Chapitre 10 : Les pieds dans le plat

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Undone - Sina Moonlake


Près d'une heure plus tard, quand les dernières cendres furent envolées dans la nuit profonde, tous les invités partirent. Un dernier au revoir à Constantin et Eyden, et pour certains, un dernier mot : "Ce fut une cérémonie splendide", "Vous êtes fait pour cela Constantin", "J'espère que tu ne fais pas d'erreur Den".

Cette dernière pique, ils la devaient à Eliott. C'était la première fois qu'il tutoyait le jeune Boyd, et c'était pour le mettre en garde. Doutait-il de lui ? De son ami en tant que chef ? Ou de la capacité d'Eyden à tenir la promesse qu'il avait faite dans le salon ? Peu importait. Ses choix, il les assumait, car maintenant, Den ne pouvait plus revenir en arrière. La culpabilité était un poids lourd, mais nécessaire, qu'il porterait désormais.

Eyden regarda les membres du clan disparaître un à un, avec dans les yeux, un reste de tristesse mais surtout, semblait-il, de la reconnaissance. Cela conforta le jeune homme dans ses idées.

Il se retourna vers l'hôtel, pour voir que seul Arthur, traînait encore dans le jardin.

— Arthur, bonsoir. Est-ce que tout va bien ?

— Oui, parfaitement bien.

Sa voix sonnait fausse.

— Je peux t'aider ? Où est Salomé ?

— Partie retrouver les enfants, elle n'a pas voulu qu'ils viennent.

— C'était peut-être plus raisonnable. Ils sont encore jeunes, sans doute trop pour une célébration de Bròn.

— J'ai cru comprendre que tu n'étais pas beaucoup plus vieux, toi, la dernière fois que tu as participé à ce rituel.

— C'est vrai. Mais je n'avais pas le choix à l'époque. Si j'avais été quelqu'un d'autre, j'aurais supplié pour y échapper. Arthur, la mort n'est pas un jeu d'enfant.

Il ricana à cette remarque. Soit, elle était stupide, mais au combien vraie. Eyden répéta sa seconde question.

— Tu veux me parler de quelque chose Arthur. Je le sens. Dis-moi, en quoi je peux t'aider ?

— J'aimerais enquêter avec vous, découvrir qui est responsable de ce massacre.

— C'est une noble requête, mais pour le moment, nous allons avancer à tâtons. Constantin et moi-même ne voulons pas impliquer le clan tant que nous n'avons rien de tangible.

— Je t'en prie Eyden ! supplia-t-il.

— Den, fut il rabroué.

Son regard s'assombrit, il ne devait pas aimer être remballé de la sorte. Arthur baissa malgré tout le ton et rectifia :

— Den, pardon. Je sais que je peux vous être utile. J'ai déjà enquêté pour le compte de Stephan sur les vampires. Je connais la ville comme ma poche. Et j'ai encore des indics' qui me doivent une faveur.

Moi aussi j'avais cette carte dans ma manche, pensa son interlocuteur.

— J'insiste Arthur. Nous vous tiendrons au courant de nos découvertes, mais nous devons nous montrer plus que discrets, pour le moment.

— Ton oncle aurait approuvé.

— Mais Den n'est pas son oncle, intervint Constantin. Par ailleurs, Stephan n'est plus là, et tu sais très bien pourquoi.

— Mais... reprit Arthur.

— La discussion est close. Je dirige ce clan depuis peu, mais il va falloir que vous compreniez que les choses vont changer. Et on va commencer par le fait que Den est mon porte-parole. S'il dit non, c'est comme si je disais non. Compris Arthur ?

Anam : Âmes solitairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant