Le journal perdu et retrouvé de Sainte Pazanne

Chapitre 6

Résumé des chapitres précédents :

Lucien découvre l'histoire de ces oncles grâce au journal intime de Stéphane. Il a aussi trouvé des lettres d'une jeune Amélie qui était la fiancée à Pierre, apparemment folle amoureuse de lui. Lucien est curieux de ce qui a pu arriver pour que les fiançailles soient rompues.

Après avoir été malade de la fièvre des marais, il est enfin rétabli et assez remis pour aller enquêter dans le village voisin de Port Saint Père, d'où est originaire la jeune fille.

Personnages principaux :

Lucien Millezais De Saint Foulques, 18 ans

Pierre Millezais, 43 ans

Stéphane Millezais, 37 ans

Amélie Villeneuve, professeur de dessin, 40 ans

***

Lucien

─ Tu dois rejoindre déjà le château de Granville, et tu verras le ruisseau des Domaines, euh ... non d'abord le ruisseau, puis tu arrives au château..., marmonne Rose, plutôt embrouillée dans ses explications.

─ Oui et comment je vais à ce ruisseau ?

Rose se frotte les cheveux sous sa coiffe, embêtée. Elle n'est pas très douée pour m'expliquer comment aller à Port Saint Père, pour la raison toute bête qu'elle n'y a été qu'une seule fois et ne se rappelle plus. Elle se contente de m'indiquer ce qu'elle a entendu dans des conversations, mais c'est plus que décousu.

Elle sait qu'il faut que je rejoigne la forêt de Bermance et suppose que c'est après le château de Granville.

Les étapes du parcours ne sont probablement pas dans le bon ordre. Je serai bon pour demander mon chemin sur la route.

J'aurai pu interroger François, mais cet idiot ne comprend pas le mot secret et il n'est pas question de prendre le risque qu'il répète ma requête à mes oncles.

Le village d'Amélie, Port Saint Père, est à quelques lieues. Avec un bon cheval, c'est moins de deux heures de trajet. Sur place, je ne sais pas ce que je ferai, mon plan n'est pas aussi abouti.

Rose s'étonne de ma lubie, c'est vrai que normalement, je n'ai pas de but dans mes promenades.

─ Tu vas faire quoi là-bas ?

Je tente sans grand espoir.

─ Est-ce que tu connais la famille Clément-Bollée ?

─ La famille de la fiancée de ton oncle ?

Je regarde la demoiselle avec des yeux ronds.

Elle croise les bras, satisfaite de constater qu'elle a retenu mon attention et se retourne pour vérifier qu'un des oncles ne débarquent pas dans notre dos.

─ Tout le monde le sait. Ils allaient se marier et elle l'a planté en beauté. Il l'a très mal pris. Je n'étais pas né, mais ça a fait du grabuge.

─ Quel grabuge ? Que sais-tu d'autre ?

─ Rien ! Son ton est frustré. Chaque fois que j'écoute, les gens se taisent et changent de conversation. Ils font toujours ça quand c'est intéressant ! Ce que je peux te dire c'est que Monsieur Pierre a failli mourir de chagrin. Véridique !

Elle secoue la tête pour accentuer ses paroles, pendant que je selle Eclair.

Curieusement je veux bien la croire, au vu des lettres passionnées d'Amélie, je suppose que c'était réciproque.