Le journal perdu et retrouvé de Sainte Pazanne

Chapitre 8

Résumé des chapitres précédents :

Quelques jours passent et Lucien se désespère d'avoir des nouvelles de Gaspard. Il s'est rapproché de sa professeure de dessin Mademoiselle Villeneuve, qui connait l'Afrique. Elle y a été comme la fiancée de son oncle Pierre qui s'est enfuit avant le mariage.

Lucien découvre aussi que son oncle Stéphane a connu l'amour avec le jeune frère de la nouvelle chatelaine, il s'appelle Théophile.

Comme ses deux oncles sont seuls, il sait déjà hélas que les histoires n'ont pas bien fini.

Personnages principaux :

Lucien Millezais De Saint Foulques, 18 ans

Pierre Millezais, 43 ans

Stéphane Millezais, 37 ans

Mademoiselle Villeneuve

Gaspard Granville

Théophile Moreau

***

Lucien

Théophile est exigeant, aventurier ! Il projette que les deux garçons s'enfuient pour partir à l'aventure afin de toujours rester ensemble. Son plan est simple, ils vont embarquer comme matelots. C'est si romantique !

Mais ça coince.

Ils se disputent beaucoup, car Stéphane n'est pas aussi enthousiaste à l'idée de quitter sa vie, ses études et sa famille.

Ils passent quelques mois à s'aimer, jusqu'à ce que le père de Stéphane les surprenne nu dans un lit. Il enferme son fils dans sa chambre et va prévenir le comte.

Heureusement Pierre le protège des coups.

Là, je trouve un passage gondolé, je suppose que quelqu'un a dû beaucoup pleurer.

Pauvre Stéphane !

Théophile ne s'est pas dégonflé, il s'est enfui de chez son beau-frère pour venir chercher Stéphane.

Je ne peux m'empêcher d'applaudir au courage du jeune homme.

Ils se sont retrouvés, éperdus d'amour dans la chambre de mon oncle et ils ont fait l'amour une dernière fois. Celui-ci raconte son admiration devant le courage de son amoureux, pourtant à sa grande honte, il ne veut pas s'enfuir avec lui. Il veut finir ses études et il déteste l'idée d'embarquer comme matelot. Stéphane a choisi le confort, à l'amour, quel dommage !

Je repose le journal sur mon torse.

La suite n'est pas dure à deviner. Théophile furieux l'agonise d'injures et lui jure de ne jamais revenir, il s'est engagé dans la guerre des Prusse.

Le journal s'arrête sur quelques lignes de lamentation.

Stéphane est parti faire ses études de droit, solitaire et malheureux. Il aurait eu du souci à se faire pour son avenir. Son père comptait sans doute le marier contre son gré, mais le destin a frappé en emportant l'ancêtre cet hiver-là. Maman n'a pas pu rentrer pour les funérailles car elle était enceinte de moi.

Je suis né l'année suivante, en avril 1871, à la fin de la guerre des Prusse et en pleine commune de Paris. Est-ce que Théophile est mort sur un champ de bataille ? Dans cette guerre meurtrière, au cours de laquelle nous avons perdu l'Alsace et la Lorraine.

Je suis un bébé gâté, mon père m'adore. Hélas, peu de temps après, alors que la révolution de 1871 se termine, un méchant virus terrasse Paris et le médecin recommande de m'éloigner pour me protéger. Maman m'a envoyé à Sainte Pazanne pour mes dix-huit mois par Pierre qui n'a que vingt-six ans et qui vient de reprendre la direction de l'étude, Stéphane est encore étudiant. Mon séjour devait être bref, mais la santé de papa ne s'est pas remise et maman s'est consacrée à le soigner. Il a été malade plus d'une longue année. Quand elle s'est retrouvée veuve, elle m'a laissé encore. Mes oncles aidés de Mimi m'ont gardé jusqu'à mes cinq ans.