Chapitre 4: l'invitée de trop

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Dans la voiture, une pensée m'obsédait. Il était très gentil... mais j'avais un secret que je cachais, un secret que je n'osais même pas m'avouer : j'avais un gros faible pour Rayan. Ses yeux bleus, ses cheveux doux et soyeux...

Putain, merde, Sam, reprends-toi s'il te plaît, pense à cette foutue première règle !

La première règle qui me hantait tellement était :

Ne pas tomber amoureuse.Respecter la règle 1.

Mais j'avoue que là... ça devenait compliqué. J'avais des responsabilités à assumer. Je refusais d'accepter ces sentiments, je faisais comme s'ils n'existaient pas. Mais ce qu'il me faisait ressentir... ce sentiment de bonheur, je ne pouvais pas l'ignorer.

Mes pensées furent soudain interrompues par la vibration de mon téléphone, coincé sous mes cuisses tremblantes. Tiens, en parlant du loup...

De Rayan
Ça va ? J'ai appris ce qui t'est arrivé.

De Sam
Oui, ne t'inquiète pas, je vais bien. Juste un peu secouée.

De Rayan
Ravi de l'entendre. Ça ira pour ce soir ? Tu sais, on ne t'en voudra pas.

De Sam
Je sais, mais je préfère venir. Tu le sais, je suis forte. Ça va aller, je te le promets. Mais ce soir, ne fais pas attention si je suis un peu dans mes pensées.

De Rayan
Bien sûr que je m'inquiéterai. D'accord, mais je ferai quand même attention à toi. Tu n'as pas le choix. Allez, j'arrive dans 10 minutes.

Je souris à son message. C'était gentil de sa part de ne pas me laisser à mon triste sort. J'avais besoin de sa présence pour au moins oublier ce début de soirée catastrophique.

Arrivée chez moi, Rayan nous attendait dans le salon. À peine avais-je mis un pied à l'intérieur qu'il se jeta dans mes bras. J'aimais être dans ses bras. Mais... je ne devais pas me l'avouer, je ne pouvais pas. Une fois notre étreinte terminée, le reste de nos amis et parents arrivèrent, et nous fîmes comme si de rien n'était.

Nous nous installâmes dans la grande salle où se tenaient habituellement nos réunions. Généralement, les soirées suivaient deux phases : la phase boulot – relou – et la phase cool. Cette dernière, elle, ne se terminait jamais bien. Ça finissait toujours en alcool, jeux... et je passe les détails. J'espérais que la première phase passe vite pour qu'on puisse enfin s'amuser.

Pendant le briefing, nous feuilletions des schémas et graphiques sur les réseaux. Les garçons et moi nous échangions des regards complices qui menaçaient de nous faire éclater de rire. Mais nous devions rester sérieux pour éviter de nous faire réprimander et surtout comprendre un minimum ce qu'on faisait là. La prochaine mission approchait à grands pas.

Sujet : infiltrer une soirée plutôt huppée pour repérer un homme et une femme. Pas plus de détails pour l'instant. Nous recevrons des informations plus précises mercredi ou jeudi. Carlos nous fournira les dossiers constructifs, des documents très détaillés sur la cible, les objectifs et les risques potentiels. Une sorte de manuel d'instructions qui nous est indispensable.

Je dégustais mon whisky en silence quand je sentis le regard de Rayan sur moi. Ses yeux océaniques me fixaient longuement. J'essayais de ne pas y penser, mais son regard perçait... Oh mon Dieu.

SAM, ARRÊTE TES CONNERIES PUTAIN !

Nos regards se croisèrent plusieurs fois, et à chaque fois, je restais captivée. Mais je dus détourner les yeux quand Iris me posa une question. Je n'entendis pas ce qu'elle disait. Mon esprit était ailleurs, complètement perdu. Je fis semblant de comprendre, mais honnêtement, je n'arrivais pas à suivre. Était-ce l'alcool ? La fatigue ? Aucune idée.

Le repas terminé, nous prîmes tous un verre. Moi, fidèle à mon whisky. La soirée se déroulait tranquillement, jusqu'à ce que la grande porte s'ouvre brusquement sur...

SUR ROSE COOPER.

— Dites-moi que c'est une blague, imposa Rayan.
— Non, je ne crois pas, renchérit Jackson.

Nous nous levâmes tous d'un coup. Nos regards noirs se braquèrent sur l'invitée de trop. Les parents, perplexes, demandèrent ce qui n'allait pas.

Rose prit la parole pour rompre le silence.

— Eh bien, on dirait que vous avez oublié quelqu'un, lança-t-elle d'un ton hautain.
— Non, on pouvait largement se passer de toi, rétorqua Rayan.
— Je suis d'accord, personne ne t'a rien demandé, ajouta Jackson.
— Oh, les garçons, ne soyez pas si méchants. Je fais partie du groupe, moi aussi.

Non, Rose, tu ne fais pas partie du groupe.

Je sentais ma colère monter.

— Je faisais partie du groupe.
— Non, tu n'en as jamais fait partie.

Sam, s'il te plaît, vous n'avez pas le droit de me rejeter comme ça.

— Dit celle qui nous a trahis.

Je me levai et fis signe à Rose de me suivre dehors. Elle me suivit, arborant un sourire narquois. Une fois dehors, je me tournai vers elle, mes yeux lançant des éclairs. Elle osa me demander pourquoi nous l'avions rejetée et pourquoi elle n'avait pas été invitée.

Je lui rafraîchis la mémoire : six mois plus tôt, nous avions découvert qu'elle nous manipulait depuis trois ans. Elle récoltait des informations pour son propre compte et travaillait en secret pour un gang rival. Quand nous l'avions appris, nous lui avions tendu un piège en lui fournissant de fausses informations. Résultat : son réseau avait échoué. Depuis ce jour, elle était persona non grata.

Sur mes mots, elle me gifla violemment. Ce geste me ramena à de sombres souvenirs de mon enfance.

Sans un mot, elle quitta la villa. Je restai dehors quelques minutes, la joue brûlante. Quand je revins à la table, tous les regards étaient tournés vers moi.

— Ça va ? demanda Rayan.
— Non, mais bon, continuons. Vous disiez ?

— Nous parlions de votre prochaine mission, répondit James.

Red lightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant