Lumen (Edité)

Prologue [Version éditée]

Venez découvrir les premiers chapitres de ce roman, disponible aux éditions Abeille bleue en juin 2023. 

                                                                                          ✨✨

Il était une fois...

C'est ainsi que commencent la plupart des histoires. Celles qu'on nous comptait enfant, pour nous inviter à rejoindre le monde des rêves. Quatre simples mots, qui n'ont rien d'extraordinaire en somme. Et pourtant, assemblez-les, et vous créez sans plus de difficultés un monde dans lequel on attend impatiemment de se plonger.

Prince, princesse, vilaine sorcière et pourquoi pas un dragon, sans oublier un cheval blanc. Voilà ce que l'on attend de ces histoires-là. « Ils finirent heureux et eurent beaucoup d'enfants ».

Mon histoire n'est pas de celles-ci. Et pourtant, il y a des princes, il y a des quêtes, et une princesse. Enfin, presque. Mais je ne suis pas de celles qui rêvent d'une fin heureuse. Peut-être parce que je n'en ai jamais vu. Parce que la seule histoire d'amour que j'ai connue est l'exception à la règle.

Dans certaines histoires, tout commence dans le sang. C'est le cas ici, à Pacem. Quatre royaumes, quatre familles royales. Mais une qui se démarque. Les souverains de Stella sont les monarques du continent. Les Rois des rois. Et lorsque le dernier s'éteint sans descendants, les vices propres à la nature humaine déchaînent l'horreur. Un mois de bataille, un mois de morts. Soldats, femmes, enfants, paysans. Peur, désolation, voilà ce qui rythme le quotidien des populations, pour le pouvoir que quelques-uns se disputent.

La mort, vicieuse, détruit les vies avant de les emporter.

Le sang coulant dans les rues des villes fut vite assimilé au cours d'une rivière. De là vient son nom : Sanguis Flumen.

Une époque que je n'ai pas vécue. Mais qui est le point de départ de ma vie tout entière. De mon existence même.

Après une bataille sans merci, les Dieux créateurs dirent stop. Ils choisirent alors eux-mêmes celui qui porterait le lourd fardeau de la couronne. Un homme sans le sou, qui ne possédait rien. Mais il était pourtant riche d'un cœur pur et d'un sens de la justice inébranlable.

D'une main de fer, et en seulement une dizaine d'années, il réussit l'exploit de faire revenir la paix. Pour le remercier, les divinités lui offrirent une épouse. Il fut dubitatif lorsqu'on le lui annonça. « L'amour ne s'arrange pas ». C'était sa conviction. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux.

Et pourtant, lorsqu'il croisa les yeux de cet être si particulier, il sut. Son cœur résonna au contact du sien, et plus jamais ils ne battirent à un rythme différent.

Un être de lumière et de magie. Une étoile.

De cet amour hors du commun, qui aujourd'hui encore en fait rêver plus d'un, naquit une petite fille. Une petite lumière, comme ils aimaient l'appeler. Lumen. Moi.

Dit ainsi, l'histoire paraît merveilleuse et digne d'un conte de fées. Si seulement elle s'arrêtait là. La vie n'est pas toujours aussi belle que ce que l'on voudrait. À l'aube de la naissance de son second enfant, la reine perdit la vie, tout comme le petit.

Y a-t-il une souffrance au monde qui puisse égaler celle-ci ? Plus d'un homme n'aurait pas résisté à une perte aussi dévastatrice. Il l'a fait. Il a maintenu sa tête hors de l'eau, pour moi.

Je n'ai pas manqué d'amour. Mais j'ai manqué d'une mère. Puis j'ai perdu un père. Dix années jour pour jour après la perte de sa reine, le royaume voyait son roi s'éteindre. Et je devenais orpheline. Et Reine des rois et reines.

Moi, Lumen, à demi-humaine, me trouve à la tête d'un continent que j'entends diriger selon l'héritage que m'ont laissé mes parents : paix, bienveillance et justice.

C'était sans compter sur une tradition vieille de plusieurs millénaires, qui marque mon propre « Il était une fois... ».

Le mariage. Et pour cela, les princes des trois autres royaumes vont tenter de gagner mon cœur. Un jeu auquel je n'ai pas envie de jouer.

« Il y a des histoires qu'on croirait tout droit sorties de nos rêves les plus fous. Si celle-ci est un rêve, endormez-vous, et venez rêver... »