Chapitre 13 Point de vue Jason

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Sur ma moto, je regarde le paysage qui m'entoure. Une lumière de phare aveuglante m'éblouis. Je n'ai pas le temps de prendre conscience de ce qui se passe réellement que je sens un choc me prendre de plein fouet. Je me sens partir, propulsé sur le côté d'une puissance affolante. Des brisures de verres, des débris de plastiques sont projetés en même temps que moi, me cognant au passage. Je ressemble à une poupée de chiffon qu'un enfant de trois ans jette par mécontentement.

            L'impact est si soudain et si imprévisible que je n'arrive pas à y croire. C'est comme si mon esprit avait quitté mon corps pour me faire devenir uniquement spectateur. Je ne ressens plus, que du noir, du vide autour de moi. Je n'ai plus aucune volonté propre, cloué au sol, sur le bitume goudronneux qui m'érafle la peau. Je ne peux plus bouger le moindre muscle, même mes doigts sont lourds et engourdis.

            « Que se passe-t-il ? » me demandé-je à moi-même, comme si toutes ces questions pouvaient m'éviter ce triste sort. Entre la conscience et l'inconscience, je patauge dans un mal-être sans nom. Mes oreilles bourdonnent, mes membres sont lourds, j'entends faiblement les sons de mon environnement. Des cris, des sanglots, de la peur, voilà ce qui parvient à mes oreilles.

            Par je ne sais quel miracle, j'arrive à bouger ma main, puis la pose sur mes côtes qui me font terriblement souffrir. Et c'est là que je sens un liquide suintant à cet endroit. Ma respiration se fait haletante, mon palpitant bat beaucoup trop fort, la peur me prend les tripes.

            Tendant avec difficulté ma main face à mes yeux voilés, je vois du sang, mon propre sang. Je loupe quelques battements, mon cœur est sur le point de se décrocher de ma cage thoracique. Cette fois, je me sens partir, c'est vraiment la fin.

            J'ouvre les paupières en lâchant un cri de stupeur. La sueur déferle sur mon visage. Instinctivement, je passe ma main sur la zone ensanglantée. Je passe ensuite mes doigts devant mes yeux, découvrant que je n'ai rien, ce qui parvient à me rassurer.

Ma respiration amplifiée, j'essaye de la contenir du mieux que je le peux. Je dois me calmer. C'est passé, ce n'était qu'un cauchemar, ce n'est pas la réalité. Tout va bien, tu n'as rien. Tu es en vie. Instinctivement, je me redresse sur mon lit, et essaye de lever ma jambe droite. Je n'y arrive pas, elle ne me répond en aucun cas. Je fais de même avec l'autre, toujours rien. La colère m'emporte, mes dents se mettent à claquer, mon rythme cardiaque prend un rythme insoutenable. Ma mâchoire se serre inlassablement. Je m'acharne dessus, comme si en insistant, je peux finir par réussir à les bouger. Je grogne à chaque mouvement que j'essaye d'effectuer, mais sans succès.

            A bout de souffle, je finis par prendre conscience que ça ne sert à rien de s'acharner ainsi, je n'y arriverai pas. Je repense à ce cauchemar qui avait l'air bien réel, et effectivement, ça l'était bien. Un souvenir qui remonte à la surface, venu me hanter cette nuit, comme si son principal objectif est de me pourrir la vie en m'annonçant que je suis foutu, un putain d'handicapé.

— Merde ! Merde ! Merde ! hurlé-je de fureur en cognant mon point sur matelas pour faire passer mes nerfs à vifs.

— C'est pas fini, oui ! m'interrompt quelqu'un en gueulant. Il y en a qui voudrait dormir !

Je prends conscience que je ne suis pas seul. Dans le noir, j'essaye d'identifier l'environnement qui m'entoure de toute part. Evidemment, je ne me trouve pas dans ma chambre, mais dans cet hôpital de malheur. Ma mère n'est pas auprès de moi, sûrement partie fumée une cigarette dehors. Je me retrouve donc seul avec le gars qui me sert de colloque pour un temps.

            Mes yeux se posent sur une silhouette positionnée sur un lit, lui, en occurrence.

— Je suis désolé, m'excusé-je après un soupir. Je ne voulais pas te réveiller.

Danser pour survivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant