Chapitre 37 : Retrouvailles exemplaires

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I feel Like I'm drowning - Two Feet


           Constantin et Karnon discutèrent pendant près de deux heures. C'en était interminable. Heureusement, ils sortirent sans s'être écharpés, et au contraire, avec le sourire aux lèvres. Ils semblaient être arrivés à un accord. Tant mieux. Un coup d'œil furtif à son meilleur ami indiqua à Eyden qu'il pouvait aller vaquer à ses occupations. La seconde phase du plan pouvait se faire sans lui.

Soulagé, Eyden attrapa Cente par la main et l'emmena vers la sortie sans un regard vers ses amis. Chacun de ses plans à court terme, concernait un certain vampire, grand, séduisant, sapé comme un prince et au regard de braise.

Ils avaient alors trois possibilités. L'appartement d'Eyden, au risque d'être à nouveau attaqué. Celui de Cente, au risque de voir des souvenirs légèrement traumatiques revenir. Ou le manoir, au risque de voir n'importe qui débarquer à l'improviste car là-bas, l'intimité était aussi rare que les diamants. Après réflexion, la dernière option était sans doute la plus logique, ils s'occuperaient des détails au moment voulu.

Le trajet ne fut pas long, mais se fit dans le silence. C'était très étrange. Ils étaient d'un coup comme deux étrangers, ne voulant même pas se regarder dans les yeux, évitant le moindre contact. Pour une fois, Eyden conduisait. Était-ce pour cela ? Cente était mal à l'aise de devenir le passager d'un seul coup ? Craignait-il qu'Eyden ne les enfonce dans un platane ? Finalement, Cente brisa le silence pesant entre eux, un silence si dense que l'on aurait pu le couper au couteau.

— Comment as-tu fait ?

— De quoi parles-tu ?

— Tu aurais pu mille fois la brûler, lui faire endurer les pires sévices, mais tu n'as rien fait. Comment fais-tu pour avoir une telle force de caractère ?

— Pourquoi... (Eyden ne comprenait pas pourquoi c'était cela qui lui trottait dans la tête, il y avait pourtant des préoccupations et des questions bien plus importantes.) Écoute Cente. J'ai juste réfléchi au long terme et je me suis demandé qu'est-ce que tu aurais fait. Tu l'aurais épargné, car la vengeance n'est pas la solution. Je t'ai laissé me guider dans mes choix ces derniers jours. C'était, une manière, à la fois d'être certain de faire le bon choix et de t'avoir près de moi. Cette force de caractère, je l'entretien grâce à toi.

Eyden n'avait jamais vu son compagnon ainsi. Du coin de l'œil, il l'observait et il voyait un autre homme que celui qu'il connaissait. Un homme qui s'était momentanément égaré dans ses ténèbres. Tout comme Eyden. c'est ça qui provoquait le malaise. Il leur faudrait alors trouver le moyen de remonter à la surface. Ensemble. Eyden lâcha le volant pour poser sa main sur la sienne.

— Cente, dit-il calmement, je suis là et c'est le plus important. Apporter plus de morts ne servirait à rien. Je suis là, avec toi, insista-t-il avec une émotion grave dans la voix.

— Peux-tu te garer s'il te plaît ?

Le vampire avait toujours été une énigme à part entière. Dès qu'Eyden pensait le déchiffrer, il virait de bord en faisant ou disant quelque chose de totalement différent et inattendu. Le garçon craignait que sa mort ne l'ait fait disjoncter. À la hâte, il répondit à sa demande et se gara sur le bord de la route. À peine avait-il mit le frein à main qu'il s'enquit, inquiet :

— Tout va b... ?

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Cente plaqua ses lèvres sur les siennes en un baiser fougueux. Avant même que son esprit réagisse à cette action, son corps prit la relève et Eyden lui rendit son baiser. Son goût lui avait tellement manqué, sentir sa chaleur, recevoir cette passion, cette énergie adoratrice lui avait manqué. Cente lui encadra le visage de ses mains, l'empêchant de tourner la tête et l'obligeant à subir son assaut avide. Ils se dévoraient comme si leurs vies en dépendaient, cherchant à rattraper les heures perdues et les larmes, voulant rattraper la mort pour lui dire "Tu ne nous auras pas.". Ils étaient plus vivants que jamais. Les deux âmes solitaires à nouveau unies dans une passion dévorante, et ils la laissaient les consommer tout cru.

Anam : Âmes solitairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant