Anam : Âmes solitaires

Chapitre 41 : Convaincre les rangs

Revolution - Unsecret & Ruelle

Constantin fut difficile à convaincre, mais Eyden redoutait davantage la discussion avec tous les autres participants à son plan. Néanmoins, si le chef de Sidh avait compris les avantages que rapportaient ce plan aux deux camps, d'autres le comprendrait. Il fallait juste trouver le moyen de mettre des années d'animosité derrière soi. Rien de plus facile. Eyden en soufflait déjà d'avance.

Ils y allèrent par étape. Phase une : rameuter les troupes. Phase qui comportait déjà deux temps. Quand une action paraissait insurmontable, la découpée en petites tâches surmontables était la solution. Stephan rappela à Edimbourg les "sorciers réservistes" comme Eyden aimait les appeler quand il était enfant. Il s'agissait de tous les anciens membres, partis pour la plupart aux quatre coins du monde. Ils avaient aussi fait appel aux autres clans qui auraient pu vouloir se joindre à Sidh. L'objectif était de grossir les rangs un maximum avec de nouveaux amis et leurs propres alliés. Constantin craignait un nombre important de réponses négatives, ayant peur que l'influence de Mìrean ne se soit étendue plus que de raison. Mais après deux semaines, des dizaines de sorciers foulaient la pelouse du manoir. Eyden avait voulu savoir ce qui les avait poussé à défier l'ordre. Deux réponses étaient sur toutes les lèvres. Le procès d'Elena et la clémence de Sidh avait fait le tour du monde, tout comme l'exploit d'Eyden, revenu d'entre les morts. Les sorciers étaient décidément trop bavards.

— On peut dire adieux à l'effet de surprise, avait soupiré Constantin qui avait voulu garder le retour d'Eyden secret.

— Pas besoin de ça, quand on les a eux, avait répondu Eyden.

Mìrean savait que Sidh était faible par rapport à eux, même avec Eyden dans les rangs. Mais avec une soixantaine de sorcier, le clan reprenait largement l'avantage. Surtout que la bataille contre l'ordre devrait se faire avec deux fois plus d'acteurs.

Même s'il en avait eu l'idée, Eyden ne pouvait réprimer le dégoût d'avoir à demander de l'aide à Karnon. Mais le soutien des vampires, à court et à long terme, était essentiel. Cela faisait moins d'alliés pour Mìrean et plus de puissance pour Sidh. Constantin s'était fait une mission de discuter avec Eyden, en bon diplomate avant que la Reine ne pointe le bout de son nez, mais cela n'était pas nécessaire. Outre sa profonde antipathie envers Karnon pour ce qu'elle avait fait, à lui-même et à Cente, Eyden comprenait les motivations de la Reine des vampires. C'était comme avec Elena. Eyden était décidément une bonne âme ces temps-ci à pardonner à tous ses tortionnaires – Stephan, Karnon et Elena. Mais après tout, la rancune est un sentiment trop aigre et trop sombre pour vivre avec toute sa vie.

Pour Karnon, ce ne fut pas beaucoup plus facile. Si Constantin l'avait convaincu de se battre avec Sidh et qu'elle avait ordonné à ses sujets de venir au manoir Boyd, les dissensions chez les vampires faisaient légion. Il fallut des jours pour que les sorciers prouvent leurs bonnes intentions et que chaque espèce accepte de travailler avec l'autre. Au bout de deux bonnes semaines, vampires et sorciers s'entraînaient au combat. Ensemble.

La troisième étape du plan, Elena l'avait grandement simplifié en ouvrant une porte d'entrée par la même occasion. Sans elle, quelqu'un aurait dû s'incruster dans un des lieux-dit de Mìrean pour leur dérober Anam. Sans cette dague, Constantin aurait eu du mal à concentrer suffisamment de pouvoirs pendant la bataille et il aurait aussi eu beaucoup de difficultés pour fédérer tous les sorciers à leur cause. Car Anam était le symbole du pouvoir de Sidh, et puisqu'il n'était pas un Boyd, c'était le seul appui de Constantin pour prouver sa légitimité. De plus, avoir Anam en leur possession coupait l'herbe sous le pied de Mìrean, les empêchant de mener à bien leur propre plan : se servir du cadavre d'Isaac pour dérober les pouvoirs de la famille Boyd, accumulés depuis des siècles dans leur sang et dans la dague.