Mikaël

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Ce n'est pas un bruit ou une odeur qui me réveille, mais une sensation.
La sensation qu'un étau se resserre autour de mon crâne.
En gros, j'ai un mal de tête carabiné.
Et il faut dire que ça ne fait pas du bien.
J'ouvre délicatement les yeux mais ma vision est floue.
Il me faut quelques minutes pour retrouver la vue.
Le plafond au-dessus de moi est magnifique.
Les constellations du monde des vivants y sont représentées.
Un plafond qui n'est pas le mien !
Tous me revient en mémoire.
La ville, le château, l'arche, ma chute et... La silhouette.
La panique commence à me gagner.
Je suis dans une chambre richement meublée pour ce que je peux voir.
Allongée dans un lit moelleux, je n'ose pas trop tourner la tête.

- Ha tu es réveillée.

Cette voix, je ne la connais pas.
Je me crispe automatiquement empirant mon mal de tête.
Cette voix, elle est chantante mais assez grave pour que je comprenne qu'elle appartient à un homme.
J'essaie d'articuler quelques choses.

- Qui... Qui êtes-vous ?

Une tête brune apparaît dans mon champ de vision.
Il est tellement beau...
J'en ai le souffle coupé.
Ses yeux bleu révèlent un grand âge alors qu'il ne doit avoir qu'une vingtaine d'années.
Ses traits sont le mélange parfait entre l'homme et la femme.
Celui-là, c'est tout à fait mon style.
Euh... Il faut que j'arrête de fantasmer sur un inconnu !
En plus, je suis couchée dans son lit !

- Mikaël pour te servir. Tu es tombée de ton cheval donc je t'ai ramenée pour te soigner.

Je repousse la couverture et saute sur mes pieds.

- History !

Mauvaise idée.
Mes jambes me lâche et je m'écroule sur le côté.
Des mains me rattrape juste avant que je touche le sol.
Elles me manipulent comme si j'étais une poupée de verre et que je pouvais me briser à tout instant.
Lorsqu'elles me recouchent, je comprends qu'elles appartiennent à Mikaël.

- Ne t'en fait pas, ta jument va bien. Je l'ai mise à l'abri de la pluie. Reste couchée, tu as reçu un gros coup sur la tête.

- Merci. J'ai dormi combien de temps ?

- Deux jours entiers. Mais il va falloir que tu te rendomes, il est tard.

Il a raison.
Je sens mes yeux se fermer.

- Au fait je m'appelle Chris.

- Je sais. Rendors toi.

Je plonge dans le monde des rêves, bercée par la douce voix de Mikaël.

Nouveau cachemard.
Toujours le même.
Des mains.
Je me réveille en pleure.
Mais il y a toujours une main sur mon épaule.
Je me redresse et me fait la plus petite paussible contre le mur.
Mes sanglots redoublent lorsque la main tente de m'attirer à elle.
Je sens un poids monter sur le lit à côté de moi.
Je hurle en plaquant mes mains sur mes oreilles.

- Arrêtez !

Des bras viennent m'enlacer mais je me débats en pleurant de plus belle.
Un souffle chaud viens me chatouiller l'oreille.
Non...
Pas sa voix !
Je ne veux plus jamais l'entendre !
Mais c'est Mikaël qui me chuchote à l'oreille.

- Calmes toi. C'est moi, c'est Mikaël.

J'arrête de me débattre et le laisse m'enlacer.
Je veux entendre sa voix, qu'il me rassure.
Et c'est ce qu'il fit.
Il me laisse glisser mon nez dans son cou.
Mes sanglots ne veulent pas se calmer.
Je sens sa main caresser mon dos pour me détendre.

- Calme toi. C'est moi, c'est Mikaël.

Lentement, mes larmes cessent de couler.
Je reste longtemps ainsi, ma tête appuyée sur le torse de Mikael.
Je finis par m'endormir de fatigue sans avoir vu le regard bleu plein de douceur posé sur moi.
Le reste de la nuit, aucun cauchemar ne vient troubler mon soleil.

Je me réveille à nouveau sous le plafond étoilé.
Je n'ose pas me lever.
Il faut dire que j'ai déjà testé l'expérience hier !
J'ai le temps de repérer la grande et la petite ours avant que la porte s'ouvre à nouveau.

- C'est bien, tu es réveillée.

Le ton de Mikaël est froid et distant.
J'aurais cru qu'il serait devenu un peu plus chaleureux après les évènements de cette nuit !

- Tu veux te lever ?

Je n'ose pas ouvrir ma bouche de peur de dire une connerie alors je hoche la tête.
Il m'aide à m'asseoir.
Le contact de sa main dans mon dos me perturbe au plus haut point.

- Euh... Mikaël ?

- Oui ?

- Pourquoi je ne porte plus mes habits ?

Ce que mon esprit imagine me fait froid dans le dos.
Putain d'imagination débordante !

- Tu étais sale, alors je t'ai lavée.

- Tu... Tu m'a lavée ?!

Je crois que mes yeux vont sortir de leurs orbites tellement je les ai écartés.

- Oui.

- Mais...mais ça ne se fait pas !

Il lâche un petit rire cristallin qui ne fait qu'augmenter mon désarroi.

- Tu es drôle quand tu bégaie.

- Mais... Mais...

Et il rigole de plus belle ce salo !

- Ne t'en fait pas, j'ai laissé tes sous-vêtements.

Je boulle intérieurement.
Je pousse un cri de rage.
J'attrape l'oreiller et lui balance à la tête.
Il l'escive et l'attrape même au passage.
Je sais pas viser ou quoi ?
Lui si apparemment.
Je reçois l'oreiller en pleine tête et part en arrière pour finir étalée de tout mon long sur le lit.
Il éclate de rire.
Je crois que c'est le plus beau son que j'ai jamais entendu.

- Bon. Je t'attends en bas pour le petit déjeuner.

La rapidité avec laquelle il a repris son sérieux m'en bouche un coin.
Il sort, me laissant seule dans cette chambre qui n'est pas la mienne.

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