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Je suis allongée dans l'herbe, face contre terre. Et je me suis rarement sentie aussi mal. Ma tête me lance, et mon ventre proteste bruyamment contre la quantité de bière que j'ai ingéré. J'en avais jamais pris avant, et je peux l'affirmer : je ne tiens pas l'alcool.

Beuh...

À une vingtaine de mètres de là, Laure est entourée par son petit groupe d'amis. Elle rie fort, et ça résonne dans mes oreilles, aggravant ma migraine. Je gémis. Assise à côté de moi, Cassandre joue quelques accords sur sa guitare en me couvant du regard. Elle finit par me demander ;

- T'es assez bourrée pour y aller ?

Je ne répond rien, j'ai la tête qui tourne. Mon amie souffle doucement, et se lève.

- Je vais te chercher un autre verre ?

- Ouais, je murmure.

Elle se lève prestement, pose son instrument, et pars vers le buffet, me laissant seule avec mes nausées. Ma main droite caresse les brins d'herbe avec lenteur, et j'arrive enfin à m'asseoir, voyant Cassandre arriver vers moi, avec une bouteille dans chaque main. Elle me voie, elle sourie ;

- C'est okay, t'es assise. Ça va aller ?

J'acquiesce. La musique, diffusée par l'enceinte installée près de notre bar de fortune diffuse une musique rock sur laquelle certains, les moins saouls, peuvent danser. Les arbres du parcs étendent leurs ombres inquiétantes dans le soir tombant, comme des mains qui chercheraient à nous attraper. Suspendues à leurs branches, des guirlandes électriques semblent tenir par un vrai miracle, alors que nous avions passé un temps fou à les installer quelques heures plus tôt. Les douces lueurs bleues et vertes qu'elles dégagent apaisent mes sens endoloris par l'alcool. Une odeur de brûlé, ainsi que la lumière d'un feu de bois proviennent du barbecue que les plus âgés – mais pourtant pas les plus responsables – d'entre nous entretiennent, dans l'espoir de faire griller de la guimauve. Je bois une gorgée, et marmonne ;

- C'est complètement stupide. Ça marchera jamais.

- De quoi ?, répond Cassandre. De leurs tentatives minables pour faire cramer des bonbons ?

- Non. Tu sais très bien ce que je veux dire.

Elle réfléchit un instant.

- Ah ça ! Si, t'inquiète pas, le plan marche à merveille. C'est insane !

- Absolument pas, je réplique. La preuve ; t'as une bouteille dans la main ! T'étais sensée ne pas boire, histoire de surveiller ce que je fais !

- Hey, keep cool !, lance mon amie en s'étirant et en jetant un regard tout sauf discret à Laure. Stresse pas c'est rien. Je garde les idées claires.

Je soupire, et bois encore un peu. Petit à petit, la douleur s'estompe pour laisser place à un sentiment d'hébétude. Je finis par reprendre la parole ;

- Bof. Fais ce que tu veux. Ce plan ne rime à rien, je laisser tomber.

Cassandre s'énerve ;

- Tu te fous de moi, Alizée ?! Tu réalises les efforts que j'ai dû déployer pour que cette tête de poire accepte de venir ? (voyant que la concernée commence à la regarder bizarrement, elle baisse d'un ton, et reprend) Sérieux, c'était une vraie galère ! Dès que tu as fini, tu vas la voir, et tu suis ce qu'on a mis au point. Je veux bien être nice, mais là c'est bon ! Dans le pire des cas, elle te repousse, et de toutes façons, demain matin tu as tout oublié !

Je ne répond rien, et me contente de finir lentement ma bière. D'aucuns diront que boire à 15 ans c'est pas une bonne idée, mais je crois que, soit je suis trop influençable, soit je suis totalement maso. En fait, vu les circonstances, je suis clairement fan de souffrance.

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