Prologue : Les prémices

15 0 0
                                    

Dans les tréfonds de l'existence d'Enzo, la vie familiale se révélait être un labyrinthe aussi complexe que déroutant. Un dédale impénétrable, hanté par des secrets murmurés à mi-voix, des vérités enfouies et des reproches à peine voilés qui rendaient chaque aube imprévisible, chaque crépuscule une épreuve de survie. Ce combat quotidien montrait l'impuissance qu'il avait, c'était un combat dont la fin était inatteignable, contre des ombres insaisissables, c'était David contre Goliath. Le regard d'un enfant sur la froideur des parents rendait les choses plus compliquées. Sans savoir quoi faire ou bien où se rendre, il était ici égaré.

C'est dans ce milieu que Enzo grandissait, âgé de 8 ans, c'était son habituel routine. Dans ce fracas, ce chaos, cette dystopie, au loin se trouvait un havre de paix, un sanctuaire de sagesse et d'imagination : le théâtre C'était dans cette arène des arts que sa passion pour l'écriture de scénarios prenait racine, un amour ardent pour la création de mondes qui vacillaient sur le fil délicat entre la réalité et la fantaisie.

Mais Enzo n'était pas un garçon ordinaire. Il avait un don, une capacité qui le distinguait de tous les autres. Il pouvait voir les multivers, les innombrables réalités qui coexistaient avec la leur. C'était une bénédiction et une malédiction, car chaque choix, chaque décision, ouvrait un nouveau monde de possibilités et de conséquences Il utilisait ce don dans son écriture, créant des scénarios qui dépassaient les limites de l'imagination de quiconque. Chaque pièce était un voyage dans un univers différent, un aperçu d'une réalité qui aurait pu être. C'était comme s'il déroulait le tapis de l'infini devant les yeux ébahis de son public.

C'était un soir particulier qui attendait notre petit garçon, depuis le début de l'année il s'entraînait pour cette pièce, il l'avait écrite avec son professeur qui était vraiment étonné du talent d'imagination dont il faisait preuve. Avec chance ce soir il la jouait aussi, pour l'exercice la pièce était révisée par d'autres classes de d'autres écoles mais allait être jouée qu'une seule fois. Les organisateurs décidaient de mélanger les classes lors de la présentation afin de représenter tous les talents des différentes écoles. Enzo était, bien évidemment, sélectionné. Déjà par pur talent imaginatif mais aussi car c'était aussi lui qui avait, en partie, écrit la pièce et qui donc s'y connaissait le mieux pour la jouer.

C'était le moment où les rideaux s'ouvraient, les lumières s'éteignaient, les projecteurs s'allumaient et le public disparaissait. Le silence régnait, le souffle d'Enzo s'entendait, son battement de cœur s'affolait et ils ouvraient les yeux. Devant lui, le monde qu'il avait imaginé, la pièce mettait en scène ce petit quelque chose dont tous les enfants rêvent, un monde sage, avec des enfants sages, qui ne demandaient que de chérir les gens autour d'eux. Il voulait sauver les gens, les aimer, être aimé. Ici la personne à aimer était devant lui, hors du personnage il la contemplait, malgré son petit âge il le savait, c'était elle qu'il voulait sauver, aimer et être aimé de. Sans savoir quoi faire ou bien où se rendre, elle était ici admirée.

Hors d'espace et hors du temps, tout se figeait, Julie était ici, devant tout le monde, elle avait vécu son enfance facile mais solitaire et maintenant elle obtient ce qu'elle voulait, ce dont elle avait toujours rêvé : l'attention du monde. Elle sentait l'air s'alléger, comme si avec Enzo, tout allait bien se passer. Nos deux comédiens jouaient la pièce comme si c'était la dernière, comme si cet instant devait être gravé dans le marbre comme ce souvenir le serait dans leurs mémoires.

Le rideau tomba sur la dernière scène de la pièce. La salle retomba dans un silence qui n'était interrompu que par les battements de cœur de chaque spectateur, avant qu'un tonnerre d'applaudissements ne remplisse le théâtre. La pression redescend et malgré tous les autres jeunes talents dans la pièce, seulement deux d'entre eux semblent réécrire l'histoire de leurs vies.

Enzo grandissait en se frayant un chemin à travers les méandres de sa vie familiale compliquée, mais c'est dans l'obscurité de la salle de théâtre, sous l'éclat onirique des projecteurs, qu'il avait vraiment trouvé sa place.


Le Labyrinthe des ÉtoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant