Chapitre 1 : La vision

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Nous nous disputions. Encore une fois. Décidément, Jacob était devenu plus enclin à la colère ces derniers temps, sa récente mutation y était sûrement pour quelque chose. De mon côté, j'étais vide, amorphe. Habituellement, à ses côtés, le trou béant de ma poitrine semblait disparaître, mais mon répit, déjà court, était mis en péril par sa mauvaise humeur.

- Bella, réagit enfin ! Je ne lui fais pas confiance, à cette maudite sangsue, je le vois dans ses yeux qu'elle ne pense qu'à te croquer.

- Alice ne me veut aucun mal et je lui fais confiance, répondis-je d'un ton las, sachant pertinemment que tout ce que je lui disais lui passait au-dessus de la tête.

- Je ne suis pas tranquille.

Je voyais bien qu'il bouillonnait, ses membres tremblaient de rage.

- Toi et tes suceurs de sang adorés, je ne comprendrais jamais !

Il s'approcha de moi, me suppliant des yeux. J'étais maintenant coincée entre le comptoir et lui, ses mains de part et d'autre de moi, appuyées sur le marbre. Fatigué ou résigné, il posa son front sur mon épaule :

- Tu me rends dingue Bella... J'étais décidé à te laisser te débrouiller, ne pas violer le traité...et pourtant me voilà encore une fois, à te supplier...

- Me supplier de quoi exactement ?Chuchotais-je presque.

- De m'...

Il ouvrit la bouche pour me répondre mais c'est à ce moment-là qu'Alice déboula dans la cuisine.

Jacob se redressa immédiatement, sur ses gardes, un grondement dans le fond de la gorge, me protégeant de son corps.

- Du calme, toutou, lança la jolie brune. Bella, j'ai euh.. quelque chose à te dire... en privé ?

Je dépassais Jacob, mécontent, pour me planter devant Alice.

- Vas-y, il peut rester s'il le souhaite.

Jacob ancra ses pieds dans le sol et s'installa confortablement contre le comptoir, un sourire en coin.Alice poussa un soupir :

- Très bien. Je viens d'avoir une vision à propos d'Edward.

Mon cœur loupa un battement à l'évocation de son prénom, et le néant m'envahit. J'étais néanmoins curieuse de ce qu'il se passait, n'ayant aucune nouvelle de lui depuis 6 mois. J'inhalais difficilement.

- Continues...

- Il n'est plus en Amérique, il va en Europe ou en Asie peut-être, son choix n'a pas l'air arrêté. Il va bien. Très bien même. Trop bien, par rapport à l'état dans lequel toi tu es...

Outch, ses mots me firent aussi mal qu'un uppercut dans l'estomac.

- Je ne vois pas trop où tu veux en venir, réussis-je à articuler

- Bella... il ne reviendra pas. J'ai toujours été persuadée qu'il ne pourrait pas rester loin de toi encore très longtemps, mais je crains de m'être trompée. Je l'ai vu... heureux. Loin de Forks, j'ai l'impression de le voir renaître et il m'est de plus en plus lointain. Il ne souhaite plus nous voir non plus. Je suis désolée d'être si franche, mais je pense qu'il est temps de faire ton deuil...

Ainsi, il était heureux... c'en était fini, bel et bien fini de notre histoire. J'avoue avoir gardé un maigre espoir de le voir revenir avec le retour d'Alice dans la région, moi qui avait fini par douter de leur existence même il y a peu. Le trou dans ma poitrine se fit plus profond que jamais,j'allais tomber à la renverse. Jacob me rattrapa et m'enserra la taille par derrière, m'empêchant de me vautrer par terre. La pitié dans les yeux d'Alice me fis encore plus mal. Heureusement, son téléphone portable sonna, elle décrocha à contre-cœur, le regard coupable, avant de sortir, le combiné vissé à l'oreille. Jacob restait silencieux tandis que je pleurais moi aussi en silence.J'aurais pu crier de désespoir si le souffle ne me manquait pas autant. Alice revint :

- Bella, il faut que j'y aille, une urgence à Denali, chez nos amis en Alaska. Je t'appelle au plus vite, d'accord ?

Sans attendre ma réponse, elle me serra rapidement dans ses bras, durs et froids, qui me parurent pour une fois si peu réconfortants. Elle s'éclipsa immédiatement.

Jacob ne dit mot. Et moi, j'étais incapable de bouger. Il comprit et me souleva doucement dans ses bras, m'emmena dans ma chambre. Une fois sur le lit, mes pleurs redoublèrent d'intensité. Jacob alla fermer les rideaux, jetant un regard dur à la forêt alentour, de peur de voir surgir un monstre peut-être. Il vint s'asseoir près de moi et me caressa les cheveux tandis que je ravalais mes sanglots avec difficulté.

- Es-tu toujours en colère contre moi ?Arrivais-je à bredouiller de ma voix rauque à cause du chagrin.Enfin, c'est ce que j'avais tenté de dire du moins.

- C'est impossible quand tu es dans cet état là, répondit-il, un sourire triste aux lèvres.

Je tirais machinalement sur sa manche pour qu'il se rapproche, n'écoutant que mon instinct et désireuse d'un peu de sérénité grâce à son contact. Il se rapprocha doucement, je tirai encore et encore jusqu'à ce qu'il tombe lourdement à mes côtés et me prenne enfin dans ses bras.

- Tu obtiens toujours ce que tu veux,n'est-ce pas ?, il rit doucement. Une vraie tête de mule.

- Moui... désolée, dis-je en reniflant.

Pour toute réponse, il m'attira contre lui, déposant un baiser sur mon front. Il était chaud,réconfortant. Le sommeil me guettait, la crise de larmes étant pour le moment passée.

- Dors Bella, je ne bouge pas d'ici.

Je sombrais finalement, détendue grâce à sa proximité.

Eros LycosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant