Théa Clark
La sonnerie retentissait, une fois, deux fois. Son timbre résonnait dans mes tympans sans que personne ne décroche. J'étais assise sur mon lit dans l'incompréhension la plus totale. Je tombais à nouveau sur la messagerie pré-enregistrée.
En temps normal, la tonalité n'avait même pas sa place. Il décrochait comme s'il attendait constamment mon appel. Cela faisait presque 5 mois qu'on s'appelait tous les soirs pour discuter de nos journées quand on ne pouvait pas se voir.
Une des nombreuses fois où nous nous sommes revus après notre première rencontre, il m'avait emmenée dans un grand parc national, je ne sais pas lequel, il ne m'avait jamais dit. Quand j'étais sortie de la voiture, il m'avait dit de fermer les yeux et m'avait guidée au sommet d'une petite colline. Il avait préparé à manger, des livres à lire ensemble et même des couvertures afin que je n'ai pas froid quand la lune allait pointer le bout de son nez.
Il m'avait emmenée à des kilomètres de Toronto pour notre premier rendez-vous. N'importe quelle femme n'y serait pas allée par précaution, et c'était compréhensible mais j'avais envie de vivre, je l'appréciais alors j'y suis allée, et ça pour une bonne raison.
Je lui faisais confiance.
Une confiance aveugle.
Pourtant j'avais bien appris à ne pas accorder ma confiance à n'importe qui, mais lui..c'était différent. Lorsque son doux regard se posait sur moi, je me sentais protégée alors que j'étais la seule à me protéger en temps normal.
Je regardais mes pieds, évitant de croiser son regard. Nolan, l'homme que j'avais perdu de vue, se trouvait dans la même pièce que moi. Je n'osais pas relever la tête, mes pensées se battaient brutalement dans ma tête.
Je fermais les yeux l'espace d'un instant. Ma tête tournait, l'impression que je tombais m'envahissait. Je mordais avec appréhension mes lèvres, arrachant les peaux mortes, la saveur de la rouille prenant possession de ma langue, je ne grimaçais pas.
On peut dire que j'avais l'habitude, en quelque sorte.
Le pied droit de Meng vint taper le mien ce qui me fit relever la tête vers lui. Lui avait compris, et un air livide, ébahi aussi était placardé sur son visage. Je ne pouvais pas garder la tête baissée comme ça, qu'est-ce qui me prenait ?
Non sans réfléchir un peu plus, je relevais doucement la tête et détaillais la tenue de celui qui nous faisait face. Ses chaussures en cuir, son pantalon de costume noir et sa chemise de la même teinte, un peu déboutonnée.
Mes yeux arrivèrent enfin jusqu'à son visage. Je le détaillais malgré moi. Même si deux ans de nos vies s'étaient écoulés, je n'avais rien oublié de son visage. Une courte vague de nostalgie m'envahit avant que ses yeux ne viennent s'ancrer dans les miens. Comme des feuilles printanières qui viennent se poser sur un sol de terre humide, là où la nature se perdait dans le regard de l'autre. Comme deux énigmes chromatiques se redécouvrant dans l'âme de l'autre.
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Depths of Dusk
Roman d'amourElle est la mort vive et il est la mort douce. Tout deux se connaissent plus qu'ils ne le pensent. Thea Clark est étudiante en économie. Résidant seule dans un petit appartement de Toronto, où elle ne passe que très peu de temps. Afin de gagner sa v...