Je partageais mon existence aux côtés d'un homme, un Homme d'amour. Nous nous étions rencontrés au printemps, il représentait l'essence de l'idéal, pour lui, j'aurais décroché le soleil lui-même. Mon âme s'emplissait de béatitude au même rythme que les narcisses s'ouvraient au monde. Nous aurions pu finir comme Bonnie et Clyde, ensemble jusqu'à l'ultime soupir.
Mais cet Homme d'amour s'était métamorphosé, au courant de l'été, en un Homme d'incompréhension et d'incertitude. Mon amour demeurait, cependant un voile de doute s'était installé, et le problème avec ce doute, c'est qu'il n'a jamais daigné s'évanouir dans l'ombre de la certitude.
J'étais au bord de la rupture avant même l'arrivée de cet Inconnu.
Un Inconnu qui, durant l'automne, s'est progressivement immiscé dans mon esprit, étendant son emprise jusqu'à en devenir envahissant. Puis nos chemins se sont croisés, et, comme les feuilles orangées des arbres, son souffle porteur d'espoir a insufflé en moi la liberté de m'envoler. C'était mal, et j'en avais conscience, et pourtant je me suis laissé emporter. Ainsi je trahissais celui dont j'étais supposée être éperdument amoureuse, l'Homme d'incompréhension et d'incertitude.
Je me sentais peu fière de mes actes, mais j'avais tout donné pour lui. Que faire pour secourir un être qui refuse l'aide?
L'amour pour l'Homme demeurait, mais l'incertitude m'en détachait, comme les sentiments d'été qui s'évanouissaient en nous avec l'arrivée de la fraîcheur. Cela l'a transformé en Homme de colère.
Puis l'hiver s'est installé.
J'ai continué à côtoyer l'Inconnu, mon unique source de chaleur au milieu de l'ère glaciaire que je traversais, puisque l'Homme s'est dégradé rapidement, aussi vite que le raccourcissement des jours. L'homme de colère s'était durci et était devenu impitoyable, semblable à une tempête féroce, incontrôlable et glaciale, dévastant tout sur son passage. En cette période, j'ai rencontré l'Homme de peur, de crainte, l'Homme de douleur.
Ce fut la fin de cet Homme de malheur.
L'hiver s'estompait et laissait place au renouveau. Les rayons de l'Inconnu ont progressivement réchauffé mon être et fait éclore tout autour de nous des milliers de jolies Jacinthes.
Alors que l'Homme est devenu Homme de haine et de rancune.
Parfois, je me regarde dans la glace et je regrette mon choix, je me trouve cruelle de par ma tromperie, mais cela ne dure jamais longtemps. J'ai été confrontée à un dilemme cornélien. Moi ou l'Homme? Au cours de cet été-là, j'avais déjà tout donné pour le sauver. L'homme avait-il besoin de moi ou était-ce seulement le syndrome du sauveur qui faisait rage?
Me regarder péricliter et délaisser cet Inconnu était une option, mais qui peut oublier quelqu'un qui réussit à réparer toutes vos fêlures, quelqu'un qui change vos cauchemars en rêves d'amour, quelqu'un qui vous fait retrouver le sourire devenu faux depuis trop longtemps? Qui peut oublier l'espoir de retrouver sa vie tel un phénix renaissant de ses cendres?
J'ai choisi de partir vers l'inconnu .
Pourquoi rester aux côtés de quelqu'un qui, au contraire, nous regarde brûler tout en alimentant ce feu qui nous détruit avec rage. Pourquoi rester pour l'Homme de malheur dans la souffrance et la peur, alors que j'avais cet Inconnu qui me tendait la main.
13-11-2023
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Inspiration nocturne
PuisiJe ne suis pas poète, mais pourquoi ne pas mettre mes pensées sur papier ou plutôt les taper. Un recueil de poèmes et de textes divers et variés.