10 | Malaise.

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AARON
Le lendemain, 24 octobre 2022, 13h48. Los Angeles, Etat de Californie, Etats-Unis.

À en perdre la vue à force de scruter les environs depuis cette fenêtre, je m'égare dans ce flot de pensées. Je ne peux m'empêcher de repenser au rôle qui m'attend d'ici quelques jours. J'en suis ravi d'accéder à ce poste malgré le chagrin qui me comble en pensant à la façon dont je suis censé le conquérir. Je n'aime pas à avoir recours à la mort.

Cette vague d'affliction, je la balaye du regard lorsque je ressens une vibration venant de mon portable. Une notification purement inutile s'affiche sur l'écran. Je décide d'éteindre mon téléphone avant de jeter un coup d'œil à l'heure. Je remarque que le cours se finit dans moins de dix minutes.

Après quoi, je me mets à ramasser mes affaires après avoir rangé mon téléphone. D'une marche quasiment sourde, je quitte la salle sans que personne ne m'est remarqué. Les couloirs me paraissent trop vides quand je referme silencieusement la porte derrière moi. Rapidement, je m'enfonce dans les corridors à l'approche de sa salle. Il ne me faut pas plus de quelques minutes pour arriver devant celle-ci.

À mon habitude, je me mets à jouer sur mon téléphone afin de patienter jusqu'à que j'entende un raffut se créer à l'intérieur de la pièce. C'est uniquement une minute plus tard que la porte s'ouvre sur moi. Un groupe de garçons excités sort bruyamment de la classe au moment où mes yeux se mettent à sa recherche.

Je la vois ranger promptement son ordinateur avant qu'elle se mette à descendre les marches de l'amphithéâtre pendant qu'un groupe de jeunes femmes la scrutent loin de posés leurs yeux envieux sur moi. Je me souris intérieurement de savoir que mon plan marche à la perfection.

Une fois face à moi, je mine de la contempler tout en lui offrant mon regard le plus amoureux que je puisse faire. Une pensée me travers l'esprit pendant que je me ravis de savoir que tout est faux.

À la hâte, ma main scelle finement la sienne tandis que nos doigts s'entremêlent. J'essaie de ne pas retenir ce détail quand je constate étrangement que sa main tremble dans la mienne alors qu'un fil de sueur se forme dans sa paume. Je la tire dans les couloirs.

Nous marchons à travers les étudiants. Elle semble remarquée que nous nous avançons pas vers son prochain cours. Pourtant, elle ne m'arrête pas, au lieu de cela elle me questionne curieusement :

— Où va-t-on ?

Je ne lui réponds pas alors que je la vois détourner le regard face à mon silence.

Nous arrivons devant une sortie du bâtiment lorsque je pousse la porte avant de la maintenir pour la laisser passer en première. Elle ne me décoche aucun remerciement.

La porte refermée derrière moi, mes poumons hument prudemment l'air frais de l'automne. Le ciel paraît gris malgré les quelques nuages qui virent au noir au-dessus de nos têtes.

J'observe les nuances de l'automne qui ravivent dans les profondeurs l'âme de la mélodie et de la nostalgie. Une nostalgie pure lorsque je revois ma mère sauter dans les feuilles mortes en notre compagnie avant que je me rappelle que tout à une fin, comme la mort, ou le caractère moral qui s'attache aux scènes de l'automne. Comme ces feuilles qui tombent comme nos années, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme nos vies. En outre, ces scènes de l'automne ont les rapports secrets avec notre fin à tous.*

Nous circulons entre les jardins avant d'arriver tout droit vers un autre bâtiment, celui-ci est plus petit. Pour la première fois, ma main se détache de la sienne tandis qu'elle s'agrippe à la poignée, d'un geste leste j'ouvre la porte.

Love Choice (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant