Chapitre 1 Point de vue Jason

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Encore une journée ordinaire qui commence pour moi. Je me lève et me prépare sans plus attendre. Comme d'habitude, je me regarde devant la glace et j'effectue mes exercices de respiration qui m'aident à lutter contre le stress, afin de ne pas perdre mes moyens pendant la compétition.

Une fois sorti de la salle de bain, je passe devant mon étagère remplie à ras bord de médailles d'or et de coupes. Depuis que j'ai huit ans, je m'entraîne à devenir l'un des meilleurs cavaliers, représentant ainsi mon club pendant les championnats, ce qui, jusqu'à maintenant, porte toujours ces fruits. Je n'ai pratiquement connu aucune défaite durant toutes ces années de travail acharné.

Le cheval, ma passion pour la vie, même si elle était venue plus tard. À l'âge de cinq ans, j'avais commencé par être violoniste. C'est difficile à croire, mais je l'étais vraiment, du moins pour mes parents qui m'avaient inscrit, en pensant que j'étais un virtuose né. À vrai dire, dans une famille de musicien, on n'a pas forcément le choix de le devenir.

Alors, comme un enfant bien élevé, je les avais écoutés, sans broncher, jusqu'au jour où j'étais sur un cheval pour la première fois, durant le marché de Noël de mon village. Cet instant étant magique, j'avais ressenti de la plénitude, comme si je trouvais enfin ma place dans ce bas monde. Depuis, je ne pouvais plus imaginer ma vie sans être sur un cheval.

Après ce moment inoubliable, convaincre mes parents de m'inscrire dans un club relevait d'une chose affreusement difficile. Ma mère ne voulait pas, de peur que je me blesse, ce qui pourrait m'empêcher de jouer du violon. Pour elle, la musique, c'était toute sa vie et elle voulait à tout prix que ce soit pareil pour moi, même si cela ne m'intéressait. C'était uniquement un moyen de faire plaisir à mes parents, ni plus, ni moins.

Je m'étais battu sans relâche pour accéder à ma passion. Cela m'avait pris au moins deux ans pour réussir à les convaincre. Voyant que je n'abandonnerais jamais, mes parents avaient fini par céder. Mais en contrepartie, je devais continuer à jouer de ce maudit instrument à corde, tout en m'appliquant, et faire attention de ne pas tomber de cheval.

Puis, un beau jour, j'avais réalisé que le violon ne représentait rien pour moi, continuer était devenu inutile. A l'âge de douze ans, je pris la décision d'arrêter les cours, sans le consentement de mes parents. De toute façon, il s'agissait de ma vie, c'était à moi de décider de ce que je voulais en faire. Ils n'avaient donc le choix que de m'écouter. Maintenant, je peux dire qu'ils me comprennent, finalement. Depuis, ils m'ont toujours soutenu pendant mes compétitions, comme de grands supporters.

Après la contemplation de mes trophées je descends les escaliers pour rejoindre la cuisine, découvrant mes parents déjà levés. Ma mère grille ses tartines dans le grille-pain, pendant que mon père sirote son café en lisant le journal, ses lunettes de vue noire positionnée sur son nez, comme à leur habitude. Et comme à chaque fois, ma mère m'embrasse sur la joue, quand je prends mon petit déjeuner.

— Maman !  hoqueté-je.

— Quoi ?

Pour elle, son comportement relève de la normalité, alors que je suis un adolescent de dix-sept ans. Pour elle, je serai toujours son enfant, même quand j'aurai trente ans.

— Bien dormi, Jason ? me questionne mon père, tout en continuant de se concentrer sur son journal.

— Comme toujours, ce n'est pas une compétition équestre qui va m'empêcher de fermer l'œil.

Ce qui se trouve être la réalité, contrairement aux examens de fin d'année. Heureusement, le bac était passé. Il ne reste plus qu'à attendre les résultats et de voir si je vais au rattrapage, ou pas.

Danser pour survivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant