Très proches durant leur enfance, la vie a séparée Jimin et Jungkook. Des années plus tard, la vente du chalet de Mamounette "Les Flocons de Neige" leur permet de se retrouver.
Si les Flocons de Neige ont été le théâtre de leur amour enfantin, leur...
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Assis derrière son bureau, Jimin regardait ses élèves plancher sur leur devoir, têtes inclinées sur les copies, regards rivés au plafond dans l'attente d'une miraculeuse inspiration ou lèvres boudeuses mordillant un stylo désespérément stérile. Thème de la dissertation du jour : « Le profane et le sacré dans la danse contemporaine du XXe siècle. » Thème qui, à en croire les soupirs accablés et les raclements de chaussures qui ponctuaient le silence consterné de la salle de cours, n'avait pas l'heur de stimuler l'enthousiasme créateur des élèves de l'Ecole des Arts de Busan...
Jimin reprit son stylo rouge et continua à corriger sans enthousiasme sa pile de copies en retard. Mme Ahn risquait à tout moment de faire irruption dans la classe pour lui demander le relevé des notes, et il se voyait mal lui expliquer qu'il avait passé les vacances de Noël à pleurer comme une fontaine parce qu'il avait quitté l'homme qu'il aimait. Mme Ahn ne comprendrait pas. La seule chose capable d'émouvoir « le dragon » en ce bas monde, c'était la vente de charité annuelle de l'Ecole des Arts, et le chèque trimestriel que lui remettaient les parents d'élèves...
Jimin essaya de fixer son attention sur les pensées profondes qu'avait inspirées à une élève de troisième année « Le rôle de la danse populaire avec un -è dans l'évolution de l'opéra-ballet avec -lais, du XVIIIe siècle. » Peine perdue. Son esprit revenait sans cesse vers Jungkook. Jungkook ému quand il lui disait qu'il l'aimait. Jungkook rieur, Jungkook grave. Jungkook tendre. Jungkook, Jungkook, Jungkook... Jungkook présent dans chacune de ses pensées, dans chacun de ses gestes quotidiens, et en même temps si cruellement absent. Déjà sept jours sans lui. Sept longs jours qui lui avaient paru une éternité. Parviendrait-il un jour à accepter son absence à ses côtés ? A combler le vide qu'il laissait dans sa vie ?
La porte de la classe s'ouvrit brutalement. Madame Ahn entra de sa démarche raide et pressée, dressée sur ses talons, sa robe noire boutonnée jusqu'au menton, son chignon gris tiré en arrière. Jimin se leva d'un bond. Catastrophe... Elle venait lui réclamer les relevés de notes et il n'avait pas corrigé la moitié des copies I
_ Allons, mesdemoiselles, messieurs, levez-vous pour accueillir Madame la Directrice, dit-il à ses élèves d'une voix mal assurée.
Les « demoiselles, messieurs » se levèrent d'un air maussade et dansèrent d'un pied sur l'autre. Le dragon pinça les lèvres et se dirigea droit vers le bureau de Jimin, qui se torturait les méninges pour tenter de trouver une excuse plausible aux quelque soixante-dix copies en mal de correction.
_ Monsieur Park, j'ai deux mots à vous dire en particulier, déclara le dragon de sa voix métallique. Voudriez-vous avoir l'obligeance de m'accompagner quelques instants dans le couloir ?
_ Certainement, acquiesça faiblement Jimin.
Interrompre un cours n'était pas dans les habitudes de Mme Ahn. Il fallait que ce soit pour un motif sérieux. Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire ? Il lissa machinalement son pantalon de costume noir et emboîta le pas à la directrice, non sans tourner un visage sévère vers ses élèves
