9. Les eaux glacées

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"Les rêves sont des fenêtres sur notre subconscient, des visions du passé et du futur."

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I

Pour Remus, cette première semaine de cours permit l'installation d'une routine agréable et sans accrocs. Si pour nombre de sorciers cela aurait semblé être une véritable torture, cette vie simple et bien rangée convenait tout à fait à un Loup-Garou.

Fort heureusement pour lui, les effets secondaires de la potion Tue-Loup ne s'étaient pas éternisés. Il se levait tôt, absorbant le breuvage magique uniquement lorsqu'il était bien installé dans son lit, afin de prévenir toute chute.

Bien que les nouvelles prises de la potion se soient soldées par des sensations de vertige tourbillonnant et des oreilles sifflantes, Remus avait fini par ne ressentir qu'une vague impression de malaise au contact du Tue-Loup..

Severus et lui ne s'étaient plus croisés depuis l'incident dans la salle de défense contre les forces du mal. Comme un charognard, il restait à distance, se contentant de déposer chaque soir le petit flacon de cristal au pied de sa porte. S'il lui arrivait de croiser son regard, il le fuyait toujours. Etait-ce à cause de la marque ? Etait-ce parce qu'il le soupçonnait de faire équipe avec Black ? Remus n'en avait aucune idée.

Pourtant, son trouble restait bien ancré en lui. Lors de ses insomnies, il pensait parfois au contact glacé des mains du maître des potions contre ses hanches.

Il l'avait rattrapé.

Pis encore, il songeait aussi à la marque qu'il avait entraperçue sur son avant-bras. Cet étendard si sombre, si imprégné de magie noire que sa simple vision glaçait le sang des sorciers au cœur pur.

Pourtant, lui n'avait pas sourcillé. Cette gravure de chair l'avait hypnotisé.

Sirius possédait-il une telle marque ?

Ses frissons nocturnes étaient hantés par la pensée de la marque apposée sur le bras de son ancien amant, marque qui imprégnait sa chair, le corrompant à jamais.

Chaque fois, Remus avait couru en direction de sa baignoire, ouvrant les robinets à la hâte pour laisser une eau glacée calmer ses ardeurs. Pourtant, le froid semblait avoir l'effet totalement inverse ; une serviette autour de la taille, il sortait des bains la peau brûlante, presque fiévreux, le vît fièrement dressé.

Quel détraqué.

Après cinq nuits passées à se torturer, il avait fini par craquer. Il s'était laissé aller au désir qui le tenaillait, couché en travers du lit, entièrement nu. Le dos arqué, il se tenait face à la lune qui s'approchait inexorablement de sa forme finale.

Silencieuse auditrice de ce moment d'abandon, elle l'avait éclairé de sa lueur laiteuse, complice, soulignant les contours de son corps mince et athlétique alors qu'il écartait les cuisses de manière indécente, dévoré par une volupté trop enivrante. Il n'avait trouvé le sommeil que tard, restant étendu dans les draps, le ventre et les cuisses souillées par ses sombres fantasmes.

Le réveil fut brutal. Presque groggy, il but sa potion d'une traite puis se prépara, traînant des pieds jusqu'à la grande salle après s'être habillé à la hâte - il était en retard.

Une fois dans la salle du banquet, il attrapa une tranche de bacon et une paire de toasts beurrés, se focalisant sur la nourriture pour oublier ses égarements de la veille.

— Mauvaise nuit ? Demanda sa sévère collègue Minerva McGonagall en le voyant fixer le fond de son thé avec une intensité maladive.

— On peut dire ça.

Crescent Moon (Wolfstar)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant