'était pas peu dire.

Jae abandonna l'idée de passer par la salle, et se dirigea lentement vers la porte donnant sur l'arrière-boutique. Cette dernière offrait une sortie dans une ruelle crasseuse, coincée entre deux immeubles. Elle reliait les deux rues dans lesquelles Miss Steel avait aperçu des Mécarmures potentiellement en état de fonctionner.

Cette sortie était elle aussi entravée par de nombreux matériels de cuisine et son phonographe désormais inutilisable. A travers l'entrebâillement de la porte, Jae ne pouvait pas voir grand-chose. Et pour une fois, ce n'était pas la faute de sa piètre acuité visuelle ni de ses vieilles lunettes mal adaptées. Son arrière-boutique était un placard de trois mètres carrés sans fenêtres ; et donc sans lumière. Toutefois, grâce au peu de lumière filtrant par le panneau de bois fracassé qui faisait jusqu'alors office de porte de sortie, il ne repéra pas non plus d'enragés. Ce serait donc par ici qu'il passerait.

Un autre problème s'imposait maintenant à lui. Comment allait-il passer par-dessus ce bric-à-brac sans attirer l'attention des enragés se trouvant dans la salle ? Jae préférait éviter de devoir rejoindre une Mécarmure en étant poursuivi par une dizaine de personnes ne lui voulant pas que du bien. Il avait beau retourner la situation dans tous les sens, il en arriva pourtant à cette terrifiante conclusion : faire du bruit pour s'extraire du bâtiment serait inévitable.

Jae embrassa la cuisine du regard, à la recherche de tout ce qui pourrait lui servir d'armes. D'armes avec plus d'allonge que les couteaux encore accrochés à sa ceinture.

Les Rouages de l'Apocalypse : Guide de survie pour cuisiniers en détresse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant